En 2016, que tes avis ciné point ne taise.

Remember d’Atom Egoyan.



Après Captives (film mal-aimé que j’aimais bien malgré ses maladresses) qui abordait le sujet des enlèvements pédophiles, Egoyan traite d’un autre sujet délicat : la traque des derniers criminels nazis.

L’originalité tient cette fois à l’état du héros vengeur : Zev approche les quatre-vingt-dix ans et souffre de la maladie d’Alzheimer (tragiquement, chaque matin, on le voit réapprendre la mort récente de sa femme…)

Suivant les inscriptions manuscrites de son ami en maison de retraite (ex-compagnon de camp à Auschwitz…), il cherche à retrouver, pour l’exécuter, le blockführer responsable du massacre de leurs familles, avant que bourreaux et victimes ne s’éteignent de mort naturelle.

Thriller prenant, à la mise en scène discrète mais soignée, le film doit beaucoup à l’empathie que génère son héros, magnifiquement interprété par Christopher Plummer.

La fin du film recèle un coup de théâtre qui nous fait revoir l’intrigue de vertigineuse façon mais que paradoxalement je ne peux m’empêcher de voir comme une faiblesse, un choix qui ramène le film vers un genre trop codifié.

Du vintage, avec Sunset boulevard de Billy Wilder.
Un regard sur l'envers du monde du cinéma qui rappelle un peu le dernier film des frères Coen. Mais bien sûr, les deux frères ne peuvent rivaliser avec ce film de Wilder, qui signe un chef-d'oeuvre indispensable du film noir et du cinéma tout court. Magistral.

		Olivier révise ses classiques : Sunset boulevard de Billy Wilder. (...) Magistral.

+1

		Olivier compte les jours avant la panne d'ascenseur : J - 1

À J0, les Toulousains devront, comme c’était à craindre, se contenter d’une seule petite salle
(et encore, ils l’ont échappé belle : ce chouette cinéma a failli fermer cet hiver…)

Ben Wheatley :

« Ballard avait vu juste sur un tas de choses : les réseaux sociaux, l’industrialisation des images, l’émergence de Youtube etc. Bref, il avait prédit que la dépendance à la technologie créerait de gros changements dans nos comportements et nos façons de penser comme d’agir. »

« Il défendait l’idée que les gens se comportaient comme des machines et se définissaient par leur travail, qu’ils refusaient d’avoir des liens personnels si ce n’est avec la technologie et les choses matérielles. C’était vrai en 1975. C’est encore plus vrai aujourd’hui. »

Source.

High rise de Ben Wheatley.

À force d’appréciations négatives, c’est avec une confiance toute limitée que j’abordai ce film, n’espérant ne trouver que quelques fulgurances dans un ensemble boiteux, des miettes que j’aurais néanmoins regretté de rater tant il est rare de voir l’œuvre de J. G. Ballard adaptée au cinéma…

Et bien, au final, ça m’aura bien plu.

Un aspect répétitif est souvent dénoncé au sujet de ce film. Il me semble que cet aspect était déjà présent dans le roman mais que d’une certaine façon il en constituait une force ; alors qu’à l’écran c’est le contraire (sans être rédhibitoire pour autant, à mon avis).

Et il y a aussi quelques ajouts ou effets que je jugeai grossiers (soirée costumée, ralentis insistants sur les danseurs, etc.).

Mais, globalement j’ai trouvé plutôt bien rendue l’atmosphère de chaos qui s’empare de l’édifice ; et sous l’exubérance de la mise en scène de Ben Wheatley, c’est avec plaisir que j’entendis, plus d’une fois, percer des accents ballardiens…

J'ai également beaucoup apprécié le film.
Il n'est pas une adaptation littérale, mais tant mieux !
Wheatley y glisse sa patte avec subtilité (le jardin avec le cheval en haut de l'immeuble, qui tranche radicalement avec le cabinet ultra-asseptisé de l'architecte). J'ai également beaucoup aimé sa façon de filmer l'immeuble de l'extérieur, immaculé et magnifiquement éclairé par le soleil, alors qu'à l'intérieur tout s'effondre, à commencer par la civilisation.
J'aime beaucoup ce délabrement progressif, sans que nous ne basculions clairement de la civilisation à la barbarie. Le plan sur les cageots de pêches dans le supermarché est à cet égard magnifique.
Bonne reconstitution également de l'ambiance 70's.
Très bonne bande-son, avec du Portishead.

Et puis surtout, les acteurs sont magistraux, dirigés de main de maître.

Un grand film, vraiment.

		Olivier : Il n'est pas une adaptation littérale, mais tant mieux !

+ 1

Pas littérale, mais néanmoins fidèle aux grandes lignes du récit.

J’ai trouvé cette adaptation très cinématographique, l’histoire se racontant essentiellement par la succession/le montage des images ; et j’apprécie ça
(comme le disait Hitchcock, il est bon de se rappeler que « nous [les réalisateurs] faisons des motion pictures ».)

		Olivier : Très bonne bande-son, avec du Portishead.

Étrange et beau moment que ce S.O.S., comme une parenthèse de mélancolie au cœur de la barbarie.

Un morceau que le groupe souhaite garder collé au film :
“And you won’t hear it anywhere but in the cinema, because they don’t want to release it. They want to make it special for the film,” [Ben Wheatley] laughs. “I love the perversity of it – everyone knows it’s brilliant, everyone’s saying it’s fantastic, and then they just won’t let it go out! It’s great, they don’t care.”

Vu After Earth de M. Night Shyamalan, d’après une histoire de… Will Smith.

Je me souvenais que le film (maladroit dans son scénario, efficace dans sa mise en scène) avait été vertement accueilli par la critique qui l’accusait de propagande scientologue : après ce premier visionnage, je ne comprends pas pourquoi....

Trouvé cet article de Télérama sur le fond scientologue rhédibitoire d’After Earth.

Extrait :
« Tout confirme, en effet, les liens entre le film et l’Eglise de Scientologie, via un de ses serviteurs, Will Smith, non seulement ici acteur mais aussi, plus important, auteur du scénario. La situation qu’il développe autour d’un rapport père-fils oppose, en fait, très clairement un homme fort et un homme faible (quel que soit âge). Autrement dit, dans le langage de la scientologie, un homme qui a maîtrisé ses peurs, ses émotions, ses traumatismes passés et peut assurer sa survie (dans un monde hostile, quel qu’il soit). Face à un homme qui manque d’assurance, victime de ses émotions indésirables, pas au clair avec son mental ni ses souvenirs douloureux, ce qui entraîne une conduite irrationnelle et, bien sûr, un problème de survie (grande obsession des scientologues). Tout ce bla-bla, qui décrit très précisément After Earth, on le trouve sur le site français de la Dianétique, la bible laissée par le pape de la scientologie, Ron Hubbard, par ailleurs écrivain de science-fiction. On y voit aussi le fameux volcan qui sert de symbole à la secte, et de principal décor dans After Earth. »

Outre que le volcan symbole de la Dianétique n’est pas le décor principal du film (mais celui du dernier acte), cette analyse manque un point essentiel du scénario : la teneur des retrouvailles finales des deux héros, qui va à l’encontre d’un message de propagande du surhomme scientologue…


PS : pour une fiction critique à l’égard de la Scientologie, je ne saurais trop recommander l’excellent roman de Norman Spinrad : Les miroirs de l’esprit.