Du rôle de la SF en littérature...

La SF permet aussi d'étudier, d'établir des concepts technologiques et pourquoi pas d'en toucher du doigt.

Pour moi, la SF sert à ça: assouvir nos rêves de voyage dans l'espace, de nanotechnologie, de réalité virtuelle, qui sont des technologies que nous n'avons pas, mais que nous aurons peut-être dans un certain nombre d'éons, (de siècles ?), la terraformation

ça c'est la partie concrète, mais il y aussi les idées telles que l'immortalité biologique (du moins l'allongement de la vie), par exemple, ou bien la recherche de la vie outre espace, la recherche de l'origine de l'espace.

		Citation : Perso, dans cette catégorie, je pense à Starship troopers ou La guerre éternelle, deux oeuvres critiques à l'égard de l'armée pour l'une, la guerre pour l'autre mais où l'élément SF n'apporte rien de spécifique. Je dirais même que dans le cas du roman d'Haldeman, l'aspect SF dessert le récit et qu'il aurait mieux fait de parler directement du Vietnam que de travestir cela en oeuvre de science-fiction que j'ai trouvé passablement ridicule.

Je moinssoie VIGOUREUSEMENT!!! voilà deux oeuvres que je connais quasiment par coeur et si le bouquin de Heinlein n'a rien d'un pamphlet militariste (contrairement à certaines accusations), il n'en est pas plus une critique de l'armée; plutôt un regard désabusé sur le fonctionnement des sociétés humaines et l'eternel problème que peut constituer la mise en place d'un juste équilibre sociétal entre autorité et responsabilité. Concernant Haldeman, l'aspect SF y est essentiel pour montrer l'absurdité d'une guerre qui pourrait s'étaler sur des siècles à cause des voyages relativistes à travers les collapsars, la machine politique ayant laissé les militaires sur "on" quoiqu'il arrive.... La Guerre éternelle est également un pamphlet acide contre la défiance de l'inconnu puisqu'il s'avère à la fin (spoiler) que la guerre entre taurans et humains n'aura été déclenchée que par non tentative de communication entre les deux races.; ce n'est pas parce que l'autre est différent qu'il faille lui tirer dessus. Difficile d'introduire une telle notion de durée temporelle ou de différence raciale avec des ET sans mettre un poil de SF dans le bouquin...

Je pense que la SF permet d'élargir très nettement le cadre d'une idée ou d'une philosophie; en ce sens elle permet à l'auteur de renforcer son message (dans le cas de Haldeman justement). D'autre part, le cadre SF peut être révélateur: ce qui serait une grosse bouse en littérature générale devient une daube cosmique dans un cadre SF (d'ailleurs ce n'est pas ce qui manque en SF).
Et puis, il y a tout simplement le dépaysement, certains bouquins de Space op' ne sont que la suite logique des bouquins d'aventures maritimes du XIX° (Honor Harrington & CS Forrester).

		Lisbeï : Eh bien, si on veut parler de l'inconscient collectif, et de la façon dont les archétypes hypothétisés par Jung nous influencent, 2 solutions : soit on fait des recherches ch*** en psy, et un bouquin hyper-ch*** à lire par 12,5 spécialistes et 50,25 étudiants forcés et blêmes, soit on écrit Les Futurs Mystères de Paris. Et on les lit avec plaisir.

		JC : La SF est souvent une metaphore de notre monde

Quand je pense à l'apport ou à l'avantage de la science-fiction en littérature, et que je veux simplifier, je pense au mot METAPHORE.

Le genre permet , par ce puissant levier, de faire sortir les idées du cadre des pensées et des discussions des personnages, et de les faire prendre corps (en chair, métal, énergie, etc) pour se répandre dans le cadre du récit et le marquer de leurs logiques propres.
Les concepts se font chaleureux, menaçants, rigoureux ou loufoques, mais toujours vivants (enfin dans la bonne sf...)

soyons provoquants, quel est l'intérêt de toute littérature en général ?

A quoi sert un roman, une nouvelle, sinon à nous dépeindre, détails à l'appui, subconscient, ego et surmoi étalés à la vue des lecteurs, situations relationnelles et autres, ce que nous vivons jour après jour sans l'analyser, sans avoir le temps de l'appréhender consciemment.

Un auteur s'inscrit toujours dans son époque et ses écrits reflètent la pensée dominante de cette époque (qu'il y souscrive ou la dénonce).

La littérature est une distance qui éclaire la vie. Avec la science fiction, la distance est simplement plus grande et donc, les codes peuvent être rompus, et cette rupture donner lieu à examen.

d'où la question, quelle est l'utilité de l'art ?
est-ce que c'est un passe-temps (au sens littéral)
est-ce pour mieux vivre (artiste et public y recherchant et y trouvant un aboutissement différents

		Citation : ET SI certains d'entre nous étaient en contact avec l'inconscient collectif.

Tiens, pour ma part je n'y crois pas. J'ai déjà bien assez du mien !

Je pense que la sf est surtout une mine de renseignement sur le genre humain et sur l'auteur, sur leurs préoccupations, leurs obsessions, leurs craintes, leurs aspirations...
En un mot, la sf reste certainement l'une des littératures les plus humaines et les plus intimes.

Histoire de faire un petit clin d'oeil à Roland pour illustrer le propos :
"Dès que deux intelligences de nature différente sont confrontées, l'une doit anéantir l'autre, c'est la loi de la nature. Une loi implacable qui condamne tous ceux qui ne la respectent pas."
Peter Randa - La Brigade du grand sauvetage

"En définitive, les gens comme Douglas M. Bullitt ont peur. Peur de l'inconnu. (...) L'idée que, quelque part, il puisse exister des araignées géantes télépathes les frappe de terreur. Moi, au contraire, je me sens attiré. Je crois en une fraternité cosmique qui éclatera un jour en pleine lumière, et ce jour-là marquera la fin des MacDewitt de tous les temps."
Louis Thirion- Sterga la Noire

En deux extraits, toute l'ambivalence humaine.
Je ne vous cache pas que bien que pessimiste, je partage les convictions du second extrait. Mais mieux vaudrait pour ces araignées qu'elles ne nous rencontrent pas, les pauvres bêtes !

Littérature rime à mes yeux avec divertissement. Et ce pour n'importe quel bouquin d'ailleurs (tjs dans l'optique d'acquérir un maximum de connaissances pour comme nous l'avait si joliment dit un de nos professeur "éviter de vous faire enculer", véridique). La s-f est pour moi un échappatoire de la banalité quotidienne (se lever, manger, se brosser les dents, aller à l'école, lire, aller se coucher...).
Je me permets de reprendre le sieur Jameson qui voit en la s-f le relais de la sociologie et de l'anthropologie qui dit sous une forme narrative les tensions du contemporain et soulève les dilemmes sous une forme existentielle qui manque parfois au mode de formulation des sciences sociales.

"LA S-F C'EST MOI" David Bowie.

A mon sens la SF est surtout une branche de la littérature qui permet de voir le monde sous d'autres aspects, d'autres points de vue.

C'est une conception prospective qui essaie de répondre à plusieurs questions qui ne se posent pas en littérature "générale", par exemple:
- en quoi notre monde va-il être modifié par telle ou telle invention ?
- et si nous savions faire telle chose, qu'en ferions nous?
- si nous envisagions les choses sous tel angle, comment notre société en serait-elle affectée?

Plus généralement, c'est la branche qui commence UNE question: "What if...?"

C'est aussi la seule forme de littérature qui se pose la question du rapport avec l'autre sous l'angle non-humain, complètement étranger.

Et tout ça, ce n'est pas seulement intellectuellement indispensable, c'est aussi méchamment fun.

Pour ma part, la S-F, c’est un mélange de divertissement et de réflexion.
Le Space-opera me permet de m’évader loin de notre Terre du XXIème siècle tandis que d’autres m’incite à réfléchir un nombres toujours plus importants de sujet concernant les nouvelles technologies et le devenir de l’humanité au sein de l’Univers : en vrac, nanotech, écologie, robotique, génétique, robotisation, mondes virtuelles et beaucoup d’autres. Quelque part, ça donne le tournis.
Pour ma part, contrairement à son nom, la Science-Fiction est plus centrée sur l’humain, son devenir et son rapport à la science qu’à la technologie elle-même. Je pense que la S-F a tout à la fois un rôle de divertissement (Grand choix de thèmes d’aventures) mais également de réflexion en sortant l’être humain de son contexte ordinaire.

>Jerome: Bienvenue sur CSF !

		Citation : Pour ma part, contrairement à son nom, la Science-Fiction est plus centrée sur l’humain, son devenir et son rapport à la science qu’à la technologie elle-même.

Dans ce cas, tu parles plutôt de speculative fiction.

Ce qui me plait dans la science fiction, c'est le mot science, la technologie ayant un grand intérêt sinon autant lire de la littérature blanche. Très peu pour moi.

		Citation : Ce qui me plait dans la science fiction, c'est le mot science, la technologie ayant un grand intérêt sinon autant lire de la littérature blanche.

Permettez-moi d'exprimer mon désaccord sur ce point, très cher.
La SF est une forme de littérature, le background scientifique n'étant qu'un des fonds possibles. Si l'on réduit la SF à un élément technologique, dans quelle catégorie classes-tu les uchronies ? Ou par exemple, les deux chef-d'oeuvre de Sturgeon, Cristal qui songe et Les plus qu'humains ? Ou un livre comme L'autre côté du rêve de Le Guin ?
Je suis plutôt d'accord avec jerome.

		La conclusion qui s'impose, par Gutboy : Et tout ça, ce n'est pas seulement intellectuellement indispensable, c'est aussi méchamment fun.