Un véritable instrument qui aurait mérité d'être "de SF", c'est le "
simeon". En fait, c'est quasiment le seul instrument (avec le
théramine) réellement science-fictif, en ce sens que le son obtenu est précurseur.
Je m'explique :
En 1968, un groupe de New York baptisé les
Silver Apples sort deux disques,
Silver Apples et
Contact. Le groupe en question est composé d'un batteur et d'un joueur de "
simeon" — un instrument électronique composé de neuf oscillateurs avec quatre-vingt six commandes. On en joue avec les mains, les pieds, les genoux, les coudes, etc.
Vous avez compris, le simeon est un monstre musical, une improbable chimère entre l'homme et le synthétiseur, une de ces technologies transitoires qui brillent brièvement avant d'être dépassées par quelque chose de plus pratique ou de moins cher. Curieusement, il est impossible d'en trouver une bonne photo sur le Net. Je n'ai déniché que celle-ci :
Tout barbare et primitif qu'il puisse paraître, le
simeon est riche en possibilités, tout en possédant un son très caractéristique sans doute lié à la manière dont on en joue. Il préfigure en tout cas le son de la new wave des années 80, comme
Ultravox, au point de faire illusion sur certains morceaux. Pour cette raison, j'ai tendance à considérer les
Silver Apples comme un groupe plus "extrapolatoire" qu'expérimental (ce qui est, je pense, également le cas de
Kraftwerk), en ce sens qu'au lieu d'inventer de nouvelles sonorités qui se sont fondues assez vite dans le "son commun", ce pot-pourri où tout le monde se met à piocher, ils ont créé le son (enfin, l'un des sons) de l'avenir. En un sens,
Can a fait quelque chose de semblable quand ils ont pris le parti de mixer la batterie beaucoup plus en avant que cela ne se faisait à l'époque, préfigurant la new wave, voire la techno bien que
Can soit beaucoup moins électronique que
Kraftwerk et les
Silver Apples.