SF SF encore et toujours...

zigoura:

		Citation : Pourquoi suis-je alors resté relativement fidèle à la BD et au cinéma ? Parce que cela m'apporte parfois des images qui peuvent continuer à me fasciner, tout comme quand je regarde des photographies de galaxies et de nébuleuses dans un livre ou une revue d'astronomie ; sans doute également par réminiscence proustienne : j'éprouve peut-être une nostalgie pour cette période où j'avais l'impression, fallacieuse, de découvrir dans la SF et le fantastique de pseudo grands secrets que j'espérais tant ;

Compte tenu de ce que tu racontes, tu as aimé la SF fin des années 60, grande époque de Fiction, Galaxie, où l'on découvrait la SF des années 40 et 50 américaines.
C'était pour la plupart du temps une SF créative, qui explorait des terres vierges, qui posait des questions simples mais efficace sur le progrès, les robots, les extraterrestres, les mutants.
Malgré la guerre froide, elle était positive, elle appelait au rêve. Elle nous projetait dans un monde où nous aurions aimé aller.

La SF d'aujourd'hui est souvent verbieuse, gore, violente, noire, punk, elle ne donne pas à rêver, elle ne nous donne aucune envie de vivre ses aventures.

Il suffit d'aller à la FNAC pour voir ce qu'est devenu le rayon de SF: bouffé au 3/4 par la Fantasy, heroic ou space.

Les récits de l'époque étaient courts, percutants, aujourd'hui impossible de sortir avec un bouquin de moins de 500 g.

Et puis, soyons clairs: le discours de Kennedy, le transistor, les greffes du coeur, 2001 l'odyssée, ça avait une autre gueule que Copenhague, ca refletait un avenir qui faisait rêver nos 18 ans ( moi, en 69 j'étais absolument certain que j'irai sur la Lune un jour dans une navette de la Panam)

Aujourd'hui il suffit de regarder la production SF, essayer de donner au moins 10 titres qui peuvent faire rêver un jeune!

Il était un temps où je ne sortais pas d'un libraire sans un ou deux livres de SF, aujourd'hui ça n'arrive pratiquement plus. J'en reviens à lire les vieux Van Vogt!

Merci Zigoura pour ton témoignage d'une grande sincérité. Tu sembles à la fois fidèle à ton adolescence en continuant de t'interroger, par d'autres moyens, sur les grandes questions qui t'inquiétaient, et en même temps on a l'impression que tu renies ton passé de lecteur de SF, et que tu reproches à la SF de t'avoir trompé par des effets faciles. Je me retrouve pas mal dans ton témoignage. Moi aussi j'aime beaucoup la littérature classique et moderne. Moi aussi j'ai l'impression en lisant de la SF de voler du temps à des auteurs non SF qui méritent sans doute d'être lus. Moi aussi j'ai laissé tombé la SF à la fin de l'adolescence. Sauf que moi, j'y suis revenu. Et souvent aujourd'hui, à la lecture de récits de SF actuels (je lis en quasi-temps réel (c'est à dire sans passer par les mécanismes de la traduction) les publi américaines et anglaises, soit en revues soit en anthologies), je me dis : tout de même, il n'y a pas de genre littéraire plus inventif, plus vertigineux, plus impertinent que la SF.

VDA dit : "Ne pas avoir envie de mourir idiot n'induit pas la lecture (sous quelque forme que ce soit), "

Peut-être mais comment ne pas mourir idiot sans jamais n'avoir rien lu de sa vie ?

		aryseldon : Compte tenu de ce que tu racontes, tu as aimé la SF fin des années 60, grande époque de Fiction, Galaxie, où l'on découvrait la SF des années 40 et 50 américaines. C'était pour la plupart du temps une SF créative, qui explorait des terres vierges, qui posait des questions simples mais efficace sur le progrès, les robots, les extraterrestres, les mutants. Malgré la guerre froide, elle était positive, elle appelait au rêve. Elle nous projetait dans un monde où nous aurions aimé aller. La SF d'aujourd'hui est souvent verbieuse, gore, violente, noire, punk, elle ne donne pas à rêver, elle ne nous donne aucune envie de vivre ses aventures. Il suffit d'aller à la FNAC pour voir ce qu'est devenu le rayon de SF: bouffé au 3/4 par la Fantasy, heroic ou space. Les récits de l'époque étaient courts, percutants, aujourd'hui impossible de sortir avec un bouquin de moins de 500 g. Et puis, soyons clairs: le discours de Kennedy, le transistor, les greffes du coeur, 2001 l'odyssée, ça avait une autre gueule que Copenhague, ca refletait un avenir qui faisait rêver nos 18 ans ( moi, en 69 j'étais absolument certain que j'irai sur la Lune un jour dans une navette de la Panam) Aujourd'hui il suffit de regarder la production SF donner moins 10 titres qui peuvent faire rêver un jeune! Il était un temps où je ne sortait pas d'un libraire sans un ou deux livres de SF, aujourd'hui ça n'arrive pratiquement plus. J'en reviens à lire les vieux Van Vogt!

Dans mes bras !!!

Tu exprimes avec tes mots à toi ce que j'ai déjà écrit et plus ou moins développé sur plusieurs forums...

		Zigoura : Ce que je lis ? De la vulgarisation scientifique, des revues : La Recherche, Pour la Science, Science et Avenir, Science et Vie, Ciel et espace ; de la philo, de la psycho : Philosophie Magazine, Sciences Humaines, Cerveau & Psycho.

Là aussi je comprends +++ le sous-entendu.

Zigoura, si tu peux essaye de lire directement Nature et Science. Vertige et "sens of wonder" assuré.
PNAS aussi parfois. Et certains articles de PLoS One.

Mais cela n'exclue pas d'apprécier certains livres actuels.

Essaye par exemple Le Décronologue de Beauverger

Tiens, ma longue réponse n'a pas été validée... Je vais donc en faire une plus condensée.

Je suis très décontenancé par la façon de certains d'aborder la lecture. Pourquoi chercher une justification au fait de lire en général, et de la SF en particulier? Si on lit, il me semble que c'est d'abord par pur plaisir (je n'inclus pas là dedans ceux qui ont une obligation professionnelle de lecture). Ensuite, que ce plaisir vienne de l'histoire en elle-même ou des réflexions qu'elle peut occasionner, peu importe. Le plaisir avant tout !!

Dans mon cas, mes lectures sont composées en majorité de fictions. En premier lieu littératures de l'imaginaire comme on les appelle, mais pas seulement. Je lis avant tout ce qui me plait, m'interpelle ou m'intrigue à un moment donné. Et je regrette beaucoup pour tous ceux qui avancent souvent cet argument, mais mes lectures ne me font pas rêver, et je ne crois pas non plus qu'il soit du ressort des auteurs de prévoir l'avenir. (Ce thème à lui seul vaudrait une discussion).

Le reste du temps, je lis des essais sur des thèmes divers et variés qui englobent beaucoup de domaines. Sauf la politique, la religion et le "people" qui ne m'intéressent pas. Je crois que c'est surtout grâce à mes lectures "peu sérieuses" que je me suis intéressé à des choses "sérieuses", une question en entrainant une autre ...
Et tout ça pour quoi au final ? Peut-être parce que je crois que ce que je lis m'aide à mieux appréhender le monde , et à ne pas foncer tête baissée dans la "pensée unique" qui se cache insidieusement autour de nous.

Lobo dit : « La littérature depuis, disons Flaubert, s'est émancipée de toutes fonctions dénonciatrices ou philosophiques pour devenir littérature pure (le roman sur rien de Flaubert). Or, la SF continue de "faire réfléchir" (c'est en tout cas une de ses fonctions, pas la seule heureusement). C'est une des raisons de sa disqualification. »

Donc une des raisons du désamour de la SF par la majorité d’entres nous serait que les gens n’ont plus envie de « se faire réfléchir » (de se forcer à réfléchir, de se faire violence intellectuellement), mais ont seulement envie de se détendre avec un bon roman sur « rien ». L’expression est excellente et reflète exactement l’effet que me fait un roman « sur rien » : du vide ! Un roman sur rien ne m’apprend rien : donc pourquoi le lire alors qu’il existe des centaines de chef d’œuvre (une sorte de bibliothèque idéale qui construit la pensée).

Aryseldon dit : « Aujourd'hui il suffit de regarder la production SF, essayer de donner au moins 10 titres qui peuvent faire rêver un jeune! »

Oui sûrement mais la question est : qu’est-ce qui fait rêver un jeune aujourd’hui ? Pas grand-chose à mon avis…

Rising sun dit : « Je suis très décontenancé par la façon de certains d'aborder la lecture. Pourquoi chercher une justification au fait de lire en général, et de la SF en particulier? Si on lit, il me semble que c'est d'abord par pur plaisir (je n'inclus pas là dedans ceux qui ont une obligation professionnelle de lecture). Ensuite, que ce plaisir vienne de l'histoire en elle-même ou des réflexions qu'elle peut occasionner, peu importe. Le plaisir avant tout !! »

D’accord on lit par pur plaisir mais au-delà du plaisir, il y a le fait de se faire violence et justement d’aller chercher un probable plaisir là où on ne le soupçonnait pas. Avant je lisais exactement ce qui me faisait plaisir, avec l’âge j’essaie d’aller aussi vers des livres qui me prennent un peu la tête mais le plaisir que j’y prends vient de la fierté d’avoir compris (ou cru comprendre malheureusement mais enfin bon….) la pensée d’un philosophe, un écrivain, un scientifique.

		Citation : Donc une des raisons du désamour de la SF par la majorité d’entres nous serait que les gens n’ont plus envie de « se faire réfléchir » (de se forcer à réfléchir, de se faire violence intellectuellement), mais ont seulement envie de se détendre avec un bon roman sur « rien ».

Portenawak. Flaubert, auteur de bons petits roman pour se détendre. star6 tu ne comprends rien à rien. Je renonce.

Le punk, le gore, le noir, je trouve ça très distrayant. (je laisse le verbiage aux amateurs)
Dans une perspective ironique ou dramatique évidemment. C'est mon côté misanthrope.
Mais parfois, j'avoue qu'un récit simple (simpliste ?), candide, naïf, promettant un avenir radieux, ça me fait comme une pause.
Pour revenir à l'objet du fil, je ne lis bien sûr pas que de la SF (ce serait triste). Je suis plutôt du genre compulsif avec des affinités pour certains sujets qui sont conformes à mes centres d'intérêt. Toutefois, j'aime bien parfois me laisser surprendre.
Par ailleurs, j'apprécie la bière, le bon vin, les conversations oiseuses, les "pipoles", le "nawak", j'admire la générosité dont peut faire montre l'humanité et me désole souvent de sa médiocrité.
Bref, c'est la vie.
Allez, trêve des confiseurs.
Joyeux Noël !
(dire que je déteste cette période est un euphémisme)

Lobo dit : " star6 tu ne comprends rien à rien. Je renonce."

Désolé Lobo.