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Hum ! Beaucoup de choses dans ce thread...
Verbeux contre Idées vous dites ?
On en trouve aussi beaucoup outre atlantique. Je crois qu'un Orson Scott Card, malgré ses indéniables qualités, est parfois verbeux au point d'en être gênant, surtout dans Xénocide selon moi... de même pour un Dan Simmons avec son Endymion qui se résume facilement dans le premier chapitre du suivant. Où David Brin dans son cycle de Rédemption, plein de bonnes idées -- et agréable car rattaché au cycle de l'Élévation -- se perd parfois dans une diarrhée verbale qui pourrait laisser penser que l'auteur était payé au mot.
Quant aux idées... on en trouve aussi par chez nous. Que ce soit Un animal doué de raison de Robert Merle, Les particules élémentaires de Michel Houellebecq ou Reproduction Interdite de Jean-MIchel Truong, on là des romans qui ne rougiraient pas à côté d'un John Brunner. Des romans ambitieux et novateurs qui montrent qu'en France aussi on sait faire de la SF à idée -- si tant est que ce concept ait un sens.
Alors, opposer le village gaulois à l'empire anglo-saxon de la SF ?
Je pense que c'est là une erreur majeure... de mes expériences de lecture, j'ai surtout apprécié la SF française quand elle ne cherche pas à se donner des airs d'Amérique, à quelques exceptions près. C'est d'ailleurs une des raisons qui me font adorer Barjavel : il est très français, tant dans ses thématiques que dans son style. Chose que j'ai retrouvé chez Andrevon avec Gandahar ; dans une moindre mesure avec Défricher la la trame de Dunyach ; ou encore chez René Fallet avec sa Soupe aux choux.
C'est une certaine poésie du texte qui vient en appui d'idées intéressantes surtout centrées sur le merveilleux, plus que sur une volonté d'illustrer un aspect scientifique... bref ! Plus fiction que science.
Et le Ghetto dans tout ça ?
Ben pour moi, le mur du ghetto de la SF par chez nous, je dirais qu'il est aussi bien entretenu de l'intérieur que de l'extérieur. Pour l'intérieur : y à qu'à voir comme un auteur peut être décrié ou simplement ignoré poliment dès qu'il franchit le cap du grand public. Côté extérieur, une œuvre estampillée SF n'est pas considérée comme de la sous littérature, elle n'est pas pas considérée comme littéraire tout simplement.
C'est d'autant plus triste que la SF a gagné le combat des idées au XXe siècle. Notre monde est SF et même les œuvres mainstream en ont intégré des aspects sans le dire (cf. Houellebecq cité plus haut)... Mais je crois qu'une grande partie du mal vient de la définition de la SF. Pour le fan, elle est large, pour le grand public elle est réduite à une iconographie Star Trek ou Star Wars : vaisseaux spatiaux et lasers ; la SF gadget quoi. Le pire, c'est qu'une partie des fans soutiennent comme de qualité égale à de la SF plus littéraire cette SF gadget, brouillant encore plus la lisibilité du genre par un grand public largement acculturé sur ce point.
Pour conclure, je dirais que la SF française n'est jamais aussi bonne que lorsqu'elle est française que ce soit dans le merveilleux au sens Méliès, la poétique du texte ou toute autre particularisme... et ambitieuse ; et qu'elle ne cherche pas à singer les cousins anglais ou américain.
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