Un pavé dans la tronche !

		Citation : Mais seuls certains genres conviennent aux pavés. Le space opera l'est par construction puisque l'on a besoin de comprendre, d'appréhender les civilisations, planètes, villes que l'on est à même de découvrir. Plus je lis de nouvelles, plus je trouve cela frustrant,car 95% d'entre elles me semblent inabouties. Le simple fait de n'avoir au bout du compte qu'une idée me met parfois au supplice, ça manque très souvent de richesse.

On ne peut pas mettre ça sur le même pied. Une nouvelle réussie doit être percutante, elle ne cherche pas à décrire un univers.
Prenons deux exemples de nouvelles que je trouve réussies :
1 - Les douves (The moat) de Greg Egan (in. Axiomatique) : l'univers est ici un background qui sert de simple décor, c'est à dire de lieu et de contexte dans lequel se déroule l'intrigue. Et la fin est particulièrement percutante à mes yeux. Je vois mal comment tirer un roman d'un tel texte, sans y ajouter autre chose que des longueurs.
Un autre intérêt est aussi le choix déterminant des personnages pour la construction du récit, où l'auteur marie la carpe et le lapin.

2 - Je ne suis pas sûr du titre de la nouvelle de Brown, mais elle se trouve dans Lune de miel en enfer, et il nous montre qu'un vrai space-op', un vrai de vrai avec guerre cosmique et tout et tout, peut parfaitement s'adapter à la short-short.

La nouvelle n'est pas un roman (et encore moins un cycle) baclé ou gâché. C'est un genre qui a ses et ses exigences lois propres, et ne pardonne pas : c'est réussi ou pas.

		Citation : Je ne suis pas sûr du titre de la nouvelle de Brown, mais elle se trouve dans Lune de miel en enfer, et il nous montre qu'un vrai space-op', un vrai de vrai avec guerre cosmique et tout et tout, peut parfaitement s'adapter à la short-short.

En sentinelle (Sentry, 1954)

		Citation : Plus je lis de nouvelles, plus je trouve cela frustrant,car 95% d'entre elles me semblent inabouties. Le simple fait de n'avoir au bout du compte qu'une idée me met parfois au supplice, ça manque très souvent de richesse.

hm, je vais m'abstenir de citer Racine ou Corneille, sur ce coup...
Je trouve cela dommage cette vision de la nouvelle. Moi, ce que j'apprécie dans ce genre, c'est la mise en abime que l'on trouve souvent en fantastique...
J'aime qu'une nouvelle soit comme une grande envolée, qu'elle me dérange même s'il n'y a qu'une idée. J'aime relire le texte pour conforter la sensation de malaise ou l'envisager autre...
En fait, j'apprécie la nouvelle à chute...
et une simple idée, pourvu qu'elle soit bonne fait une bonne nouvelle.

J

		Citation : Moi, ce que j'apprécie dans ce genre, c'est la mise en abime que l'on trouve souvent en fantastique...

Dorémieux, grand connaisseur et immense anthologiste, disait que la nouvelle fantastique est un art à part entière.
Les domaines de la nuit de Dennis Etchison fait partie pour moi des meilleures réussites de ce genre.

Bon, et le propre d'une nouvelle, c'est de commencer pour le lecteur là où elle prend fin pour l'auteur. Les douves d'Egan encore une fois.

		Citation : Bon, et le propre d'une nouvelle, c'est de commencer pour le lecteur là où elle prend fin pour l'auteur.

...où comment passer de la critique des pavés à l'apologie de la nouvelle (sic)

Je plussoie avec KAAN et OLIVIER

Sans chercher bien loin, j'adore la dernière phrase de TERRITOIRE de notre CSFiste de GALVIN (et si vous voulez la connaître il faudra aller la lire si ce n'est pas déjà fait !) toute simple en elle même mais si lourde de conséquences...

Je n'ai pas grand souvenir de nouvelles marquantes à part:
- Lovecraft
- WJ Williams: solip system
- Brown: quelque chose de vert
- Sterling: l'essaim

Peut être la nouvelle fantastique ne marque plus.

		Re-citation : Bon, et le propre d'une nouvelle, c'est de commencer pour le lecteur là où elle prend fin pour l'auteur

Belle formule.
Et très juste, amha.

(Bon, d'un autre côté, c'est vrai que ,comme d'autres, je suis plutôt partial sur ce coup ;-)

Salut tout le monde,

Si vous voulez mixer pavés et nouvelles, tapez vous l'intégrale des nouvelles de Silverberg, 4*900 pages on n'en ressort pas indemne ah ah.
Sérieusement, comme le disait zomver, je pense que la longueur d'un bouquin n'est absolument pas proportionnelle à son nombre de pages mais à sa qualité et à sa faculté d'immersion (plouf).
Moi rien ne me rebute à priori, je prends tout mais si ça ne me plait pas je termine en diagonale.

Et s'il fallait un ardent défenseur de la nouvelle, me voici ! Parmi mes lectures récentes, deux pépites par exemple : L'histoire de ta vie de Ted Chiang et Voile vers Byzance de Silverberg justement.

Il faut je crois alterner au gré de ses envies. Et peut-être insister, ce serait dommage de passer à côté de bons textes à cause de leur longueur.

Catégorie nouvelles, Egan est devenu en un seul recueil l'un des auteurs favoris.

Concernant l'aspect inabouti d'une nouvelle pour ce qui est du développement d'une idée, je peux comprendre la frustration d'Oman; à l'évidence, la forme courte ne peut rivaliser avec un roman (bien construit) sur ce type d'exercice.
Ensuite, comme l'a suggéré Olivier, le but d'une nouvelle peut être tout autre...

Je pense aussi que la satisfaction qu'un lecteur peut tirer d'une nouvelle, d'un point de vue spéculatif, dépend beaucoup du savoir-faire (ou de la forme du moment) de l'auteur et de la manière dont il a articulé son récit.
Il y a des années que j'ai lu Voir l'homme invisible de Robert Silverberg et, bien que je ne puisse douter que son sujet soit matière à approndissement dans un cadre plus large, j'en garde le souvenir, l'impression, que l'auteur était allé au bout de son idée.
Par contre, je viens juste de lire Le chant des leucocytes de Gerg Bear, base de son roman La musique du sang, et cette nouvelle appelait fortement à être développé en roman.
(Cela tient-il à son orientation hard-sf ?)