Du fantastique

La nature du genre, son évolution...
Sur la page ou sur l'écran.
Ce qui vous attire, ce qui vous tient à l'écart...
Les différences et similitudes avec la SF, la fantasy...

Etc, etc.. Comme il vous plaira!

		Fhtagn : Il est indéniable que les nouvelles formes de films fantastiques pompent littéralement la mise en scène de Matheson, on peut prendre comme exemple le fameux 28 Jours plus tard, avec son cadre réaliste et sa caméra intime, il cerne les personnages et leur désaroi en fonction, non pas de l'ensemble social, mais de leurs expériences uniques. L'intrigue en elle-même est uniquement centrée sur un groupe de personnes (combien d'autres films aujourud'hui reprennent le même type de narration ? REC, Blair Witch, Cloverfield, The Descent, District 9). On atteint une dimension beaucoup plus journalistique, comme le fit l'auteur en son temps, toute la partie globale est effacée, et l'ensemble de la complexité du scénario est découvert par, et pour les personnages, à travers leurs propres ressentiments (et parfois leur regard biaisé). C'est un concept qui vient de Matheson,, et non de Stephen King (qui a lui même fortement copié sur ce dernier rappelons le) même si son approche apporte une plus large étoffe ( Marche ou crève, le Fléau, Brume etc...). Avec R.M, on est littéralement entré dans l'individualisme du fantastique, chose qui n'était pas arrivée depuis Lovecraft (qui aurait mérité le Nobel, selon moi, s'il n'était pas décédé). Maintenant ce n'est que mon humble avis, bien entendu :-)

J'ai beau aimer (beaucoup-beaucoup) Matheson, je trouve tout de même que tu pousses le bouchon un peu trop loin ;-)

" (...) comme le fit l'auteur en son temps, toute la partie globale est effacée, et l'ensemble de la complexité du scénario est découvert par, et pour les personnages, à travers leurs propres ressentiments (et parfois leur regard biaisé). C'est un concept qui vient de Matheson (...)"
Le point de vue individuel est bien ancré dans la tradition fantastique. Quand on songe au Horla, aux contes de Poe (et nombre de leurs narrateurs portent d'ailleurs sur le monde un regard biaisé, par leurs névroses, psychoses, fantasmes...)
L'individu qui voit la réalité du monde se fissurer, qui sombre dans ses failles ou lutte contre les terreurs et horreurs qui en jaillissent, est pour moi la base du récit fantastique.

"Il est indéniable que les nouvelles formes de films fantastiques pompent littéralement la mise en scène de Matheson, on peut prendre comme exemple le fameux 28 Jours plus tard (...)"
28 jours plus tard s'appuierait plutôt sur les films de zombies de George Romero
(mais comme ce dernier reconnut s'être inspiré du Je suis une légende de Matheson pour sa Nuit des morts-vivants, on s'y retrouve ;-)

"(...) REC, Blair Witch, Cloverfield, The Descent, District 9). On atteint une dimension beaucoup plus journalistique (...)"
Le terme "journalistique" me semble tout à fait approprié. Je pense que cette tendance dérive surtout de l'ére internet avec la multiplicité de ses sources d'images, ses reportages amateurs,etc.

"(...) Avec R.M, on est littéralement entré dans l'individualisme du fantastique, chose qui n'était pas arrivée depuis Lovecraft (...)"
Pas d'accord, comme déjà dit.
(et puis de Lovecraft (R.I.P. 1937) à Matheson (Born of man and woman, 1950), il ne s'est quand même pas passé bien longtemps)

		Citation : Le point de vue individuel est bien ancré dans la tradition fantastique. Quand on songe au Horla, aux contes de Poe (et nombre de leurs narrateurs portent d'ailleurs sur le monde un regard biaisé, par leurs névroses, psychoses, fantasmes...) L'individu qui voit la réalité du monde se fissurer, qui sombre dans ses failles ou lutte contre les terreurs et horreurs qui en jaillissent, est pour moi la base du récit fantastique.

Oui certes, c'est un fait, l'approche subjective des récits fantastiques est largement exploitée dans d'autres œuvres antérieures à Matheson, toutefois je voulais surtout souligner le fait que l'homme a réussi à joindre ces effets de style avec des thèmes de science-fiction, et que, par cette trouvaille, a influencé l'inconscient collectif de notre société actuelle. Mais bien entendu, ce travail ne s'est pas réalisé uniquement grâce à Matheson, il a été, je pense, le lien important qui a relié les récits fantastiques de l'avant-industrialisation avec la nouvelle vague de l'horreur et de la SF d'anticipation.

		Citation : 28 jours plus tard s'appuierait plutôt sur les films de zombies de George Romero (mais comme ce dernier reconnut s'être inspiré du Je suis une légende de Matheson pour sa Nuit des morts-vivants, on s'y retrouve ;-)

Non justement je ne crois pas, 28 jours plus tard puise directement sa source dans Je Suis une Légende, Romero a exploré une voie totalement différente, celle des récits nécromanciens et fantastiques, qui n'ont pas de rapport directs avec la science fiction. Danny Boyle à recréé une ambiance d'anticipation comme on peut le ressentir dans le livre, cru et brutal, son film met en avant non pas des zombies, mais des êtres contaminés, non morts, et très vivaces (comme les vampires de Je Suis une Légende, qui ne sont pas patauds et lourds comme les zombies de Romero). Sans oublier cette force importante qui réside dans chaque personnages, qui, malgré une mort assurée, font le nécessaire afin de survivre, ils représentent le côté positif de Robert Neville, ce que je reproche d'ailleurs à Boyle, ses personnages n'ont pas de face obscure.

On peut également prendre l'exemple de Children of Men (un de mes classiques) dont la trame principale est décomposée et désespérante, mais remonte la pente doucement vers un final plutôt positif, même si il est empreint de mort et de détresse. Ce sont des demi-teintes qui ne sont toujours présentes dans le concept Mathesonien, que ce soit dans Le Jeune Homme, la mort et le temps, Je suis une légende, l'Homme qui rétrécit, ou quelques unes de ses nouvelles, chaque problème causé au personnage est compensé par la découverte d'une solution philosophique.

		Citation : Le terme "journalistique" me semble tout à fait approprié. Je pense que cette tendance dérive surtout de l'ére internet avec la multiplicité de ses sources d'images, ses reportages amateurs,etc.

Oui je ne le nie pas, c'est sûr que l'impact des nouvelles technologies ont permis un renouveau du genre cinématographique en incorporant des concepts proches du réel, mais je pense sincèrement que dans l'inconscient collectif, on en revient à des références littéraires plus anciennes, démocratisées par Stephen King ou Crichton.

		Citation : Pas d'accord, comme déjà dit.

Voila, comme dit plus haut, je plaçais mon argumentaire sur le sol de la Science Fiction, considérant Lovecraft comme un auteur du genre, c'est naturellement que j'ai sorti cette référence, mais je suis d'accord avec toi.

Peut-être que Matheson a (contribué à) renversé(er) la petite phrase.
D'habitude, l'auteur privilégie plutôt une accroche dès la première phrase (voir la fameuse phrase de Bloch). Chez Matheson, la petite phrase conclue souvent, renversant au passage la perspective par l'innatendu de la chute.

Je pense qu'il a aussi su créer un fantastique qui s'ancre pleinement dans l'american way of life alors triomphante (Le distributeur), où il urbanise pleinement son histoire. Pas de grands effets comme chez Poe, mais plutôt une angoisse lancinante.

Dans les auteurs ayant contribué à une redéfinition du fantastique, je mets aussi Steve Rasnic Tem (pour sa dimension sensible) ou Daniel Walther (pour son coté sulfureux).

Je vous conseille également de lire "Dystopia" le seul livre traduit de Richard Matheson fils (pas facile de porter un nom pareil). Son style d'écriture est différent, moins subtil (très Kingien, malheureusement), mais la force de ses nouvelles frappe fort, et on fini par avoir les mêmes sensations qu'en lisant du Dick, j'ai passé un moment de lecture agréable, j'attends des œuvres plus abouties de lui (mais apparemment son emploi du temps est chargé au gosse).

Heu... je ne suis pas un spécialiste du fantastique, mais je ne vois pas à quel moment Romero a exploré une "voie nécromancienne".
Si je ne m'abuse, les morts ne sont pas suscités magiquement. C'est plutôt l'effet d'un virus, d'une expérience scientifico/militaire, dans le genre un peu du comics Walking Deads.

Ils sont morts, peu importe la manière dont ils sont ramenés à la vie, la nécromancie est appliquée aux termes magiques et scientifiques :)

Quoi qu'en science on appelle plutôt ça "bravo docteur"

les morts dans romero c'est une comète ou météore qui passe dans les parages (enfin dans le premier !)
ensuite, ce sont des saletés de virus...

		Citation : Ils sont morts, peu importe la manière dont ils sont ramenés à la vie, la nécromancie est appliquée aux termes magiques et scientifiques :)

Ah ?

		Citation : Ah ?

J'attends un avis contraire, comment s'appelle la résurrection des morts par la Science ?

		Fhtagn : Matheson (...) a réussi à joindre ces effets de style avec des thèmes de science-fiction, et que, par cette trouvaille, a influencé l'inconscient collectif de notre société actuelle. Mais bien entendu, ce travail ne s'est pas réalisé uniquement grâce à Matheson, il a été, je pense, le lien important qui a relié les récits fantastiques de l'avant-industrialisation avec la nouvelle vague de l'horreur et de la SF d'anticipation. ... (...)je plaçais mon argumentaire sur le sol de la Science Fiction, considérant Lovecraft comme un auteur du genre(...)

Ok.
Et globalement, je plussoie.

		Olivier : Je pense qu'il a aussi su créer un fantastique qui s'ancre pleinement dans l'american way of life alors triomphante (Le distributeur), où il urbanise pleinement son histoire. Pas de grands effets comme chez Poe, mais plutôt une angoisse lancinante.

Là aussi.

(une dé-gohtic-ation du fantastique?)

		Fhtagn : Non justement je ne crois pas, 28 jours plus tard puise directement sa source dans Je Suis une Légende, Romero a exploré une voie totalement différente, celle des récits nécromanciens et fantastiques, qui n'ont pas de rapport directs avec la science fiction. Danny Boyle à recréé une ambiance d'anticipation comme on peut le ressentir dans le livre, cru et brutal, son film met en avant non pas des zombies, mais des êtres contaminés, non morts, et très vivaces (comme les vampires de Je Suis une Légende, qui ne sont pas patauds et lourds comme les zombies de Romero).

Romero cite Je suis une légende (sans doute pour le(s) héros assiégé(s) par des humains devenus autre chose)
Le film de Danny Boyle comporte des ressemblances, non négligeables, avec le roman de Matheson mais aussi des différences notables : manque de solitude, variations de lieux...
(Ses créatures sont des contaminés : j'apprécie; ça change.
Par contre, je ne marche pas aux zombies de L'armée des morts, remake de l'opus 2 de Romero : ils sont bien speeds pour des organismes souffrant de dégénérescence neuro-musculaire...)

		Olivier : D'habitude, l'auteur privilégie plutôt une accroche dès la première phrase (voir la fameuse phrase de Bloch). Chez Matheson, la petite phrase conclue souvent, renversant au passage la perspective par l'innatendu de la chute.

Je ne suis pas sûr que Bloch soit, sur ce point, le nom le plus adéquat à opposer à Matheson.... Je re-jetterai un oeil sur les nouvelles desdits auteurs...

		KAAN : les morts dans romero c'est une comète ou météore qui passe dans les parages (enfin dans le premier !) ensuite, ce sont des saletés de virus...

Ce n'est pas La couleur tombée du ciel, tout de même? ;-)

		Fhtagn : Quoi qu'en science on appelle plutôt ça "bravo docteur"

Le docteur, lui, dit : "IT'S ALIVE!" ;-]

		Fhtagn : comment s'appelle la résurrection des morts par la Science ?

La réanimation ?



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