La folie, un thème récurrent en SF

Il me semble que la folie a toujours occupé une place particulière dans la société. On s’y intéresse certes mais on la craint et il me semble qu’elle embarrasse plutôt la population normale gaussienne. Pourtant, force est de constater à travers d’illustres exemples que de Nietzsche à Artaud en passant par Van Gogh, la folie sait penser, créer et révéler.

L’individu lambda, comme moi, peine à savoir où elle commence réellement et s’interroge : l'"anormalité mentale" n’est-elle pas trop souvent déjà considérée comme de la folie ? Toute folie doit-elle être soignée ? Quand la folie devient parfois normalité (On a connu des dictateurs fous…), quelle est alors la nouvelle définition qui lui est donnée ? Je ne dis pas cela pour rentrer dans un discours politique - ce que je ne souhaite absolument pas faire - mais juste pour souligner la relativité de cet état bien particulier qu’est la folie et de notre subjectivité à l’apprécier.

La littérature générale consacre une place non négligeable à ce thème de même que la philosophie, qu’en est-il, selon vous, de la littérature de science-fiction ?
Des habitants de la lune alphane [1] à John Stolker [2] en passant par Tom O’Bedlam [3], Andreas Schaltzmann [4] ou un idiot de village [5] pour ne citer que quelques exemples, j’ai le sentiment, pour ma part, que folie et "anormalité mentale" occupent une place de choix dans la science-fiction. Nombreux, en effet, sont les auteurs de SF qui ont clairement su en faire un outil spécifique de réflexion.

Comment selon vous la SF s’est-elle approprié ce thème ? Si l’on devait réunir des textes (nouvelles ou romans) pour faire une anthologie SF autour de ce sujet, quels titres choisiriez-vous et pourquoi ?

Vous avez quatre heures.

Nan, je rigooole ! Si vous n’avez pas envie ou pas le temps de vous prendre le chou, donnez les références qui vous viennent à l’esprit sur le sujet. Je suis preneuse. Merci d’avance.

[1] Les clans de la lune alphane - Ph. K. Dick
[2] Meddik - T. Di Rollo
[3] Tom O’Bedlam – R. Silverberg
[4] Les racines du mal – M. G. Dantec
[5] La croisade de l’idiot – C.D. Simak

Comme exemples je pense a:
- Le meilleur de mondes de Huxley où la folie et la santée mentale sont quelque peu différent de nos standards.
- La profondeur des tombes de Di Rollo
- Limbo de Wolfe

Au final je trouve qu'il y a deux approches de la folie. Celle qui la présente comme définie par la société, le contexte et donc qui est question de point de vue. Ce qui sert de point de départ à une rélexion. On a une vision externe de la folie, détachée.
Mais aussi la folie qui permet de s'échaper d'une réalité trop lourde et
d'ouvrir une nouvelle réalité. La vision de la folie est interne, on la partage avec le personnage.

Hors sf, l'incontournable Histoire de la folie à l'âge classique de Michel Foucault.
Ainsi que les travaux de Ronald Laing et David Cooper, antipsychiatres qui ont singulièrement renouvelé l'approche de la folie. Leurs travaux méritent d'être lus pour être discutés.
Nadja d'André Breton, très bon livre sur la folie (et puis j'aime beaucoup Breton, immense poète).

En sf proprement dite, on pourrait citer tout Di Rollo.
Lovecraft aussi, chez qui les héros deviennent souvent fous.
Les plus qu'humains de Sturgeon pour la trisomie 21.
Priest bien sûr : La fontaine pétrifiante pour la schizophrénie.
En sa tour Anabelle (in. Le monde tous droits réservés) de Claude Ecken, incontournable pour tout fan de Sturgeon. Et de toute façon, le livre est incontournable pour tout fan de sf. Du même encore, Enfer clos.
La folie chez Ballard aussi, avec Crash et IGH, voire aussi le très moyen Millenium pepole.
Un auteur peu connu mais très bon : Jérôme Leroy avec sa Monnaie bleue, diablement construit.
Brussolo aussi (désolé) avec Ce qui mord le ciel....

La folie est aussi un thème fort du fantastique, comme dans Les domaines de la nuit de Dennis Etchison.

Enfin, pour les amateurs de roman noir : Thierry Jonquet qui, avec Mygale ou Mémoire en cage, sans parler de Moloch, se révèle incroyablement meilleur que Dantec. Un incontournable.

J'oubliais aussi Palahniuk, sur la folie sociale us, avec Fight club, Survivant ou Choke.

2001 !!!

Dr Jekill et Mister Hyde de Stevenson aussi avec le dédoublement de personnalités poussé à son paroxysme

Ah ! Merci pour vos réponses ! Je vais les compiler pour voir ce qui peut en sortir.

Quelques réflexions déjà, à la lumière de vos posts:

- La folie ou l’aliénation dominante (Ex : Limbo)
- La folie/ "l'anormalité mentale" comme un potentiel différent (Ex : Les plus qu’humains)
- La folie conséquence de l’insupportable (Ex : La mort blanche, La profondeur des tombes)
- La folie du type "Je est un autre" (Ex : La fontaine pétrifiante)
- La folie du psychopathe ( Ex :Les racines du mal)

Exemples non exhaustifs of course !

Hé ! Hé ! Ca se précise… On pourrait faire une belle anthologie (en 20 tomes)!

Je réfléchis sur HAL9000. J'ai du mal à m'autoanalyser. ;D

N’hésitez pas à ajouter des titres/commentaires si vous en avez d'autres, ça m’intéresse. La journée que je viens de passer me montre que la folie ordinaire devrait être un thème porteur…

PS Concernant La Mort blanche, je signale que l'on peut trouver ici la chronique de Culture SF.

PPS Décidément, il me faut lire Claude Ecken !

Oh que oui.
Et toi qui lit peu de nouvelles, je te conseille quand même son recueil Le monde tous droits reservés.
Les deux seuls romans que j'ai lu de lui (L'abbé X et Enfer clos), bien qu'excellents, m'ont vraiment secoué tellement c'est hard.
Ces nouvelles par contre, sont des merveilles d'intelligence, que l'on peut lire à tout âge ou presque (il faut parfois un tout petit fond de culture générale).

		Citation : Je réfléchis sur HAL9000. J'ai du mal à m'autoanalyser. ;D

Celui de 2001 ou de 2010?

		Ombre : Celui de 2001 ou de 2010?

2005, bien sûr ! Mais tu m’as déjà posé cette question dans un univers parallèle, n’est-ce pas ? Alors je vais te faire une réponse différente dans cet univers-ci :

Dans 2001, le délire paranoïaque de HAL9000 trouve ses origines dans la programmation contradictoire qui lui a été imposée : il n’est pas programmé pour mentir mais il doit cacher à l’équipage de Discovery l’objectif réel de la mission. Bien qu’ayant atteint un niveau de conscience, HAL9000 est perturbé par cette contradiction. Je ne sais plus qui a écrit cette phrase que je cite de mémoire : "When Hal kills, who’s to blame ?"

Dans 2010, le Dr Chandra réanime HAL. La contradiction est supprimée et c’est d’ailleurs grâce à HAL que le Leonov pourra retourner sur Terre si je me souviens bien.

Cette réponse te convient-elle ? Je n’ai que celle-là à proposer pour l'instant.