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looper

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Sécheresse

James Graham Ballard


Sécheresse
Traduction : Claude Darner
Illustration : Pierre Faucheux
Titre original : The drought
Première parution : 1965

 Pour la présente édition :

Editeur : Le Livre de Poche
Collection : SF
ISBN : 2-253-01586-5

La critique du livre
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Sécheresse, quid de l'histoire ?
Tout est dans le titre : une sécheresse. Plongez-y une bonne poignée de bipèdes et vous aurez de quoi réaliser un excellent roman.

Et que se réjouissent les amateurs de Jigé

Ballard

, ici ils trouveront la lenteur spécifique de leur auteur chéri. Les grosses chaleurs, ça pousse au lent, à l'inerte. Tout au long du récit - émaillé de descriptions aussi précises que magnifiquement ciselées - les actions s'étireront, et ci par hasard la possibilité d'une accélération se faisait jour, elle serait immédiatement anesthésiée. Que le docteur Charles Ramson découvre une voiture et voici que la batterie est à plat.
Pas le choix, il faudra faire lent.

L'auteur de cette chronique sent qu'il en fait un chouïe trop, les chaleurs lui pèsent aussi, à lui. Alors il va préciser que des actes rapides il y en a quelques-uns, qu'ils sont aussi fugitifs que les personnages qui les commettent et puis "Ces changements soudains, cette alternance avec le calme du désert, étaient l'essence de la violence, sa loi temporelle."
Néanmoins, la lenteur persiste, alourdit les perspectives, aveugle à terme puis tend vers l'immobilité totale lors du final, comme si cette succession de tableaux (au sens premier du mot) se devait de fixer définitivement les choses pour repartir.

Au milieu coulent des personnages. Une gallerie.

Ballard

ienne la gallerie. Tout en psychologie.
La sécheresse a d'abord incité aux mouvements spatiaux avant de les bloquer par la force des choses. La survie se jouera au niveau des mouvements temporels. Le Docteur Ramson osera sacrifier son confort pour ménager sa mémoire et conserver ses souvenirs, puis il entreprendra un voyage vers le point de départ de l'histoire, un voyage vers son propre avenir, plus profond que prévu.

Ballard

, c'est la psychologie des personnages, d'accord on vient de le dire. De ce côté pas de problèmes c'est très bien décrit. Tout aussi intéressante : l'évolution physique - parfois brutale - de ces personnages semble la plus à même de nous indiquer leurs désirs, leurs attentes. Leur issue.

Tableaux surréalistes d'une nature morte. Et là tout est dit. Ecosystème en perdition. L'oeuvre picturale

ballard

o-touche-à-tout (ici du surréalisme, là du pointillisme) du jour présente une ménagerie dans tous ces états, peu glorieux à vrai dire.
Le roi des animaux fait pitié et parmi les humains, ceux qui quètent un trône ne sont guère mieux. Quand ils l'obtiennent, c'est pire.

Et pour finir, le grand jeu de la métaphore globale.
Réponse page 229 de la présente édition : "Cancer, corrigea Catherine. Le signe du Crabe, docteur, le signe des déserts. Si j'avais pu le savoir."
A plusieurs reprises, la métaphore cancéreuse caresse le lecteur. Ruisseaux asséchés comme autant de vaisseaux sanguins taris par une maladie vorace, cabanes crasseuses pululant sur les carcasses de vieux cargos, jadis organes vitaux d'un monde pas si ancien mais déjà presque légendaire.

Conclusion ?
Un très bon roman, avec la mise en place d'éléments typiques de l'auteur, d'ores et déjà maîtrisés. Tout ce qu'on dira au sujet de l'auteur, en bien ou en mal, ses tics à l'excès ou ses lourdeurs, oui tout ça et même le reste, est présent dans ce texte, idéalement distillé par petites touches.

P.S : avant de s'en aller subir le grand-huit climatique d'un début d'été aléatoire, le gentil-chroniqueur tient à affirmer qu'il s'agit peut-être là du meileur récit de l'auteur qu'il ait tenu entre ses mains.
"On s'en fout, on veut du pastis."
D'accord, amenez l'eau fraîche.
Bones vacances.




Au-delà des monticules de sel, s'étendait le terrain découvert qui avait été jadis le haut banc côtier. Les anciennes dunes gisaient ensevelies sous le sel rejeté du rivage, lors des tempêtes, et les amoncellements de sable et de poussière qui retombaient des collines. Le sol sableux, grisâtre, dans lequel de rares touffes d'herbe avaient encore prise, était jonché de morceaux à demi enterrés de charpentes en fer et de diverses pièces de métal.
Quelque part, sous les pieds de Ransom, se trouvaient les épaves de milliers de voitures et de camions. Des capots et des pare-brise étaient plantés dans le sable, et pendant quelques mètres des fragments de clôture de fil de fer barbelé sortaient du sol. Ca et là, la charpente du toit d'une des villas du bord de mer abritait les ruines d'un ancien foyer.


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