Madame Bovary

Il est vrai que l'odeur de soufre est devenue insupportable ces dernières années. C'est, malheureusement, un mal nécessaire : depuis que nous avons désamianté les Enfers, il a bien fallu augmenter le chauffage.
Votre plaidoyer pour la vie m'émeut. Et il serait malséant de ma part de vous imposer le retour, quand moi-même ne songe qu'à mes vacances. Soit. Mais je ne peux pour autant vous autoriser à battre la campagne. Celà ferait désordre, et vous savez comment sont les gens : si prompts à s'indigner sur les dérangements de l'Ordre des Choses à la moindre résurrection intempestive.
Je me vois donc contraint de vous imposer le mont Olympe pour résidence permanente. Vous vous y plairez : le nectar y est bon, et l'ambroisie ne manque jamais. Et l'hiver, on peut profiter des mille loisirs de la neige. Avez-vous déjà pratiqué la randonnée en raquettes ? C'est distrayant, quoique assez physique. Mais je m'égare.

Cependant, si vous souhaitez demeurer sur l'Olympe, il vous faudra plaire aux dieux, sans quoi ceux-ci vous reverrons au Tartare séance tenante (vous savez comme mon frère a mauvais caractère). Je vous conseille donc de mettre à profit vos talents de poète. Déclamer quelques vers devrait vous éviter de retourner les nourrir (Les vers. Amusant, n'est-ce pas ?).
Et puisque vous avez, bien involontairement, offensé Venus, je suggère que vous lui composiez une petite ode à votre façon. Vous rentrerez ainsi dans ses grâces. Nombreux sont les poètes qui tentèrent de rendre hommage à sa beauté, rares sont ceux qui lui rendirent simplement justice. Mais, l'ayant rencontrée récemment, je suis sur que vous touverez les mots pour exprimer la magnificence de ses atours actuels.
Le grand artiste saura évoquer la joliesse de son poil lustré et de sa lèvre flamboyante.
Ne nous décevez pas.

Nous, le Roi des Enfers,
S.I.A. Pluton

à la table tournante de hier soir, madame de Bovary m'a fait la demande expresse de faire passer ce message à son trés cher "Garde du corps" qui a remplacé un temps, son trés cher "garde chasse" sur sa couche! elle s'excuse par avance, de ne pas pu en parler de son vivant. Elle me dit, aussi de dire, que son "garde du corps" passe parfois ici, en cachette de son époux, auteur et amant connu! Qu'il se reconnaitra certainement:


Cher et tendre époux,
Quel étrange questionnement !
Pourquoi la présence d’émile dans mon quotidien ?
Mon quotidien ai-je écrit.
Presque un paradoxe tel que vous ceux que chérissez tant. Je vous disais donc, en quoi la présence d’émile à mes côtés ces quelques nuits où vous abandonnez mes appartements pour aller, vous-même, vous repaître d’autres plaisirs, vous inquiéterait-elle ?
Cela vous rendrait chagrin, que je ne comprendrais pas.
Vous arguez les mauvaises langues, les on-dit.
Depuis quand cela est-il supposé avoir force en notre union ?
Par quel tortueux prétexte cela peut-il faire chanceler cette harmonieuse et tacite entente matrimoniale que nous avons, par joyeux consentements, prise il y a des lustres ? Voilà qui me rend soucieuse, pour le moins.
Et presque de méchante humeur, ajouterais-je.
Je n’aime point me faire sermonner de la sorte, vous ne le savez que trop bien.
Je me sais une excellente épouse, une très bonne mère pour vos enfants, une hôtesse soigneuse, une compagne conciliante de par et de vers vos lubriques escapades.
Et ce ne serait point suffisant pour m’octroyer le privilège de choisir mes amants ?
Voilà qui me heurte.
Je n’ai nul désir d’en discuter avec vous pour ces futiles raisons que vous me suggérez …
Allons donc !
Les ragots !
Qu’en ai-je à faire ?
Est-ce quelque chose qui influe lorsque vous-même vous laissez titiller par une mignonne ?
Non point ?
Voilà qui règle le litige.
Heureuse journée bel amour, …
Post-scriptum :
Nous recevons vos amis du club hippique ce soir.
Rappelez-moi !
Le Comte de la Lumière du Plafonnier est Encore Demeurée Allumée dans La Voiture

Ah ! Ces mariages entre anoblis !
Viendrait-il accompagné de la plus jeune de ses filles ?
Guenevriève si je ne me trompe.
Parce qu’auquel cas,
Il faudra penser à mander le jeune frère de votre ami émile.
Ne lui ferait-il point un excellent parti ?

Lettre, preuve de son inéfable attachement à Emile, qu'elle avait envoyé à son époux à une époque où il la questionnait pour des broutilles!