L'an 2000 et au-delà...

La première décade du XXIe siècle vient de s'écouler.
Nous avons vécu l'an 2000, et puis 2001 sans trop voir se réaliser ce qu'avaient prédit Jules Verne et Arthur Clarke.
Le monde a changé : internet, la Chine puissance spatiale.

Folio SF est apparue en 2000, Lunes d'encore a pris son envol, Calmann Levy se relance dans l'imaginaire, Bragelonne est devenu un éditeur quantitativement incontournable, Ailleurs et demain a soufflé ses 40 bougies.

On a commencé à parler de NSO, de retour des zombies et des vampires, on a vu se développer le phénomène Harry Potter, le raz-de-marée des sagas fantasy, l'adaptation du Seigneur des anneaux, d'Asimov et Matheson au ciné.
L'apparition de nouveaux talents comme Richard Kelly.
On parle aussi d'un renouveau de la sf française, avec Damasio, Beauverger...

Et vous, quel bilan tirez-vous des années 2000 ? Qu'est-ce qui vous a marqué ? Déçu ?

		Citation : La première décade du XXIe siècle vient de s'écouler.

Non.

Pour deux raisons.

Je pense qu'Internet est la grande "révolution" du XXIème siècle avec tout ce que ça entraine.
Dématérialisation de la musique du cinéma et des livres, le savoir binaire, l'accès à l'information mondial en quelque seconde.
Bientot la voiture électrique ou à hydrogène, les avancés dans le domaine médical...
Bref voila

		Citation : Non. Pour deux raisons.

La première c'est que le XXIème siècle a commencé en 2001. La seconde c'est sans doute que la première décade du XXIème siècle s'est arrêtée le 10 janvier 2001 à minuit...

		Citation : Pour deux raisons.

C'est quoi la deuxième ?

je suppose que c'est pace que decade=10 jours. Mais bon, on a tous compris le sens du message d'Olivier.

		Citation : On parle aussi d'un renouveau de la sf française, avec Damasio,

Je me permets de glousser.

Au temps pour moi, je voulais bien sûr parler de décennie.
Je sais bien que le XXIe siècle a commencé en 2001. Mais l'an 2000 était une date symbolique en sf bien avant 1968.

Et vous, quel bilan tirez-vous des années 2000 ? Qu'est-ce qui vous a marqué ? Déçu ?

Ce qui m'a déçu ? En lisant des oeuvres de Cesbron datant de 54, je retrouve exactement les mêmes préoccupations qu'il y a 50 ans, Pauvreté, inégalité, césure du monde...
Alors, je ne vais pas aller me pendre pour autant, mais je trouve que la société humaine est en panne.
Globalement, deux modèles : l'économie à outrance avec ses laissés pour compte qui finissent par crever, le fanatisme religieux avec ses laissés pour compte qui finissent par se buter en emportant quelques personnes dans la tombe.
Les deux "systèmes" ne peuvent pas se blairer.

Je trouve que l'on vivait mieux dans les années 90, que depuis une paire d'années, la facilité de parler , le débat tourne à vide. Parce que tout va trop vite. On voit un truc, il est immédiatement disponible, on oublie le recul. On commente.

Maintenant au niveau des litt de l'imaginaire, je pense qu'on est à la croisée des chemins, les révolutions induites par internet et les nouvelles technologies ont happé l'être humain comme l'engrenage dans les temps modernes happait Chaplin. Bref, on télécharge des films, des musiques, on joue en ligne, on tchatte, on a moins de temps; MAIS ce n'est que du vent.
Un paravent opour cacher la vacuité qui nous guette ?
Pour le livre, je ne sais pas quel sera son avenir.
Perso, ca me gave de lire sur un écran et je préfère du papier. Là, je me fais les classiques (Wells, Ray...).
Je crains que le livre électronique ne conduise ipso facto à du "je pirate, l'oeuvre c'est gratuit" et que donc à terme ce secteur s'effondre totalement.


Mais je vous aime tout de même.

^-^

Plutôt assez d'accord, en passant...

Je suis de ton avis, Kaan.

		Olivier : Et vous, quel bilan tirez-vous des années 2000 ? Qu'est-ce qui vous a marqué ? Déçu ?

Je pense à la librairie Album à Toulouse, qui voit la plus grande partie du magasin dédiée à la littérature SF remplacée par les mangas: Cathy Martin, la libraire très "culturée" SF, est maintenant confinée dans un couloir. Coté fantastique, je me souviens de la coupe du monde de rugby 2007 retransmis sur les écrans géants à Toulouse, et de ce quart de finale contre les All Blacks. :-)

Il y a quelques mois, je regarde ceci:


Et, j'en suis resté ébahi. Cette standardisation des entreprises est sidérante. Et, je ne doute pas (faute de les avoir lues) que je trouverai dans les œuvres de SF de cette décennie les préoccupations mises en relief par ce documentaire. Les conditions des télétravailleurs auraient été, à mes yeux, un sujet très intéressant sous la plume de
P.K.Dick, traités dans un contexte futuriste, et mêlés à ses obsessions ; celles de shunter illusions et réalité. En effet, de nombreux télétravailleurs sont sommés d'aimer une entreprise qui les traite comme des robots.

Ce que nous avons à y perdre:

Dear Joan, The Philip K. Dick Society-Newsletter n°4:

"La recherche instinctive du sens de sa vie est le principal besoin que puisse éprouver un homme. C'est pour lui ce que sont la nourriture et l'eau pour un animal. Lui enlever ça, c'est comme le priver de sa vie. Ce qu'il a fait, ce en quoi il croit, ses buts, ses valeurs, tout ce qu'il y a de noble et de vil en lui, ce qu'il y a de bon et de mauvais en lui, ses faiblesses et ses forces; à l'égout tout ça si le fin mot de l'histoire est: pas de pot, connard. Tout ça est le fruit du hasard. Ca ne va nulle part. Tu t'es fatigué pour rien. Tu trimais quand tu pensais accomplir une tâche; tu étais utilisé quand tu pensais servir. L'univers ne fait aucun cas de toi, pauvre type; il t'utilise puis te met au rancard. Au rancart! Pauvre cheval; pauvre animal dévoué. Pourquoi a-t-il fait tout ce qu'il a fait? Qu'a-t-il reçu en récompense de ses services? "

Youl could be wrong: (Bloch)

"...Peut-être qu'ils sont tellement habitués aux choses factices qu'ils n'arrivent plus à faire la différence. Il se peut qu'il y ait quelque part un point d'équilibre. Tant que 50 % de notre environnement demeure réel, nous sommes tranquilles. Nous parvenons encore à le reconnaître, à l'utiliser comme référence pour apprécier ce qui nous entoure. Mais quand il ne reste même plus 50% -- quand plus de la moitié des choses que nous voyons, ou entendons, ou disons, ou faisons, ou possédons, ou éprouvons, est faux --, alors comment peut on savoir?... Si tel était le cas, alors le monde réel pourrait bel et bien disparaître sans que nous ayons le moindre soupçon. Parce que toutes les illusions que nous avons pris l'habitude de considérer comme étant la réalité demeureraient."


Le Maître du Haut Château: (PKD)
"...nous vivons dans un monde psychopathologique. Les fous sont au pouvoir. Depuis quand le savons-nous? Avons nous regardé la situation en face? Et combien sommes-nous à le savoir? En tout cas, pas Lotze. Peut-être que lorsqu'on sait être fou, on ne l'est pas. Ou bien devient-on finalement sain d'esprit? On se réveille? Je suppose que peu de gens sont au courant de cela. Des personnes isolées, un peu partout. Mais les grandes masses...que pensent-elles? Ces centaine de milliers d'êtres qui vivent dans cette ville. Croient-ils habiter un univers de gens sains d'esprit? Ou bien devinent-ils, entrevoient-ils la vérité...?"


Les auteurs seront-ils encore capable d'écrire des utopies? Le genre ne doit-il pas disparaître puisque, aujourd'hui, tout a propension à tourner mal. A ce propos, ElJusticiero a fait l'écho d'Il est parmi nous de Spinrad, avec beaucoup d'enthousiasme. Spinrad parle de La Crise de Transformation, une perspective optimiste, nous allons peut-être vers un avenir meilleur.

J'espère que nos auteurs de SF trouveront encore le temps d'écrire, et de notre coté, que nous trouverons le temps de les lire.... Quand nous revenons de l'atelier ou du bureau avec les nerfs en vrac et plein de factures dans la tête, je suis de moins en moins sûr que nous trouvons encore le cœur à faire ce que l'on veut.