Quel endroit étonnant que ce forum où une simple question (qui paraît très anodine) peut amener un débat réel et constructif. Avant d'entrer dans les détails, je précise que j'utilise le terme "littérature de l'imaginaire" ou "cultures de l'imaginaire" à l'occasion, le plus souvent pour me présenter sur des forums ou des salons de discussion. Ne faisant pas de prosélytisme pour cette littérature ou culture de "genre", je reste assez détaché des connotations éventuelles que l'on peut trouver à l'expression.
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Quel est donc ce terme étrange ? s'agit-il de faire du politiquement correct, ou de faire se fondre un genre - sf et fantasy - marginalisé dans la Grande littérature (comme si du simple fait qu'il s'agisse d'écrits de fiction ils ne faisaient pas déjà partie de la littérature), de trouver une terminologie plus juste ? Pourquoi certains plébicient ce terme, quelle est son origine (recherche onthologique sollicitée), quelle est son acceptation, ... quand est-il apparu, sous la plume ou la langue de qui ? Et pourquoi d'autres le rejettent ? |
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Terme étrange si l'on veut, comme d'autres l'ont fait remarquer, il est relativement
neutre d'un point de vue sémantique. Il a l'avantage selon moi de combiner tout à la fois la SF, la Fantasy et le Fantastique, trois "genres" qui ont leurs détracteurs et leurs inconditionnels et qui parfois sont qualifiés de "mauvais genres". De ce point de vue je me rapproche de l'avis de Cyril qui disait :
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Pas d'accord, amis alors pas d'accord dut tout. Peut-être était-ce le cas au départ, mais si ce terme s'est imposé c'est que justement, il recouvre TOUS les domaines de l'imaginaire : SF, Fantasy, fantastique, etc. Car ça regroupe des genres quand même historiquement très liés sans à-priori ni volonté de hiérarchisation. |
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Avant tout c'est une question de choix, je préfère utiliser "littératures de l'imaginaire" que dire tout simplement, SF, Fantasy ou Fantastique, car j'aime ces trois genres, et au-delà de ça même j'aime des romans qui ne peuvent être étiquetés ni dans l'un ni dans l'autre , mais plus précisément au centre, à la jonction de ces genres. Enfin pour paraître pragmatique, c'est bien plus court.
Pour le peu que j'en sais, le terme "littératures de l'imaginaire" est probablement une dérivation du terme plus global "cultures de l'imaginaire", dérivé lui-même de "mondes imaginaires".+
Une petite explication s'impose:
Durant l'été 1991 parut en France le n°0 d'un magazine bimestriel axé sur les jeux de rôle,
Dragon Magazine, qui était sous-titré
Encyclopédie des mondes imaginaires. Durant 45 numéros, l'on pouvait lire dans ses colonnes des dossiers et articles sur le jeu de rôle bien entendu, mais également sur la littérature de SF, de Fantasy ou de Fantastique, sur le cinéma etc... (à noter que le sous-titre à disparu à compter du n°28). Ce n'était pas la première fois bien sûr qu'un magazine de jeux de rôle évoquait autre chose que les jeux eux-mêmes (les rôlistes étant en général attirés par diverses choses, dont certaines sciences humaines), mais c'est la première fois à ma connaissance que s'établissait de façon consciente une telle revendication. Et pour vous en donner un meilleur aperçu, voici un extrait de l'Edito:
"Dragon Magazine vous invite au voyage: vers quels territoires ? Tous ceux qui relèvent de l'heroïc fantasy, de la science fiction et de l'épouvante. Pour atteindre ces contrées lointaines, Dragon Magazine vous propose plusieurs formules. D'abord, le livre, la bande dessinée et le cinéma, qui resteront toujours nos références."
Celà me semble assez éloquent, bien que le terme n'apparaisse pas en tant que tel dans le texte, ce dernier étant remplacé par la notion de
voyage, sous-entendu dans les mondes imaginaires.
Quelques années plus tard en 1996 naquit une fort belle revue qui devait engendrer 42 numéros à ce jour (et dont je sais que certains d'entre vous ont un exemplaire près d'eux). On peut y lire juste sous le
Bifrost titre la mention
La revue des mondes imaginaires, et ce depuis le n°9 si je ne me trompe. Encore une preuve que les genres que nous chérissons sont amalgamés dans quelque chose qui nous titille sous l'appellation
imaginaire.
Lors de la renaissance du magazine de jeux de rôle
Casus Belli en 2000 (vous m'excuserez, mais je n'ai pas la date exacte, ni l'année exacte d'ailleurs, n'ayant pas le magazine en question sous les yeux actuellement), ce dernier portait la mention : Jeux de rôle, jeux online et
cultures de l'imaginaire. Je vous avoue franchement que le terme employé me semble plus pour ce cas particulier relever de la branchitude que de l'assimilation à un domaine spécifique.
Il me semble que ces éléments sont à prendre en considération d'un point de vue historique, et aussi comme manifestation de la reconnaissance dans certains milieux bien ciblés (trop hélas) de l'émergence d'un genre qui engloberait tout à la fois la SF, le Fantastique et la Fantasy.
Pour en finir vite fait avec cette longue digression, "littératures de l'imaginaire" renvoie donc à ce mélange de genres envisagé selon l'angle littéraire.
Je n'ai rien contre l'utilisation d'autres termes, SF me paraît limitatif (je n'entrerais pas dans les querelles de clocher pour savoir si l'on doit y inclure également la Fantasy et le Fantastique) et SF/F/F est un brin cryptique à mes yeux. Le compromis idéal se trouve dans cette expression qui me semble bien refléter ce que j'en pense. Cependant, mon histoire personnelle et mon rapport au genre ne sont pas pour rien dans le choix.
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| | Citation :
La SF, la fantasy, le fantastique et l’horreur n’ont absolument pas le monopole de l’imaginaire. La littérature blanche est AUSSI une littérature de l’imaginaire. Le meilleur exemple en est d’ailleurs la poésie. |
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Tu as parfaitement raison zomver en ce qui concerne la fiction, puisque par essence, elle né de l'imagination. Mais il faut savoir fixer des limites, et là je crois que certains ne vont pas être d'accord avec ce que je vais avancer, à savoir:
Que la littérature générale, blanche , mainstream...est basée sur le réalisme en ce sens qu'elle dépeint - fort bien parfois je l'admets - des situations déjà vues et expérimentées par beaucoup de monde, des situations probables. En gros elle s'attache à la description de choses banales, sans connotation péjorative.
Là où la littérature de l'imaginaire décrit des situations probables mais peu plausibles (à l'exception notable de l'anticipation), bien qu'énoncées la plupart du temps de façon ordonnée et logique. Il faut également ajouter le petit ingrédient qui fait toute la différence le
sense of wonder.
En fait, c'est assez difficile de définir ce que je ressens et les termes sont peut-être mal choisis. Mais en guise de conclusion je dirais que l'évolution des "vocables" comme le disait vda me semble naturelle et dériver directement de notre perception des genres. Que celà provoque la ghettoïsation de tel ou tel domaine littéraire me navre, mais je crois que nous n'y pouvons rien.