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| | Jim :
Au départ, ce qui m'intéresse, ce sont vos coups de coeur de cette période, auteurs et textes |
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Bon, eh bien
Jim, si tu nous mets à l’aise comme cela alors je vais y aller de mon petit couplet sur le
cyberpunk tant pour moi cette période des 80’s/90’s représente
avant tout les années
cyberpunk. C’est d’ailleurs à
William Gibson et
Bruce Sterling que je dois d’être revenue à la SF après quelques années d’abandon total.
La mouvance
cyberpunk a probablement modifié ma façon de voir bien des choses en bousculant assez sévèrement certaines de mes convictions… J’ai clairement commencé à regarder les rebelles au
Système sous un autre angle que celui de l’incrédulité et de l’
à-quoi-bonisme.
Quelque chose comme de l’admiration, sans doute.
Certes, pour moi, le héros cyberpunk demeurait une sorte de mercenaire ne nourrissant guère d’illusions sur ce qui l’entourait, un individu parfois sans scrupules mais comment reprocher cela à quelqu'un pleinement occupé à survivre (La phrase de
Mark Twain:
"Principles have no real force except when one is well-fed" pourrait d'ailleurs presque s'appliquer...) ?
Ce qu'il me faisait entrevoir, c'est qu’il était possible de faire des bras d’honneur au Système. Plutôt qu’être victime de la technologie, il se l’appropriait, se fondait avec elle. Il détenait une connaissance et donc un pouvoir lui permettant de rester - dans sa tête - un rebelle. Bien sûr, le pendant de tout cela, c’était son aliénation via une espèce de dépendance vis-à-vis de la technologie qu’il maîtrisait.
Progressivement, il m’est apparu indispensable que ce type de rebelles existe, ce type de contre-pouvoir. Arf ! Il m’a fallu tant (trop ?) de temps pour percuter sur cette évidence…
Beaucoup de subjectif là dedans …
A cette découverte que fut pour moi cette mouvance de la contre-culture, j’ajouterais que je dois à la littérature
cyberpunk, (mais aussi à la littérature
pre- et
post-cyberpunk) d’avoir pris conscience des impacts possibles des technologies du virtuel. Je vois partout des gens – au demeurant fort cultivés - complètement "à la masse" sur ce sujet. Quand je dis "à la masse", je ne veux pas dire
qu’ils ne tâtent pas du mulot comme tout le monde, je cherche juste à exprimer qu’ils n’ont absolument pas pris conscience que dans ce domaine, certains tournants majeurs vont sans doute être pris même si on peine à deviner ce qu’ils vont être. Bref, la fameuse
"convergence NBIC" et la non moins fameuse singularité de
Vinge ne tracassent pas encore grand monde. Et pourtant…
Pour conclure, vraiment, il me semble que
Sterling et
Gibson sont à lire.
Neuromancien , pas
Neuromancien, je ne saurais dire même si j’ai complètement
percuté sur ce bouquin mais peut-être conseillerais-je plutôt le recueil de nouvelles
Gravé sur chrome pour découvrir l’univers glauque du
cyberpunk et puis
La schismatrice basée sur l'exploration par des voies différentes de certains aspects de la transcendance technique.
Que ce soit en opposant les
viandards et
les branchés comme
Gibson ou les
mécas et les
morphos comme
Sterling, le
cyberpunk "quelque part" commence à nous annoncer une espèce de
" post-humanité". Enfin, ce n’est que mon avis, hein.
Bien sûr
Gibson et
Sterling sont loin d’être les seuls auteurs
cyberpunk mais franchement ce serait dommage de ne pas lire leurs textes d’autant que - les détracteurs de cette littérature vont sans doute hurler - je leur trouve une puissance évocatrice empreinte d’une sombre poésie et parfois même non exempte de connotations métaphysiques.
Fin de la plaidoirie, Votre Honneur.
Ne me tirez pas trop dessus. On parle de
"coups de cœur", là…