Ces suites à ne pas lire...

De toute façon la SF a déjà des soucis à se faire, notamment à cause de la fantasy (j'aime la fantasy, mais là il y en a trop) qui tue le marché de l'imaginaire. Et dans la fantasy l'on trouve principalement des séries ou cycles. Comme on a pu le voir les cycles ce n'est pas nouveau, mais essayer d'appliquer une recette dans un genre à un autre genre, n'est pas forcèment le meilleur moyen d'envisager l'avenir.

Sinon, pour lutter contre cette quantité envahissante, il faut faire de la qualité, et hélas, cette dernière passe inaperçu dans l'ensemble de la production. Il n'y a qu'à voir l'inflation du nombre de sorties en littérature de genre, on commence à s'y perdre. Augmenter encore la quantité de l'offre est un suicide au niveau finalité, mais ça permet tout de même de voir émerger de nouveaux auteurs ou des titres sortant de l'ordinaire, la rentabilité des uns permettant la prise de risques.

Raison tu as Rising Sun.
Et en facteur surajouté, un paramètre non encore pris en compte, le prix; souvent redhibitoire en neuf, il fait reculer le lecteur. Il ne prendra pas de risques ou peu face à l'inconnu.

Etonnant paradoxe: le lecteur usera ses culottes à entasser des mètres et des métres linéaires d'un bon gros cycle rassurant et mégotera sur un one-shot à risques qui pourrait lui servir de signet dans la masse du premier.

Idée désespérante dans la lignée de ton évocation de l'hélas omniprésente fantasy, risin Sun:

Si un jour vous entendez, posée sur le tympan, à la place de la traditionnelle phrase: "Vous lisez de la SF. J'adore les martiens et les fusées" l'amalgame suivant: "Vous lisez de la SF, j'aime les elfes, les nains et les magiciens": la SF sera au plus mal..!

Vachement intéressant tout ce qui est dit. Et inquiétant...

R.Hobb, JK Rowling, Terry Pratchett ...
Ce sont des auteurs qui sont très très achetés grâce à leur cycle.
Ce sont des auteurs contemporains, on peut donc espérer que ce soit juste une phase...
Les éditeurs mercantiles face aux succès mérités de certains auteurs, espèrent à leur tour tomber sur un écrivain à cycle qui leur assure des ventes.

Ils reproduisent, à seul fin de génèrer de l'argent et survivre... c'est un peu le symptome de tous les entertainment.

On prévilégie les choses rentables, tout se plagie, tout se transforme, au détriment de la qualité. Evidemment noyé dans la masse, le lecteur, et surtout les nouveaux lecteurs, tout simplement, ne verront pas le dupe.
Les éditeurs (et, les auteurs, malgré eux) baissent le niveau d'exigence.

Finalement, les lecteurs se lasseront p-ê, de ces longues séries Fantasy... mais p-ê un peu trop tard, on aura alors déjà laissé passer les auteurs de nouvelles, et de romans SF qui auraient mérité d'être un peu plus à l'affiche.

A propos du cycle du Monde du Fleuve, résumé des avis:

		Sandrine : j'ai du le lire en entier, mais je ne me souviens même plus de la fin, c'est dire si cela m'avait passionnée. Le principe de la course vers la tour étalé sur plusieurs livres finit par lasser. Autant regarder le téléfilm (pilote d'une série avortée) ou carrément lire les nouvelles par d'autres auteurs autour du cycle qui sont alors de l'aventure pure.

		Touko : J'avais bien aimé le cycle du monde du fleuve, pas trop de perte de qualité il me semble, sauf pour le dernier tome, un ton en dessous.

		RisingSun : Pour le cycle de Farmer, dans mon souvenir forcèment lointain, il me semblait que les deux premiers tomes fonctionnaient pas mal, ensuite ça tournait un peu trop au tirage de ligne. Bon, c'est Farmer qui tire à la ligne, donc c'est quand même pas mal foutu, mais ça revient à étaler pour faire du volume.

J'irai donc au moins voir le tome 2. Je prends le risque d'aimer et de ne pas décrocher, avant d'être convaincu de m'ennuyer.

Les auteurs sont peut-être (comme nous), contents de retouver les personnages et les décors qu'ils ont imaginé, le temps d'un livre. Ils se sentent un peu Dieu, ils maitrisent leur monde au bout du stylo.
Et Dieu sait qu'Il aime jouer les prolongations avec ces humains...

		Citation : Les auteurs sont peut-être (comme nous), contents de retouver les personnages et les décors qu'ils ont imaginé, le temps d'un livre. Ils se sentent un peu Dieu, ils maitrisent leur monde au bout du stylo. Et Dieu sait qu'Il aime jouer les prolongations avec ces humains...

Tout à fait d'accord, d'autant plus que nombres d'auteurs laissent entendre que les personnages s'animent d'eux-mêmes au bout d'un moment, et ont une "vie propre". L'auteur avec des personnages récurrents a tendance à connaître leurs petits travers et leurs réactions, une sensation qui je pense ne peut-être connue que des écrivains.

il se peut aussi que l'inflation des cycles et séries soit du au fait que les genres à la mode en ce moment, le NSO et la BCF sont structurellement portés sur la longueur au sens où, pour atteidre leur pleine efficacité, ils doivent se déployer sur un espace fictif important.
L'anthologie The new space opera est assez révélatrice puisque, malgré son titre, le fait qu'elle ne contienne que des nouvelles rend l'appartenance au NSO pas évidente (même si c'est indicutablement de la bonne SF).

On peut aussi supposer que le lecteur actuel optimise peut-être plus de nos jours son investissement intellectuel dans un(des) texte(s), d'où le choix de se replonger dans un univers connus plutôt que d'avoir à faire à chaque lecture l'apprentissage d'un nouvel univers (pour parler riche, c'est le cout d'acquisition de la xéno-encyclopédie qui est moindre dans le cas d'une série/un cycle).

Je vois que certains lisent Irène Langlet ? :)

		Citation : Je vois que certains lisent Irène Langlet ? :)

sans vouloir trop critiquer cette dame (que je ne connais point), ces idées là viennent de Saint-Gelais plutôt que d'elle (on les trouve dans L'empire du pseudo Modernités de la science-fiction, un ouvrage de 1999).

Sandrine

		Citation : On peut aussi supposer que le lecteur actuel optimise peut-être plus de nos jours son investissement intellectuel dans un(des) texte(s), d'où le choix de se replonger dans un univers connus plutôt que d'avoir à faire à chaque lecture l'apprentissage d'un nouvel univers

Feignants de lecteurs..! MDR
J'observe néanmoins qu'une certaine bilatéralité du même propos est tout aussi possible. A savoir que l'auteur peut aussi se satisfaire de réintégrer moelleusement des personnages, des thèmes et des situations connus. (là, BDN, je suis en désaccord avec toi. Même si je te le concède certaines prennent leurs pieds à retrouver leur petit monde)
Basta..!
Si tout un chacun y trouve son compte, de quoi j'me mêle..?
N'empêche: la SF y perd des neurones, de la crédibilité, la possibilité de se renouveller, d'innover en se centrant au trop près du cycle cannibale.

Merci, Bouquet de Nerfs, d'avoir laché l'amorce d'un thread aussi passionnant

Ps:

		Citation : pour parler riche, c'est le cout d'acquisition de la xéno-encyclopédie qui est moindre dans le cas d'une série/un cycle

Tout à fait palpable tout autant que négociable dans la crypto auto-détermination informatico-foetale aisément accessible aux coefficients masticatoires et jubilatoires du zigoamtique latéroposterieur droit. (énorme-smiley-sourire-hein-faut-pas-prendre-la-mouche)