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J'en entends des conneries parfois, mais de cette trempe là c'est presque de première compétition. |
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Première compétition ? Rassure toi, je n'ai pas l'esprit compétitif.
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Nous sommes en train de finir une décennie qui est sûrement la plus complète culturellement parlant que l'humanité ai jamais connue, avec l'essor fulgurant d'internet, on a vu fleurir partout dans le monde des millier, des millions de groupes, de réalisateurs, de scénaristes, d'écrivains. |
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Très franchement, je pense que si tu te penches un peu sur l'histoire, je peux te garantir que nous sommes loin de vivre une époque aussi fabuleuse que tu le dis.
La Renaissance, avec l'essor de l'imprimerie, la redécouverte de l'Antiquité (Michel-Ange mais aussi l'humanisme qui sera ensuite radicalisé par Luther et Calvin), l'émergence des langues vernaculaires contre le latin. Le théâtre élisabéthain aussi.
On pourrait aussi parler de l'excellence de la prose du XVIIe, de son théâtre, de la passionnante querelle des Anciens et des Modernes. La naissance du roman moderne (en prose), avec
La princesse de Clèves. Que dire aussi des Lumières du XVIIIe siècle, de l'émergence du préromantisme (Rousseau, Holderlin). On pourrait aussi parler du IVe siècle avant JC en Grèce : tu m'excuseras de penser que l'époque fut plus féconde en génies de la pensée que la notre. Et que dire de la renaissance de la poésie francophone au XIXe : romantisme, parnasse, symbolisme, décadentisme, prose ? De l'émergence du fantastique, du polar, de la philosophie allemande (Fichte, Hegel, Schopenhauer, Marx, Nietzsche...) au cours de ce même siècle.
Ou bien de l'apparition et du développement du cinéma, notamment avec des gens comme Méliès, Wiene, Murnau... Ne parlons même pas de la littérature et de l'art, avec le surréalisme, le futurisme, l'expressionnisme, dada.
Nous n'avons vraiment pas manqué d'époques enthousiasmantes.
Mais pose toi donc un peu, et réfléchis cinq minutes.
En quoi internet contribue-t-il à l'essor de la culture ?
Autant pour la diffusion, la communication (à commencer par les forums) je vois bien. Autant pour la création je ne vois vraiment ce qu'il a pu apporter de nouveau, comme le fit en son temps le cinéma.
Wikipedia n'invente pas l'encyclopédie.
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Peut-être qu'il faudrait se poser une petite question, est-ce parce que on a plus un accès direct au génie qu'il n'existe pourtant pas ? Est-ce parce que les cinémas ne diffusent plus que des films plats et éludés que, pourtant, il n'y a pas des réalisateurs fantastiques qui officient dans le noir ? Est-ce parce que les radios nous dégueulent chaque jour de la soupe arriérée que la culture musicale est en régression ? Est-ce parce que Beigbeder garde le prix Renaudot que la littérature est au plus profond de l'abysse ? |
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Concernant les prix, qui pourrait citer l'auteur qui a plus ou moins ravi le Goncourt à Céline, sans chercher sur le net ? Accorder une quelconque valeur aux prix littéraires, alors qu'on les oublie d'une année sur l'autre, à part quelques auteurs qui ont fait carrière (Malraux par exemple) ou celui qui le refusa en conformité à son éthique (Julien Gracq), laisse moi te dire qu'ils ne marquent finalement pas grand monde, et que leur trace dans l'histoire de la littérature est dérisoire. Euripide, Shakespeare ou Ovide n'ont pas eu de prix, mais on les lit encore. Qui lira encore Beibgeder dans un siècle ou deux ?
Le fait de dire que la culture produit de la soupe prête à consommer n'a rien de réactionnaire en soi. C'est l'analyse que pouvait faire les fort peu réactionnaire Adorno et Horkheimer (
Dialectique de la raison). Force est de constater que cette fusion de la culture et du divertissement, au détriment exclusif de la première, est un signe de l'époque où nous vivons.
Mais je me réjouis néanmoins qu'il y ait effectivement des artistes de grande qualité. Aussi bien dans le cinéma (Solondz, Araki, Cuesta, Jacques Audiard, Jean-François Richet...) qu'en littérature (Jourde, Berthelot, Bellagamba, Egan, Chiang, Ketchum, Lansdale, Bruen, David Peace et j'en oublie par dizaines, à commencer par Priest qui me parait au sommet de son art). Mais tu m'excuseras de ne pas voir en quoi internet joue dans leur création. Le net a au moins permis à Jourde de débattre, ainsi qu'à Domecq (
Qui a peur de la littérature ?), que l'on a tout de même peu vu à la télé, entendu à la radio ou lu dans la presse (à commencer par
Le monde des livres dirigé alors par la très distinguée dame Savigneau : "Dites bien à ce crétin des Alpes que si je le croise un jour, je lui mets d'emblée mon pied dans les couilles").
Peut-être que je me trompe, mais je pense franchement que le net n'aura peut-être pas l'impact qu'a pu avoir l'imprimerie (elle a largement contribué à l'unification des langues, notamment l'allemand avec la traduction de la
Bible par Luther, mais aussi à la diffusion des idées et du savoir qui quittait les monastère et se diffusait quantitativement grâce à la capacité décuplée de reproduction) et le développement de l'instruction publique depuis grosso modo la seconde moitié du XIXe siècle (Guizot, puis la Commune et Ferry pour la France) qui a permis un recul sans précédent de l'analphabétisme. Car n'oublions pas que si la population mondiale n'a jamais été aussi nombreuse,
elle n'a jamais été aussi éduquée non plus.
Le net peut être très utile pour certaines choses (débattre comme ici ; rechercher des livres épuisés (j'ai pu trouver sans problème les bouquins d'Ellison publiés aux Humanos ; accéder gratuitement à la culture avec le streaming (merci hadopi d'être complètement à coté de la plaque) et le téléchargement légal (Gallica) et illégal). Mais il n'invente pas une nouvelle forme de culture, comme le théâtre dans la Grèce antique (du moins, ce sont les plus anciennes pièces que nous connaissons) ou l'envol du cinéma au début du XXe siècle.
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Arrêtons de se prendre le mou là dessus, la première décennie 2000 a été fulgurante, et il n'y a jamais eu autant de bonne musique, de bons films, de bons livres, le tout est de les chercher.
J'attends avec impatience de voir l'arbre culturel de la seconde. |
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Comme l'a dit Le Gaidol, il y a énormément de bruit sur internet. Pour ne prendre qu'un exemple, sur les millions de blogs tenus en France, combien ont vraiment un intérêt ?
Quant à chercher, recherche un peu, y compris dans la culture récente. Si tu prends le rock sur la période qui va du milieu des années 60 à la fin des années 70, qu'y trouve-ton ?
The velvet underground, The doors, Led Zep, Deep purple, Black sabbath, Lou Reed, Bowie, The stooges, Zappa, Hendrix, Thin lizzy, AC/DC, Pink floyd, Genesis, The sex pistols, Kraftwerk, Can, Soft machine, Brian Eno, Joy division, Lynyrd Skynyrd et tout le rock sudiste, New York dolls...
Tu m'excuseras de ne pas trouver un tel foisonnement créatif à notre époque, même si je n'ignore pas Nine inch nails.