Priest

Faudra que je relise Le Prestige car je devais trop attendre de la fin et être probablement pollué par le film. Je me lirais toutefois La Séparation avant.
Du Prestige je garde à l'esprit cette virtuosité d'écriture avec les deux journaux. Seul le dernier paragraphe m'a vraiment déçu, j'ai eu l'impression que ça ne tenait plus debout par rapport au début, que c'était moins bien ficelé que le film.

		Citation : Plus deux ou trois nouvelles qui ne m'ont pas marqué.

Priest nouvelliste, c'est avant tout L'archipel du rêve, des récits ballardiens sublimes.

Dick est plutôt paranoïaque, alors que Priest m'apparait d'avantage comme schizo, en particulier dans La fontaine pétrifiante.

Priest sait écrire.
Dick non.



Amha, patin couffin et tout ça koâ...

Je n'ai lu que le prestige de Priest et je ne l'avait pas trouvé terrible. Ce livre est plutôt captivant et bien écrit mais à la fin, j'avais l'impression qu'il y avait beaucoup de bruit pour pas grand chose. J'ai pas eu l'occasion et surtout l'envie de me replonger dans un autre de ces romans.

Dick ne sait peut-être pas écrire mais il savait joué avec la réalité de ses personnages et de ses lecteurs ( relisez Le maître du haut-château). Il savait faire entrer ses lecteurs dans la paranoïa ou la schizophrénie de ses personnages. Dick est un grand auteur.

		Citation : Amha, patin couffin et tout ça koâ...

Dick gagnant néanmoins haut la main au niveau de la densité d'idées au paragraphe carré, non..?
Agra malin mouflin et grou pà skâo..!

Passionnante cette discussion. Et bravo Lacroute pour tes hypothèses stimulantes. Je suis un peu d'accord avec tout ce qui se dit, même des choses contradictoires entre elles. C'est vrai que Priest écrit bien et pas Dick, mais il y a un côté un peu gratuit, "littéraire", précisément, chez Priest et je comprends la réaction de Stegg à la lecture de Le prestige : beaucoup de bruit pour pas grand chose, peut-être. Priest fait des expériences littéraires autour de la réalité déformée ou truquée... C'est vrai comme dit Lacroute qu'on sent une jubilation ludique chez Priest à truquer la réalité... Chez Dick on sent un besoin beaucoup plus impératif d'écrire pour objectiver sa paranoïa. Dick ne sait pas toujours très bien écrire (ses romans, parce que pour les nouvelles, rien à dire), il a fait des romans merdiques (même Ubik a des passages complètement ratés) mais c'est pour moi un très grand écrivain... Les grands de la SF sont souvent comme ça, du génie mais pas de talent. Priest a du talent, Dick du génie...

		Citation : il y a un côté un peu gratuit, "littéraire", précisément, chez Priest et je comprends la réaction de Stegg à la lecture de Le prestige : beaucoup de bruit pour pas grand chose, peut-être. Priest fait des expériences littéraires autour de la réalité déformée ou truquée...

Perso, en ayant pleinement conscience de ce que tu avances et que je partage, ce coup de peinture littéraire qui maquille peut être un certain vide science-fictif ne me déplait pas.
Je sais qu'en entrant en "priestie" ja vais goûter un écrit digne de ce nom, me faire bluffer par ce retournement de ma réalité que Priest va me faire subir, "Tour de manège" d'autant plus spectaculaire que les ingrédients vraiment imaginaires ne seront pas si nombreux que çà..!

Concernant Dick, je n'ai jamais vraiment ressenti ce coup de boutoir dans ma réalité que l'auteur impose et que beaucoup de lecteurs décrivent. J'ai vécu mes voyages dickiens comme des tableaux cliniques, une symptomatologie des dégats affectant sa personnalité. Je ne dénie pas son statut de génie mais le perçoit via cette force incommensurable qu'il a mis dans ses oeuvres pour se convaincre lui-même de sa paranoia..!

		Citation : Les grands de la SF sont souvent comme ça, du génie mais pas de talent. Priest a du talent, Dick du génie...

Très vrai,je trouve.
Les visions de Dick sont si puissante et embarque le lecteur tellement loin que l'on passe vite sur les defauts stylistiques de ses romans, les constructions bancales et les histoires SF de pacotilles plaquées artificiellement sur ses intrigues .
De plus Dick avait du génie pour faire exister en quelques phrases des personnages vraiment "humain" et très proche de nous dans leurs luttes pathétiques avec un monde qui les dépasse.
Les differences entre les deux ecrivains peuvent aussi s'expliquer par leur origine,la subtilité Anglaise,assez froide, contre l'empathie californienne.

		Citation : Concernant Dick, je n'ai jamais vraiment ressenti ce coup de boutoir dans ma réalité que l'auteur impose et que beaucoup de lecteurs décrivent. J'ai vécu mes voyages dickiens comme des tableaux cliniques, une symptomatologie des dégats affectant sa personnalité. Je ne dénie pas son statut de génie mais le perçoit via cette force incommensurable qu'il a mis dans ses oeuvres pour se convaincre lui-même de sa paranoia..!

Je plussoie oï oï avec l'ami Lacroute, j'ai ressenti la même impression clinique à la lecture de Dick.
Et je me permets de dénier son statut de prétendu génie. J'ai du m'enfiler une vingtaine de PK Dick ( dont encore 2 cette année, c'est du masochisme), et le seul que j'ai trouvé digne de figurer dans une bibliothèque idéale serait L'oeil dans le ciel. Pour le reste, c'est très surfait et surtout désagréable à lire, la plume étant vraiment rugueuse. Je trouve Ubik quelconque et le maitre du haut chateau est à l'uchronie ce que le texto est à Balzac. J'aime avoir le sens de la nuance. ;-D
Bref, j'ai lu plus de la moitié de l'oeuvre relativement prolifique de cet auteur et je n'aime pas, en toute connaissance de cause. Et je me permets de le clamer haut et fort contre vents et marées et surtout un coté trendy que je qualifierai de pur snobisme quand il vient de gens qui n'ont jamais lu plus d'un ou deux bouquins du susdit.
Mais bon, chuis réputé pour mes mauvais goûts, j'adore Vance, VanVogt, Honor Harrington, Miles Vorkosigan, je suis étanche à la fantaiziiiieee! et au NSO (pour le moment), en plus j'écoute du arde roque :)

Est-ce que Priest ne noie pas le poisson de l'illusion qu'il assène dans le flot de sa belle écriture léchée ? Il endord, travaille en souterrain, agit insidieusement au gré d'une lecture qui ronronne sans à-coups.
Est ce que ceux et celles qui l'ont lu en VO ont ressenti le même phénomène ?
Quelle est la part active de la traduction..?