Conseil de lecture SF ou Fantasy ?

		Citation : Un cran ? C'est dur pour Matheson,

Oui, tu as raison, le second est très nettement au dessus.

		Citation : Je ne conseillerais même pas ce dernier à des novices en la matière, ce serait dénigrer l'intelligentsia de la SF

Pas d'accord. On a affaire ici à un novice qui, peut être des "voyage dans le temps" n'en a entrevu que des variations strictement cinématographiques. "Quinze minutes" est peut être effectivement nul (oui), mais ce peut être son premier pas conduisant à d'autres plus intéressants. Et, de plus, c'est son choix et celà entrait dans le cadre dans ce que je proposais plus haut.
Maintenant, ce que j'en dis..!
On peut retomber, Fthagh, dans le piège des oeuvres ensencées par les uns et discréditées bec et ongles par les autres, à toi de voir..!

En reformulant de manière différente: PicPic, via "Quinze minutes" semble intéressé par le voyage dans le temps, débutant il y trouvera sa vie et s'il désire approfondir le sujet il trouvera "Le jeune homme la mort et le temps".

Ce qui me fait peur avec les conseils à donner à un novice, c'est de rater sa cible en voulant trop bien faire. Exemple: PicPic, semble attiré (ce n'est qu'une hypothèse) par "L'être-à-part-au-trajet-initiatique". Certains conseilleurs vont cibler "Radix" en fonction de leurs propres critères d'appréciation et tomber dans la polémique du "C'est de la daube" des détracteurs estomaqués d'un tel choix honteux VS "C'est génial" de quelques autres. PicPic, dubitatif, ira rendre visite à un autre sous-genre..!

Le problème n'est pas là en réalité, je dénigre Quinze Minutes en premier lieu parce que ce livre n'est pas le seul abordable par un novice, et qui traite pourtant du voyage dans le temps. Je ne conseillerais pas non plus celui de Matheson, qui risque d'en rebuter plus d'un, et qui, finalement, n'est pas une bonne introduction au genre.

Je pense qu'il est important, dans le conseil d'un ouvrage, de cibler une œuvre générale mais néanmoins ouverte au plus de concepts possibles, dans le cadre de Quinze Minutes, un épisode de série télé pourrait parfaitement faire l'affaire. Le but principal d'une œuvre d'introduction, est d'introduire, donner l'envie d'en savoir plus, s'attaquer à un bouquin pareil, c'est se fermer à d'autres possibilités. Pour ne citer qu'eux, "Le voyageur Imprudent" de Barjavel (et pourtant je n'aime pas cet auteur) offre plus de visions, "La fin de L'éternité" d'Asimov est également un bouquin facile d'accès et plus profond.
Il y a une certaine forme de remise en cause, d'ébranlement, que l'on doit aborder, c'est un peu comme introduire une personne à la peinture en lui offrant une toile à colorier, où les dessins sont déjà tracés, comment sortir de ces lignes après ?

Je parle principalement en connaissance de cause, j'ai été largement conseillé dans des livres plus ou moins bons par mon père (qui est une bonne encyclopédie de la old SF) et je me suis, bien malgré moi, enchaîné dans des normes qui m'ont empêchées pendant des années de voir au delà. Certains livres m'ont entrainé dans des sujets bateau, car ils étaient mauvais, et c'est un malheur que je ne souhaite pas à un aspirant (en même temps on peut se poser la question suivante : L'erreur de lecture est-elle bénéfique pour la découverte d'un genre ?).

Voilà, le débat devient intéressant.

On cherche un roman typé "Voyage dans le temps" abordable. Effectivement les Barjavel et Asimov cités par tes soins conviennent. Mais PicPic nous déterre un "Quinze minutes" innatendu.
Je me dis après tout pourquoi pas: on y trouve la base transtemporelle sous une forme pas trop moche, même si l'exhaustivité du concept n'y est pas présent, même si ses 250 pages semblent plus digne d'une série TV que d'un bon roman actuel .
Le livre a l'air de lui plaire: qu'il y aille. Mais nous l'aurons prévénu: sur le marché, il y a mieux. Libre à lui de poursuivre plus avant après. Et "Quinze minutes" lui donnera envie de voir ailleurs.

C'est ici, Fhtagn, que nos avis divergent. Je me contente de ce que PicPic se choisit. Tout en me félicitant que nos avis divergents lui laisseront en arrière plan l'idée que quelquepart vit des romans plus enthousiasmants sur le thème.

Tu évoques ton papa dans la suite de ton propos qui semble par ses conseils avoir quelque peu cadenassé tes choix dans des carcans que tu sembles avoir peine à dépasser. Nous ne sommes pas les pères de PicPic et lui laissons faire ses choix: que demander de mieux ? Il va se construire, peut être, son propre ittinéraire, constitué d'erreurs et de coups de coeur. Le conseiller derrière nos propres oeillères n'y changera rien, il apposera ses propres filtres sur l'extrème variété de nos conseils.

L'erreur de lecture est-elle bénéfique pour la découverte d'un genre ?).
Oui et non !
Non si elle débouche sur un rejet de tout ce qu'il y a autour: la SF en général. Non, si maintenant prévenu comme il l'est, PicPic cherche sur un sous-genre donné un autre angle de vision que celui conseillé.
J'avais cité plus haut Peter Randa comme auteur à l'aveugle choisi durant mon adolescence naissante comme vecteur d'entrée en SF. C'était une erreur. Et bien je suis toujours là, loin de tout ce que véhiculait le bonhomme

Anecdote. Cà fait 40 ans que je tiens un listing écrit de tout ce que je lis. Avec en sus un sur-listing regroupant mon best of best of best of SF. Dans ses toutes premières pages on y trouve un "Bulles d'univers" de Paul Bera en FNA. Maintenant çà me fait presque honte. Mais à l'époque je devais être fier comme tout.
Et puis après tout, l'essentiel est le bonheur du moment.

En somme, il existe non seulement ce qui plait aux uns et pas aux autres; mais aussi ce qui nous plaisait et ce qui nous enchante maintenant. On est ici, encore et encore dans le trip de l'instant. Alors PicPic, l'important, c'est toi.

		Jekub : C'est vrai qu'on oublie ce petit plaisir que celui de chercher, au petit bonheur la chance (ou la guigne), un livre inconnu, et de le lire sans connaître d'avis sur celui ci. Exploration en territoires vierges, le plaisir de la pure découverte : )

J'ai souvent repensé à cela, cette année.
A force de lire critiques et commentaires, et en décelant affinités et divergences de goûts avec tel ou tel critique/chroniqueur/forumeur, sur tel ou tel genre/thème/style, j'ai fini par limiter très sérieusement les mauvaises surprises de lecture :)
Il y a, malheureusement un effet pervers : je ne me souviens plus de la dernière fois où j'ai éprouvé une vraie bonne surprise en lisant un livre :(
Je vais certainement modifier, petit à petit, mes habitudes d'achats... Je rencontrerai fatalement nombres de vilains bouquins mais qu'importe ! Qui ne risque rien n'a rien, le jeu en vaut la chandelle, et autres expressions consacrées..! ;-]

(Je lirai tout autant qu'hier vos critiques, avis et commentaires, hein : je n'ai certainement pas envie de me priver du plaisir de la discussion :-p)

(Et les bibliothèques, je conseille vivement.
De celle de ma commune, j'ai vite fait le tour du rayon SF/fantastique, hélas)

		lurulu : Serions-nous passés à côté de perles ou au contraire aurions-nous découvert d'autres perles ?

Les deux, bien sûr!

(des perles, on en rate, tous les jours; et on serait lecteurs à plein temps qu'on en raterait pas moins. Autant essayer de rattrapper l'horizon ;-)

		Citation : morca : Personnellement, je trouve que seule la dernière assertion est vraiment inquiétante... lurulu : J'essayais juste de soulever une réflexion...

La dernière interrogation de ton message, lurulu ?
"Et si ma tante en avait et qu'elle était mon oncle ?" ;-]

		Fhtagn : Je ne conseillerais même pas ce dernier à des novices en la matière, ce serait dénigrer l'intelligentsia de la SF, qui réserve des voyages bien plus fabuleux.

J'ai du mal à comprendre cette expression (et son emploi)... Pourrais-tu préciser ?

		Fhtagn : L'erreur de lecture est-elle bénéfique pour la découverte d'un genre ?

Pour la découverte d'un genre, je ne sais pas; pour l'expérience du lecteur, sans aucun doute!

("Car n'oublions qu'un lecteur se construit autant par ce qu'il a lu et aimé, que par ce qu'il a lu et pas aimé (Olivier - p2))

		lacroute : Il va se construire, peut être, son propre ittinéraire, constitué d'erreurs et de coups de coeur.

+1, donc.

		Citation : J'ai du mal à comprendre cette expression (et son emploi)... Pourrais-tu préciser ?

J'aimerais éviter de paraître élitiste, mais il y a des auteurs, et des œuvres, qui font partie d'une sphère où on a plus de chance de trouver de la bonne matière que d'autres. Après tout dépend des goûts bien entendu, quand je parle d'Intelligensia, il faut y comprendre le groupe d'écrivains qui sont aimés par la plupart des lecteurs, attention, pas les plus connus néanmoins (Glen Cook par exemple est adulé par les amateurs, sans pour autant être reconnu dans la Fantasy, il est même plutôt marginal). Pour ce qui est d'un conseil, je me tournerais toujours vers une valeur considérée, dans la plupart des cas, comme sûre.

Pour ma part, j'essaye le plus possible de faire coïncider les critiques, et la découverte, étant un gros acheteur de bouquins, j'essaye d'équilibrer les livres qui m'ont été conseillés avec ceux qui sont guidés par mon instinct (environs 2 tiers chroniqués, et le dernier choisi sur le tas). Cela permet une plus grande largesse de manœuvre, et les mauvaises surprises sont carrément restreintes (par exemple, le jour où j'ai acheté Days de Lovegrove, que je n'ai pas aimé, heureusement que mes achats instinctifs se sont arrêtés à celui là, qu'aurais-je pu prendre d'autre ?).

		Citation : Pour ce qui est d'un conseil, je me tournerais toujours vers une valeur considérée, dans la plupart des cas, comme sûre.

Oui, celà a le principal mérite de cibler au plus près du centre de la cible. Mais en contre-partie, si en terme de valeur-roman tu ne prends pas de gros risques, en termes de valeur-auteur cela implique un gros gadin potentiel: celui de discréditer la totalité de l'oeuvre d'un auteur majeur au seul vu d'un mauvais choix premier. Imagines les dégats chez les prolifiques Dick ou Silverberg. Tout un pan de la SF s'envole aux yeux du novice. Pour le coup l'élite en prend un sacré coup. Potentiellement contreproductiviste au possible. Ciblant "Quinze minutes", le risque est moindre: premier roman paru en France (dixit le 4 de couv) pour Charles Dickinson.

On a pas le cul sorti des ronces, quelle que soit la direction on a la miche en direct avec l'ortie. Fichu thème, hein..!

Finalement pour moi c'est assez simple, quand je conseille un auteur à quelqu'un, je considère que la personne est assez intelligente pour lire plusieurs ouvrages d'un écrivain, avant de me donner son opinion sur celui-ci. Après, personnellement si je tombe sur un con, qui va lire un bouquin de Dick, ne va pas aimer, et va mettre dans le panier des navets tout l'ensemble de son œuvre, qu'est-ce que je m'en fiche ? Et puis, que puis-je y faire ? Je part du principe que l'aspirant à l'esprit ouvert, et critique, s'il fait un coup pareil, c'est lui même qu'il punit, moi je le connais Dick, j'ai mon propre ressenti sur la question.

Là où ça fait mal, néanmoins, c'est quand l'individu s'est tapé l'ensemble d'une bibliothèque, et donne un avis négatif, pire encore, argumenté ! C'est quelque chose qui défonce un peu l'égo, mais on s'en remet, hein ?

Ce n'est pas une question d'esprit d'ouverture, demander un conseil de lecture en est une preuve. C'est une question de déception étendue à l'ensemble d'une oeuvre, au seul regard d'un roman d'un auteur MAJEUR qui AURAIT DU convenir et qui ne remplit pas sa fonction: plaire au destinataire. Il y a des tonnes et des tonnes d'auteurs à lire, à ESSAYER (une seule vie n'y suffit pas), les autres c'est de l'intelligentzia en attente, qu'aller voir ailleurs est plus tentant qu'offrir une seconde chance à un auteur qui a déçu, même si à tord.

Ps: Lire tout Dick ou tout Silverberg, juste pour dire: "non j'aime pas", je n'y crois pas; le mec me semblerait plutôt addict malgré ses démentis.

Ce thread soulève une autre piste de réflexion, celui de la "Trouvaille" qui fait éblouir le regard.
Le Net tue le phénomène et c'est bien dommage. Une envie soudaine de lire tel ou tel vieux roman et le Web te passe tes caprices en deux coups de clic. Un coup d'Ebay, d'Amazon et le tour est joué.
Avant, le bouquiniste du coin de la rue était un gros point d'interrogation à lui tout seul. Dans un recoin poussièreux de son antre, des trucs en attente il en avait toujours. Mais lesquels ?