Le Nobel de littérature pour...

		Morca : Sur un forum où ont été tant de foi adorées les grenouilles, j'espère qu'on ne tapera trop sur le crapaud à l'oeil torve - mais pas l'autre. Je ne peux pas être plus sérieux, mes lectures de Sartre datent de ma jeunesse. Il m'en reste peu est la seule chose d'évident.

Croâ croâa
(spéciale Guillon)

Ceci dit, il n'empêche qu'il est bien difficile de trouver des auteurs SF vivants qui mériteraient le nobel ^^

En tout cas pour les grenouilles moi je veille toujours ... alors hein faites gaffe
Quand au Crapaud rien ni personne ne remplacera jamais le notre (
ici )

Il y a une chose qui me fait horreur dans l'engagement, c'est justement quand quelqu'un prétend être dans le camp du bien, et détenir la vérité, et par conséquent de nous dire quoi penser.
Le débat entre Sartre et Camus sur le goulag en est à mon sens exemplaire. Camus refusait en bloc les goulags, Sartre lui reprochait de faire le jeu de la bourgeoisie.
Je préfère quelqu'un comme Orwell, dont Hommage à la Catalogne reste l'un des sommets de la bonne littérature engagée. Le bonhomme est d'une honnêteté comme on n'en a peu vu, sans parler de sa lucidité. Beevor lui rend d'ailleurs hommage dans La guerre d'Espagne.

Par son humanisme et sa "qualité de plume", Bradbury aurait quelques atouts
(et puis certains de ses ouvrages, comme Fahrenheit 451, ont été salué au-delà des critiques du genre)

Le Guin, par son approche ethno/anthropo/socio-etc

Priest? A voir... plus tard.
(il lui manquerait peut-être un roman qui fasse une percée remarquée à l'international)

Pynchon? Eventuellement...
Mais serait-il vraiment plus perçu SF que Lessing ou Saramago?


Et pour Ballard, c'est trop tard, hélas. Trois fois hélas :-(

		Citation : Priest? A voir... plus tard. (il lui manquerait peut-être un roman qui fasse une percée remarquée à l'international)

En même temps, le Nobel n'est pas censé récompenser des gens célèbres. Je me souviens par exemple de Seamus Heaney, pas vraiment une super-star.
Alors Priest, oui et mille fois oui. S'il n'a pas de roman qui a percé, c'est plus la faute du public, car La séparation ou La fontaine pétrifiante le méritent assurément.

		Citation : Et pour Ballard, c'est trop tard, hélas. Trois fois hélas :-(

Mouais. Je trouve que sa Trilogie de béton a été son champ du cygne. Ses histoires de bourgeois en révolte m'ont un peu gonflé, puisque c'est toujours la même chose, seuls les décors changeaient.
Par contre, je partage pleinement l'avis de Priest : Ballard restera un immense nouvelliste !

		Olivier : Seamus Heaney, pas vraiment une super-star.

Mais, si Wiki ne me trompe pas, il avait des atouts dont Priest ne dispose pas (il a ses siens propres, bien sûrs) : un rapport à une situation politique sensible (le conflit nord-irlandais), une chaire à Oxford (je ne sais pas si ça joue vraiment mais je doute que ça le déserve)...

		Olivier : La séparation ou La fontaine pétrifiante le méritent assurément [,de percer à l'international]

+1

		Olivier, au sujet de Ballard : Je trouve que sa Trilogie de béton a été son champ du cygne

Pas tout à fait d'accord, parce je compte ses nouvelles, justement, et j'ai beaucoup aimé son recueil Fièvre guerrière (avec des textes s'étalant de 1975 à 1990)

Concernant ses derniers romans, je compte quand même tenter Que notre règne arrive, paraît-il meilleur que les précédents...
(mais pas tout de suite : c'est bête mais je tique sur la couverture de l'édition de poche)



PS : le 2ème tome de l'intégrale des nouvelles de Ballard vient juste de sortir chez Tristram

Personnellement je reste sur mon idée de Richard Matheson, bien entendu c'est uniquement parce qu'il est encore vivant, il a réussi à allier la Science Fiction d'Anticipation avec une véritable réflexion sur les nouvelles formes de systèmes de valeur de la société américaine de l'époque. En seconde position, je verrais bien Banks, qui, grâce au cycle de la Culture nous impose de nous questionner sur notre Ethnocentrisme occidental, mais également sur les diverses formes de tolérance et les facettes perverses de la sociologie.

		Citation : Pas tout à fait d'accord, parce je compte ses nouvelles, justement, et j'ai beaucoup aimé son recueil Fièvre guerrière (avec des textes s'étalant de 1975 à 1990)

Tout à fait d'accord. J'aurai dû préciser que je parlais des romans.

Matheson a aussi apporté une dimension intimiste, dont la sf était peu coutumière avec L'homme qui rétrécit.

Toute l'œuvre de Matheson est plutôt intimiste, j'irais presque jusqu'à dire Minimaliste (pas de mauvais jeu de mot avec l'homme qui rétrécit), il va au cœur du sujet, offre la possibilité de nous projeter à l'intérieur de personnages totalement différents de nous (de par leur psychologie, mais aussi leur destinée), et il y a une sorte de pouvoir anarchiste incroyable dans ces individus, comme s'ils nous démontraient qu'au bout du désespoir, il y avait toujours une solution raisonnée, quoiqu'un peu empreinte de folie, mais finalement humaine, et simple.

Il tronque la dimension très globalisante de la Science Fiction, qui touche la plupart du temps des peuples entiers, pour pénétrer des terres plus humanistes, il a apporté un changement radical dans la mise en scène de la littérature fantastique, et a influencé beaucoup d'œuvres contemporaines, principalement cinématographique (Matheson à quand même été à l'origine de maints scénarios de séries (Star Trek) et de films (Duel, pour ne citer que lui) ses rapports avec le cinoch sont importants). Rien que la vague nouvelle du cinéma d'horreur est entièrement basée sur des concepts Mathesoniens.