Ciné télé d'août

Je n'ai jamais considéré que Ozymandias empêchait quoi que ce soit en fait : la toute dernière image montre assez clairement que Seymour, l'assistant du rédac' chef du journal d'extréme-droite, est sur le point de prendre le journal de Rorschach dans lequel se trouve exposée une bonne partie de la magouille ("déformée" par la paranoïa de Kovacs, certes, mais qui permettra néanmoins de poser des soupçons certains sur Veidt), de sorte que la narration prend l'allure d'une reconstitution suite à une enquête policière (le journal de Rorschach commence en octobre 85 mais la publication de la série en septembre 86, soit a peu près pil poil 1 an après). En gros, on est dans une sorte d'"éternel retour" (et les fans de Moore savent bien comme la philosophie de Nietzsche a pu influencer son oeuvre : cf. Miracleman, encore qu'il y a là aussi quelque chose d'indéniablement parodique...), ce que la réponse de Dr. Manhattan à Veidt semble confirmer quand il lui dit vers la fin de l'histoire : "Rien ne finit jamais, Adrian"

Sans compter que Veidt est bien trop puant et mégalo pour arriver au bout d'un truc aussi gros : c'est pas parce que c'est le type le plus intelligent du monde qu'il peut le changer, le monde, pas à lui tout seul en tous cas...

Quant au personnage qui représente le deus ex machina, Dr. Manhattan donc, on s'aperçoit vite qu'il ne change pas grand-chose, sauf en apparence (victoire des USA au Viet-Nam, amélioration partielle du niveau de vie par le progrès technologique, domination militaire totale de l'Amérique, etc), de sorte que le coeur de l'Homme, lui, reste tel quel : on reconnait bien là le système de l'uchronie qui consiste à présenter un monde différent de celui qu'on connait (et donc "pas réel", petite remarque à l'attention de Bull au passage ;] ) mais où les passions restent identiques, avec leurs corollaires (le spectre de la guerre nucléaire est toujours là, la criminalité est toujours le même problème, les USA se prennent toujours pour le centre du monde, etc). Au final, que ces symboles deviennent réels ou pas ne change rien, d'où la démonstration de l'"inutilité" des super-héros ce qui est une autre forme de démolition...

J'ai trouvé les aspects "super héros " vraiment secondaires dans cette BD .
C'est un splendide roman graphique sur des individus qui n'ont que peu de traits "héroiques " .
Gui , perso , je ne crois pas trop au revirement de situation suite à la parution du carnet de Rorschach. Le journal en question est un vrai torchon d'extrême droite qui ne fait que crier au complot . Il y a peu de chance que celui ci soit accueilli différemment , mais c'est une fin ouverte intéressante .

Et ozymandias empêche bien un conflit de première grandeur , même si il y en aura p e d'autres .Si mes souvenirs sont bons , quand il déclenche son complot , les US sont en defcon 2 , en attende de defcon 1 , et le président est dans son bunker souterrain pendant que les chars russes sont à la frontière est allemande ....

Bref , c'est sympa de voir comment un oeuvre riche permet la multiplicité des interprétations :)

Plus je lis vos posts sur Watchmen, plus je pense que Z Snyder n'était pas l'homme de la situation!!!

+1 tj ; +1 gui ; +1 Rorchach (hélas)

Watchmen, est une œuvre extrêmement complexe, c'est ce que j'adore. Moraliste ? franchement je ne crois pas, à chaque fois, Moore fournit des contre-points : en ce qui concerne la FIN, je n'y vois pas une solution préconisée par Mister Moore mais une démesure à la "Alexandre/César/Napoléon" d'Ozymandias, complètement folle ! marchera ou marchera pas ? franchement c'est plus qu'ouvert (et très énervant). Je n'y vois que des "personnages" énormes et bouleversants. Une BD qui moi me touche en profondeur - cela dit on est en train de pourrir le sujet alors qu'il existe des chroniques BD pour en causer !

C'est votre dernier mot, Mister Bull ?
(dommage, dommage, j'aurai aimer te convaincre même si c'était pas le but, juste le plaisir de causer de cette BD hors du commun ! Je comprends que l'œuvre est sur la corde raide, très ambigue ; sans doute qu'on l'adore ou qu'on la déteste pour les mêmes raisons ?)

Tu as raison.
Je t'ai répondu au sein de ta chronique.

Une dernière intervention pour répondre à tj sur un détail :

		Citation : Et ozymandias empêche bien un conflit de première grandeur , même si il y en aura p e d'autres .Si mes souvenirs sont bons , quand il déclenche son complot , les US sont en defcon 2 , en attende de defcon 1 , et le président est dans son bunker souterrain pendant que les chars russes sont à la frontière est allemande ....

Si je me souviens bien de l'ensemble des événements, c'est Ozymandias lui-même qui place le monde au bord du gouffre, en poussant Dr. Manhattan à s'exiler sur Mars : jusqu'à ce moment, l'équilibre des forces penchant de façon indiscutable pour les USA, les russes se tenaient à carreau et il n'y avait pas de réel spectre de la guerre nucléaire... Rien ne prouve que Manhattan n'aurait pas quitté la Terre de lui-même sur le long terme évidemment, mais dans le contexte du récit, c'est quand même Veidt qui fout la merde au départ : bien sûr, il y a une grosse influence du Comédien sur sa décision de "sauver le monde" (hum...) mais après tout rien ne prouve que l'avenir lui aurait donné raison ; le fait est que Veidt est un illuminé qui s'est trop tôt persuadé que son intelligence supérieure devait être mise au service de l'Humanité (on est dans la tradition classique du genre jusque-là) mais qui a perduré dans cette attitude de manière tellement obstinée et "obscure" (à travers les moyens qu'il a mis en oeuvre, pas seulement la façon dont il les a mis en oeuvre) qu'on ne peut plus parler de super-héros : à la limite, c'est presque lui le vilain de l'histoire, pour avoir entre autres pratiquement exterminé la moitié de New York – encore plus fort que Galactus et le Dr. Doom réunis, franchement il fallait oser...

On est vraiment dans un dynamitage du concept super-héros traditionnel de l'époque. Les personnages ne sont pas juste vieux et désabusés, ils sont complétement cintrés : le Comédien qui cesse purement et simplement d'être un vigile masqué pour oeuvrer à défendre une cause idéologique dont on est même pas certain qu'il y croit mais où on peut être sûr qu'il y trouve son comptant de violence, le Dr. Manhattan qui a tous les pouvoirs sauf le plus important c'est-à-dire celui de prendre une décision, Rorschach qui a perdu pied pour des raisons qui ne sont plus à expliquer, le Hibou qui est un fils à papa geek encore prisonnier de son enfance, le Spectre Soyeux qui vit le rêve de sa mère (au point d'être la fille d'un homme qu'elle déteste) au lieu de suivre sa propre voie, Ozymandias qui se prend pour le sauveur du monde alors qu'il a juste failli le détruire... On rejoint là l'idée de Miller développée dans son DK 1 : il faut être timbré pour aimer tabasser les criminels (à la limite, le fait que ce sont des criminels n'est jamais qu'un mauvais prétexte : tout porte à croire que c'est plus un défouloir qu'autre chose...), encore que le propos a été nuancé dans DK 2 mais ce n'est plus vraiment la même époque non plus

Bref, je crois que Watchmen restera comme l'oeuvre (ou en tous cas une des oeuvres) qui a permis de pousser les comics de super-héros dans une direction plus mûre, où les personnages ne sont pas seulement plus sophistiqués, comme Stan Lee les avait élaborés à partir des 60s, mais où ils sont simplement plus humains, avec tout le cortége de névroses (voire de psychoses, je pense évidemment à Rorschach, il doit bien y en avoir d'autres, Veidt par exemple) et autres traumatismes que ça implique. Je ne sais pas trop ce que donnent les comics de SH depuis cette époque, puisque c'est à peu près le moment où j'ai plus ou moins laché le morceau, mais d'après ce que j'ai entendu dire par diverses personnes de confiance sur ce sujet-là, je crois bien qu'il y a eu à partir des 90s une évolution assez importante du genre à laquelle les deux oeuvres précitées ne sont probablement pas étrangères, encore qu'il y en certainement eu d'autres : pour cette simple raison, déjà, je pense qu'on peut parler de classiques

Après, on aime ou on aime pas, évidemment, l'un n'empêche pas l'autre...

		Citation : Si je me souviens bien de l'ensemble des événements, c'est Ozymandias lui-même qui place le monde au bord du gouffre, en poussant Dr. Manhattan à s'exiler sur Mars :

Ah , oui, oui pas bête , m'en souvenais plus ....

Fini saison 2 de Heroes.
quelques épisodes de plus n'auraient pas déplu, mais au moins tout est bouclé sur la deux.

Vu Phantoms d'après le livre de Dean Koontz, agréable surprise pour un dvd acheté à 6 euros.

Vais me repasser nightwatch avant d'investir dans daywatch.

Braquage à l'anglaise, un polar british fortement bien troussé.

Flesh Gordon, version courte, comète inattendue et un peu lourde, où on ne trousse pas assez ;)