Philip K Dick : l’incontestable ?

		Citation : Pourrais-tu préciser ce point?

Non, pas pour l'instant, ça fait six fois que je recommence j'en ai marre... !

Message inutile, mais je ne voulais pas que tu penses que je ne me suis pas pencher sur la question.

En fait, je me suis TROP penché sur la question...

		morca : Prenons par exemple une nouvelle - je ne sais plus laquelle - anti-avortement. Même si l'idée de base - imaginer qu'on "avorte à retardement", c'est à dire qu'on tue des enfants vers - je sais plus - 8 ans disons, est une idée logique et qui fonctionne, et même si on peut imaginer que cela ait eu - l'avortement - une résonnance particulière dans sa vie tumultueuse - et notamment à cause de la mort de sa soeur jumelle (pure hypothèse) - et peut-être à cause d'une certaine "sensibilté" (question de l'empathie, etc.), il n'empêche que ce positionnement reste - au delà d'un jugement litttéraire - une belle saloperie. Mais autre temps, autre pays, autre "croyance", autres moeurs, cela arrive malgré tout assez rarement. Si ce genre de position était récurrente chez l'auteur, y'a longtemps que je l'aurais mis à la poubelle.

D'après le réalisateur de Confessions d'un Barjo, le film (français) tiré du récit éponyme de Dick, celui-ci serait, paraît-il, parvenu à faire enfermer une de ses compagnes parce qu'elle avait avorté de l'enfant qu'il lui avait fait : à cet effet, Dick se serait servi de l'expérience considérable qu'il avait des psychiatres afin de faire passer sa femme pour folle...

Je ne sais pas dans quelle mesure ce détail aporte du blé à ton moulin, ceci dit

Y’a pas d’lézards, morca

(pas comme dans certain lagon ;-)


En attendant, je vais essayer de préciser ce qui m’interroge dans ta remarque.

Je me demande :
1-Quelles sont ces attentes, particulièrement présentes au-delà du public du genre, que l’œuvre de Dick parviendrait à combler ?
2-En quoi cela poserait-il problème à d’aucuns qu’il y réponde, au point d’en faire une cible privilégiée ?

Hypothèse pour le n°1
Le public hors-genre (celui, dirai-je, qui ne lit pas habituellement de la SF, ce qui n’exclut pas qu’il puisse en lire à quelques occasions)
a) apprécie les thèmes abordées par Dick
b) apprécie sa manière de raconter ses histoires, ses personnages, son style…
c) apprécie ne pas y trouver ce qui l’éloigne d’habitude de la SF (avant lecture –préjugés– ou après lecture –déception-)

a)---> Questionnement sur la réalité, la perception, l’identité, la mémoire, etc
b)--- > ses effets de surprise (des histoires hallu-cinées/-cinantes ? un côté sur-réel/-réaliste ?), des personnages, souvent des classes populaires ou moyennes, d’abord confrontés à des problèmes du quotidien et pas à des enjeux « cosmiques » (plus proches du lecteur, plus « réels » ?)
[sur la question du style : joker ! :-p]
c)---> du moins dans ses textes les plus reconnus : pas de superhéros, de petits hommes verts/gris ou de bug-eyed monsters, de vaisseaux spatiaux à propulsion supraluminique, de robots anthropoïdes à carcasse métallique (préférez les androïdes...) Une SF qui ne convoque pas les images de Buck Rogers, Flash Gordon, Star Wars ou Star Trek (chez Dick, les personnages sont habillés décemment ^^)

		morca : une nouvelle - je ne sais plus laquelle - anti-avortement

Ne serait-ce pas, vu son titre, Les pré-personnes ?

Merde, merde, merde... je me suis encore fait avoir par la limite de temps de session D<
(Non, Kgb, c'est MA faute, je suis au courant, j'aurais du prendre mes précautions...)

Du coup, Jim, je n'en peux plus, je lâche une phrase rapide, après avoir dit que mon propos initial, trop rapide, pouvait laisser supposer une intelligence de propos que je n'ai pas et que je me retrouve à devoir assumer...

La vulgarisation de Dick, avant tout dû au ciné à mon avis, lui fait trouver un public élargi, qui y adhère pour des raisons (attentes) des logiques qui ne sont pas celles du lecteur sf qui lui juge, pèse, compare dans un cadre référent précis, celui de la littérature sf. Cette vulgarisation, cette "réussite" en porte-à-faux est-elle un cas de divorce ?

Voilà. J'ajoute au précepte Franzien : parfois, c'est quand on a parlé qu'on s'aperçoit qu'on avait rien à dire... Mais je ne pouvais pas ne pas tenter de te répondre, Jim. Que veux-tu ! ^^

De Dick, j'ai lu Ubik et Substance mort et je trouve que cet auteur n'a pas de style (je l'ai lu traduit mais quand même), pas de poèsie, on dirait de la philosophie maniérée, histoires trop "tordues". Bref j'adore Dick quand les autres le lisent !

		Citation : De Dick, j'ai lu Ubik et Substance mort et je trouve que cet auteur n'a pas de style (je l'ai lu traduit mais quand même), pas de poèsie, on dirait de la philosophie maniérée, histoires trop "tordues". Bref j'adore Dick quand les autres le lisent !

Que Dick ne soit pas un géant du style, je te le concède, mais il est loin d'être le seul. Que son écriture soit peu (pas) poétique, certes, mais là encore, il n'est pas le seul.
Ce qui me plait chez Dick, c'est son lyrisme, de voir à quel point l'oeuvre reflète les obsessions de l'homme. La personne est dans l'oeuvre et inversement, ce qui en fait un cas un peu à part dans la sf.
Il a aussi su anticiper fort justement certaines réalités, comme dans sa nouvelle Mission d'exploration. Je pense qu'il est certainement un des nouvellistes majeurs de la sf, avec Ballard. Et malheureusement, on néglige cette part de son oeuvre.

+ 1
Faut pas chercher du style chez Dick... J'ai relu Substance mort récemment. Pour moi, c'est pas loin du chef d'oeuvre toute catégorie... Je me demande si c'est pas le roman de lui que je préfère, devant Ubik et le Dieu venu du Centaure. J'ai lu beaucoup d'Américains mainstream, cette année, Auster, DeLillo, Roth, Updike, Bellow, Mac Inerney, Cormack Mac Carthy (et même Douglas Kennedy et Halan Coben)... Je me demande si c'est pas le livre de Dick que j'ai le plus apprécié, SF mise à part... Après Substance mort, j'ai lu les Mondes divergents. Celui là a très mal vielli, je trouve, mais c'est un peu la même trame qu'Ubik... Et cet aprèm, ma bouquiniste préférée vient de me donner (me donner ! il y a des gens qui savent encore cultiver une clientèle) le temps désarticulé, que j'avais lu en anglais il y a très longtemps...Where will be the LGM next ?

Citation : "Ce qui me plait chez Dick, c'est son lyrisme, de voir à quel point l'oeuvre reflète les obsessions de l'homme. La personne est dans l'oeuvre et inversement, ce qui en fait un cas un peu à part dans la sf."

Il me semble que l'auteur est, d'une manière ou d'une autre, et de manière plus ou moins prononcée, toujours dans l'oeuvre non ? D'ailleurs on étudie ça en fac de lettres : c'est l'énonciation et la modalité ou comment repérer les marques de l'auteur et son implication dans l'oeuvre.
Mourir demain ok mais pas mourir idiot : après vous avoir lu, je me dis pourquoi pas lire de nouveau Dick. Je vais me lancer avec une nouvelle prise à la biblio.

		Citation : je me dis pourquoi pas lire de nouveau Dick. Je vais me lancer avec une nouvelle prise à la biblio.

Ouais mais si t'aimes pas les histoires trop "tordues", comme tu dis, ça n'ira jamais (philosophie "maniérée" je vois pas ce que ça veut dire, pour un étudiant en lettres t'es pas très rigoureux dans ton vocabulaire). Si t'as aimé ni Ubik, ni Substance mort, laisse tomber Dick. Non, sincèrement...

		Citation : D'ailleurs on étudie ça en fac de lettres : c'est l'énonciation et la modalité ou comment repérer les marques de l'auteur et son implication dans l'oeuvre.

Putain, tout ce qu'on loupe.