Philip K Dick : l’incontestable ?

Si c'est bien qui je pense, il paraîtrait qu'il n'est pas vraiment mort, en fait...

j'ai mon idée, et si c'est bien de lui dont tu parles je suis complètement d'accord.

Je ne vais quand même pas laisser pourrir ce thread après l'effort louable de Jim !

Donc :

		Citation : Dick a écrit toute sa vie le même roman. A vrai dire, je partage ce point de vue.

Bin, c'est compliqué... Tout dépend comment on voit les choses, de quel point de vue et à quelle distance. Effectivement, il y a des motifs récurrents. En même temps, je me disais. Zut entre Invasion divine et La transmigration y'a quand même plus que de la nuance. V'la t'y pas qu'en ouvrant le Robinson, je vois qu'il écrit que ces livres "pourraient être de différents auteurs tant ils sont différents". Mmmmm...
Je reste songeur...

		Citation : s'agit-il de juger l'oeuvre de Dick ou l'aura dont il se prévaut auprès des cercles prescripteurs ? La problématique n'est pas du tout la même, AMHA.

Certes. Maintenant et encore une fois, juger une oeuvre est une tâche ardue. Remarquer que de nombreux auteurs de tout pays ont trouvé de l'intérêt à une oeuvre permet, si l'on veut, et si l'on donne un peu d'autorité à ces personnes, de ne pas conclure trop rapidement.

"En chacun de nous, sommeille un génie, que, trop préoccupés
à développer nos talents, nous laissons roupiller paisiblement."
Robert Filliou - "génie sans talent".

Je pense qu'il existe plusieurs façons de "juger" l'oeuvre de Dick;

Par la qualité intrasèque de chacun de ses romans, et donc il est evident que l'on se trouve devant un ensemble inégal,un melange de chef d'oeuvres, de semi réussites, d'echecs magnifiques et de banalités.

Par son apport au genre en tant que microcosme ou certaines oeuvres se repondent en echo et participent à l'evolution de la SF dans son ensemble;
La place de Dick comme fossoyeur de clichés de l'age d'or et précurseur d'une nouvelle vague serait alors à analyser.

Enfin par l'appartenance elle même de Dick à la SF et de ce qu'elle en a résultée pour son oeuvre;
En prenant en compte ses premiers romans parus en mainstream, on pourrait essayer de s'interroger sur ce que la SF en tant que genre, avec ses codes et conventions, a pu apporter ou au contraire retirer à l'ensemble de ses oeuvres .
La SF est elle un carcan qui cantonne ses plus brillants representants à se conformer à une tradition conservatrice et codifiée ou permet elle l'expression de la modernité.
Dick ,comme Ballard et même Silverberg ont eu des carrières très dissemblables mais se répondant d'une façon interessante sur ce thème.

Ah, pas mal tourné ça...

		morca : Ce qui semble poser problème pour Dick c'est qu'il semble répondre à des attentes, surtout au-delà du public du genre, et que manifestement, cela fait de lui une cible privilégiée pour ceux pour qui ce n'est pas la tasse de thé.

Pourrais-tu préciser ce point?

		Stephane/lcroute : - Dick : un auteur inégal ? - Oui..! Et pas qu'un peu.

TRES inégal, amha.
Mais cela me paraissait inévitable compte tenu de son volume de production (surproduction?), de sa vie mouvementée et du fait que ses oeuvres majeures frappèrent tant les lecteurs que les mineures ne pouvez que plus jurer, par contraste...

		LeGaidol : Indépendamment de la qualité de son oeuvre, on ne peut pas retirer le fait qu'il a marqué la S-F, au moins en France, et que des auteurs, toute nationalités confondues, reconnaissent lui devoir en partie (ou totalement) leur goût pour la S-F. D'ailleurs, n'est-ce pas surtout pour cela que Dick est incontestable (...) ?

Je répondrai oui. Sans hésitation.

		LeGaidol : Maintenant, s'agit-il ici de juger l'oeuvre de Dick ou l'aura dont il se prévaut auprès des cercles prescripteurs ?

Les deux approches ont leur place ici, je pense. Mais bien les distinguer me paraît important, en effet.
Concernant les prescripteurs de Philip K Dick, j'ai l'impression que, trop souvent, ils ne se préviennent pas assez le néophyte de l'écart considérable de qualité, d'ambition, des ouvrages de l'auteur et que celui qui s'éloignerait vite des titres de références pourrait très décrocher précocèment.

Christopher Priest (extrait d'un long entretien paru dans Bifrost en janvier 2006) :

"Il y a des années que je n'ai pas relu Dick du tout mais je me souviens du Maître du Haut-Château comme de son meilleur roman, le plus intrigant et, de loin, le mieux écrit. D'une manière générale, je dois quand même dire que je me dissocie des médias dans leur adoration tardive de l'oeuvre dickienne. La plupart des romans de Dick sont décousus, désorganisés, brouillons et écrits à toute allure, sans souci de la langue ni des idées. Les derniers sont fous, mais d'une folie obsessionnelle, monotone qui a tendance à décourager le lecteur plutôt qu'à l'engloutir. Dick n'en est pas moins intéressant ni surprenant, parce que dans tout, absolument tout ce qu'il a écrit, il y a une scène ou une idée frappantes. c'est ce dont les lecteurs ont tendance à se souvenir : des fragments minuscules, en oubliant son style bâclé, etc. D'une manière générale, ses nouvelles me paraissent meilleures que ses romans, mais la règle souffre des exceptions ! J'ai relu L'imposteur il y a quelques années, et j'ai été surpris qu'il soit aussi mal écrit."

" Chacun de nous possède une chose qu'il garde et à laquelle il tient plus que tout. la vie n'est qu'un processus d'élimination qui sert à comprendre quelle est cette chose. Parfois, elle ne devient évidente qu'à la dernière minute, au moment où on la perd. Et encore, uniquement si on a de la chance. "

JIM

		Citation : Concernant les prescripteurs de Philip K Dick, j'ai l'impression que, trop souvent, ils ne se préviennent pas assez le néophyte de l'écart considérable de qualité, d'ambition, des ouvrages de l'auteur et que celui qui s'éloignerait vite des titres de références pourrait très décrocher précocèment.

C'est le cas de tous les surproducteurs référents du genre. Pelot (Alors que 6 de ses romans environ et seulement valent vraiment le détour) par exemple.

Pour ma part je ne remettrai jamais de la lecture d'UBIK, une merveille que je compte bien relire bientôt. Autrement, c'est sûr que les écrits de cet écrivains sont inégaux. Et on édite des oeuvres qui auraient peut-être du rester dans l'oubli... mais quand même, c'est du lourd !
Mais je puis tout à fait comprendre ceux qui n'arrivent pas à rentrer dans son univers si particulier. C'est un auteur atypique.
J'ai lu récemment (il n'est jamais trop tard) un vieux Fleuve Noir de Pierre Pelot/Suragne : "Mais si les papillons trichent" qui est très "Dickien" dans le fond, même si le format de cette collection ne permet guère de développements extraordinaires.