Les vieux

Troisième age .

Immortalité sauce Simak en gardien de station de transit extra-terrestre ("Au carrefour des Etoiles"), stérilité à la "Barbe Grise" façon Aldiss, laits de Jouvence façon Faust et consorts, gestion "sociale" du troisième age (voir quatrième) via la noirceur pessimiste d' "Eternity Express" de Truong ou la buccolique euthanasie de "Soleil Vert", petit vieux se refusant au trépas coeur arrèté et qui n'admettra l'inévitable que face aux vers dans son mouchoir (Bloch ou Matheson).

Quelles façons la SF a t'elle choisi pour traiter nos petits vieux ? La faiblesse de leurs retraites, leurs souffrances physiques et morales, l'oubli social qui les menace, la mort de plus en plus omniprésente, la manière dont les sociétés imaginaires traitent les vieux jours et vénèrent les disparus ?

Deux romans me viennent immédiatement à l'esprit concernant le troisième age, Le vieil homme et la guerre et sa saga de John Scalzi et Des vacances inoubliables (excellent bouquin au demeurant) de Kit Reed.

Sinon, il y a Ravage de René Barjavel où les aïeux sont présent, quoique qu'au demeurant un peu refroidis si je me souviens bien.

Dans L'Âge de Cristal, on n'a pas l'occasion de devenir vieux.

Il me semble aussi que l'on meurt jeune dans Le temps du twist, avec son effrayant peintre.

"A jouer aux immortels on finit par y croire, mais le sablier de notre âge n'est pas retenu pour autant, s'écoulent les heures, les cheveux grisonnent sans qu'il y paraisse"
Michel Grimaud-L'Arbre d'Or-PDF

"Un de ces heureux vieillards avec du miel doré dans les veines, au lieu d'un aigre jus d'angoisse et de rancoeur."
Michel Grimaud-L'Arbre d'Or-PDF

"Je suis une momie...A mon âge, on ne pourrit plus, on se dessèche comme un insecte. On a la politesse des cadavres propres. Je me serais changé en mannequin de cuir, en vieux foetus épaissi." Serge Brussolo - Abattoir Opéra

Y avait une trilogie de G. Morris au Fleuve Noir sur des vieux voyous. L'un des titres était Vieillesse délinquante.

Dans une nouvelle de Bloch, un vieux monsieur retrouve une seconde vie au moment du trépas en s'incluant à son envie dans les pelliculles hollywoodiennes du cinéma américain. Tout à tour pique-assiettes figurant anonyme au cours d'un banquet d'Ivanhoé, l'homme qui fait coucou à la caméra sourire aux lèvres dans l'arrière-fond d'un saloon de western en liesse, celui qui retrouve son épouse défunte il y a si longtemps figurante jusqu'alors solitaire au premier plan d'un public de comédie musicale et maintenant à la taille enlacée, l'un est vieux, l'autre est jeune et belle, quelle importance si l'amour est toujours là.

PS: ces exemples ne sont là que pour préciser le topo. Je n'ai pas la nouvelle sous les yeux et je ne me souviens même plus de son titre.

Heurtant le paradoxe, le voyage dans le temps réunit le moi jeune et celui de fin de vie, le second tentant toujours d'imposer l'expérience pour éviter les éceuils à venir au premier. SF tarte à la crème maintes fois rencontrée, problématique quelquefois contournée en arguant du fait que les deux mois ne peuvent sans dégats se rencontrer.

Mais bongu, si du rêve à la réalité le possible s'imposait, quel homme pourrait se soustraire en n'offrant pas leçon à son moi antérieur.

Quand je songe aux affres de la vieillesse, j'en reviens toujours à la fin, poignante, du 334 de Thomas Disch
Bien entendu, je ne saurais dévoiler ces dernières pages...


... ni celles des courtes nouvelles suivantes :
Le test (ou L'examen, suivant les traductions) de Matheson père
Photos souvenirs de Matheson fils

+ une nouvelle de Buzzati : Chasseurs de vieux


>> lacroute : après vérification, la nouvelle de Bloch sur le vieux monsieur amoureux de cinéma est Le monde de l'écran et celle sur le grand-père qui refuse de mourir (également de Bloch) est La maladie des entétés.
Toutes deux sont dans le recueil La boîte aux maléfices.

Dans le fameux recueil de nouvelles le petit garçon qui voulait être mort, de Andrevon, il me semble bien qu'il s'en trouve une sur l'éradication militaire de ces vieilles branches pourrissantes.


D'ailleurs, la chute, quoi que attendue, est très belle.

Un brin de souvenir effleure ma mémoire sans vraiment s'en dégager. N'existe t'il pas une nouvelle ou un roman de Dick ("En attendant l'année dernière" mais rien n'est sur ?) qui met en scène en background un président à l'étonnante longévité , toujours frais toujours beau, toujours efficace, toujours rassurant, toujours patriotique, toujours outrageusement médiatisé ?

Oui, Bloch, merci Jim. Je l'ai toujours confondu avec Matheson.

Je suis sûr que les nanotechnologies imaginaires ont enfermé les âmes défuntes pour en restituer les expériences, les conseils à la demande. Il me semble qu'Alistair Reynolds envisage un cas dans ce sens dans "L'Espace de la Révélation". Idem dans "La jungle Hormone" de Reed.

Clonages de jouvence ? Emprunts de corps jeunes par les esprits de riches vieillards daubés ? Le thème des greffes clandestines ne rejoint t'il pas la déchéance des corps ?

C'est d'un gai tout çà..!