"Il y eut des augures. Dans les premiers jours de mai 2203, les informatrices rapportèrent le passage d'un vol de corneilles blanches au-dessus de la Suède. Une série d'incendies inexpliqués détruisit à moitié la Colline Oiseau-Lyre, un des principaux pivots industriels du système. Une pluie de petites pierres rondes s'abbattit sur un camp de travail martien. A Batavia, Directoire de la Fédération des Neufs Planètes, naquit un veau à deux têtes: signe certain qu'un événement d'une incroyable importance se préparait..."
L'histoire :
XXIIIeme siècle, l'organisation mondiale, ou plutôt solaire est gouvernée de manière bien étonnante. La bouteille, le hasard décide par un tirage au sort, à un moment aléatoire, qui sera à la tête du gouvernement du système solaire. Une gigantesque loterie stellaire. Ce qui garantit que le gouverneur (ou Meneur de jeu), s'il est un tyran ou un incompétent ne peut rester aux rênes du pouvoir. D'autant plus que la chance peut tourner à tout moment pour le meneur, lui évitant la peine de se reposer sur ses prérogatives, puisqu'il doit relever un défi, de manière chronique, qui consiste à échapper à un assassin désigné, auquel le gouverneur doit survivre, alors qu'il est entouré de sa garde rapprochée composée de télépathes.
C'est dans ce contexte que Ted Bentley, fraîchement licencié, tente sa chance pour être embauché auprès du meneur, Verrick, qui est aux commandes depuis 10 ans déjà, performance suffisamment rarissime pour figurer dans les annales. Au moment où Bentley prête allégeance à Verrick, il ne sait pas que le poste de meneur vient de passer de Verrick à l'enigmatique Cartwright. Tout est à refaire...
Dick
a le génie de créer des univers dont les différents ingrédients sont les télépathes, les precognitifs, les androïdes etc mais dont la teneur et le mélange est toujours bien différent. Ce qui fait qu'il est capable de nous créer des histoires absolument uniques pour chaque roman.Ici, le gouvernement, ainsi que le vie de tous les jours est régi par le hasard. Pourquoi pas ? On pourrait croire que c'est à des années lumières de notre époque où notre siècle est tres rationel et que la superstition n'a plus la même place que les siècles passés. Mais ce n'est pas si loin de nous dans la mesure où certains représentants de gouvernement vont voir des voyants pour trancher sur tel ou tel décision.
Bref,
Dick
est inclassable et personne ne pourra arriver à égaler voire copier les univers qu'il sait savamment distiller, à notre joie de lecteur.Dick
restera toujoursDick
, c'est à dire un auteur génial.Extraits :
"Le minimax - le jeu M- était une sorte de désistement stoïque, une non-participation au tourbillon sans but au sein duquel luttaient les hommes. Le joueur de M ne s'engageait jamais - il ne risquait rien, ne gagnait rien... et n'était pas submergé. Son but était d'accumuler les chances et de durer plus longtemps que les autres joueurs. Le joueur de M attendait tranquillement la fin de la partie; il n'y avait rien d'autre à espérer."
"Bien plus tard, il s'éveilla. Un froid mortel règnait dans la chambre. Nul son , nulle vie. Il se leva, raide, hagard, l'esprit brisé en fragments confus[...]Des silhouettes étaient allongées çà et là, entre des couvertures et des vêtements entassés.[...]Un homme s'agitait dans son sommeil, sur le point de se réveiller. Un autre gémit et tatonna pour ramener les couvertures sur lui. Son pied réduisit un verre en éclat et une petite mare d'un liquide noirâtre se forma. Un autre visage familier... un homme, brun, aux traits agréables...
C'était son propre visage !"