Uchronie ou pas Uchronie

		lacroute : Ps: Je serai très curieux de lire vos impressions autour du "Maitre du Haut-Chateau" de "qui-vous-savez"

Le maître du haut-château est la plus impressionnante mise en abyme que je connaisse depuis La vache qui rit.

		Citation : Zomver: Le maître du haut-château est la plus impressionnante mise en abyme que je connaisse depuis La vache qui rit.

Faut t'il encore arriver à la fin du dit livre.

Le maître du Haut château ah aha ah !
Vaste sujet à controverse.
Néanmoins, si on laisse de côté les appréciations diverses qui restent de toute façon subjective ( on adhère ou pas ), ce roman est très intéressant.

Mise en abyme comme le souligne zomver. Il ne fallait pas attendre de Dick une Uchronie toute simple.
Celui-ci a conçu son roman en s'inspirant de Ward Moore. Petite différence de taille : ce ne sont pas les confédérés qui gagnent mais l'Axe.
Mais là où ça devient dickien, c'est lorsque l'on se rend compte que l'Uchronie est un moyen, une fois de plus, de remettre la réalité en question. Ainsi, la question qui se pose, n'est pas simplement "et si... ?" L'Histoire est une reconstruction subjective se basant sur une réalité présente ( notre regard par le biais d'une grille de lecture ). Mais, cette réalité présente est-elle réelle ? Dans ces conditions, quelle reconstruction historique est uchronique ?
Bref, Dick dépasse le simple thème de l'Uchronie. Il l'investit, le détourne dans une magistrale mise en abyme ( vous pouvez occulter "magistrale" si vous jugez que ce terme est trop fort )

LeGaidol, tu as un mp (message privé).

LeGaidol: "Mais, cette réalité présente est-elle réelle ? Dans ces conditions, quelle reconstruction historique est uchronique ?"

Le Maitre du Haut-Chateau, écrivain de SF, auteur d'une uchronie où les Alliés ont gagné, découvre que sa réalité est un leurre et que son imagination reflète la vérité. Ultime pirouette dickienne: le livre dans le livre décrit des variations par rapport au monde dans lequel nous vivons.
L'uchronie dans l'uchronie constitue à mon sens la plus grande force du roman, son tour de force essentiel.

N'empêche, "Le Maitre du Haut-Chateau" me laisse circonspect, insatisfait. Dick étudie le versant américo-japonais d'après-guerre, effleure hélas son pendant germano-européen et c'est ce qui, égoistement, m'aurait véritablement intéressé.D'autres l'ont fait, mais peut-être avec moins de brio que Dick n'aurait pu le faire...!

Il serait intéressant de mettre en parallèle le livre de Dick et La séparation de Priest.

		Citation : N'empêche, "Le Maitre du Haut-Chateau" me laisse circonspect, insatisfait. Dick étudie le versant américo-japonais d'après-guerre, effleure hélas son pendant germano-européen et c'est ce qui, égoistement, m'aurait véritablement intéressé.D'autres l'ont fait, mais peut-être avec moins de brio que Dick n'aurait pu le faire...!

Eh oui ! On est toujours plus exigeant avec les auteurs que l'on apprécie fortement et on est tous des lecteurs égoïstes ( même moi ). D'où les controverses. Mais, discuter ça peut faire avancer le bouchon ( il faut juste éviter de le pousser trop loin )
En ce qui concerne le Yi-king d'où découle la vision essentiellement japonaise du roman de Dick, je crois qu'au moment où il écrivait Le maître du Haut château, c'était sa marotte. Une lecture de Lawrence Suttin ( Invasions divines ) peut aider à recontextualiser cela.
Sinon, la comparaison entre La séparation et Le maître du Haut château. Pourquoi pas. Faut juste que je lise le second ( ça va arriver )

Il faut quand même préciser que le Yi King est un livre chinois.

		Citation : Celui-ci a conçu son roman en s'inspirant de Ward Moore

Ce n'est pas ce qu'en dit Sutin, ni Dick d'ailleurs.

Désolé pour le Yi-king. Je vais me mettre un gage.
Par contre, page 261 du Sutin " Pour cette astuce, Dick s'est inspiré du roman de Ward Moore Autant en emporte le temps, dans lequel les sudistes qui ont remporté la victoire à l'issue de la guerre de sécession ). J'ai poussé la vérification plus loin en reprenant mon édition du roman de Ward Moore et pour retrouver de quelle astuce il s'agit. A la fin du roman de Moore, on retrouve le principe du livre dans le livre.
Donc, je me suis sans doute mal exprimé en fait. Le terme "conçu" que j'ai employé, est sans doute trop fort. Mais, il n'est pas inexact de relever le lien entre le livre de Moore et celui de Dick sur ce point.