J’ai réussi à avoir un exemplaire non pilonné de cette réédition folio SF (N°239) ! En état pas génial, je le concède mais c’est mieux que rien ! ^_^
Pour info,
voici la couverture :
… et la quatrième de couverture:
Beaucoup de choses à dire sur ce bouquin. Désolée
TOUKO, je sens que ce post va être intolérablement long… :]
>>>>>>Mon avis sur Le seigneur du Svastika d’ Adolf Hitler
Le Seigneur du Svastika d’
Adolf Hitler a beau être de la SF (post apocalyptique), c’est aussi un roman caricatural qui remplit pleinement certains critères de l’
héroïc fantasy pouet pouet.
L’héroïc fantasy est certes LA littérature de l’invraisemblance mais là, trop, c’est trop.
A l’instar de l’auteur de la postface du roman,
Homer Whipple, je pense que l’idée de défense d’une quelconque pureté raciale érigée en ligne de parti ne tient pas la route une minute ! Qui pourrait croire à un truc aussi délirant, dites-moi ? L’idée est à ce point inconcevable qu’elle en devient ridicule ! Tssss ! Même dans un roman de SF/fantasy, on a du mal à l’accepter ! C’est plus facile de croire à l’existence des elfes !
Non, tout de même ! A titre d’exemple, c’est vraiment nous prendre pour des gamins d’essayer ainsi de nous faire croire qu’un discours
neuneu incitant à la haine, un peu de cirque et de déguisements puissent galvaniser toute une foule comme c’est le cas dans cette histoire !
Choisir, qui plus est, le Svastika comme symbole est osé, nan ? Vous ne trouvez pas ? Nous savons tous que ce symbole est celui de l’illumination intérieure et qu’il est aujourd’hui devenu symbole de la sagesse. En faire l’emblème d’une poignée de singes motorisés soucieux de pureté raciale relèverait presque de l’insoutenable si ce n’était, qu’ifni en soit ici remercié, de la pure fiction
...
Il est vrai que je n’ai personnellement jamais apprécié les piètres idées de cet auteur. Dans son roman
Demain, le monde et d’une façon encore plus évidente dans
La race des maîtres,
Adolf Hitler développait déjà cette idée de pureté raciale et j’avais pensé que le flop qu’avaient fait ces livres était dû à cette trop grande invraisemblance que je dénonce plus haut. Que
Le Seigneur du Svastika ait reçu en 1954 le prix
Hugo en dit long sur l’état de déliquescence des littératures de l’imaginaire de cette époque probablement trop axées sur de la SF/fantasy de pacotille.
Du même auteur, je crois avoir préféré
Les bâtisseurs de Mars encore que ce roman soit facilement balayé par d’autres lectures sur la planète rouge :
Les aventures de David Starr qui relèvent du space opera sympa, devraient réjouir les amateurs.
Asimov en est l’auteur.
Vous ne connaissez peut-être pas
Asimov et vous n’êtes pas les seuls car force est de constater que cet écrivain est resté un parfait inconnu dans le monde de la SF. Si à l’époque les prix
Hugo avaient été attribués à des écrivains qui le méritaient, je suis sûre qu’
Isaac Asimov aurait pu connaître le succès et écrire autre chose que les aventures de David Starr.
Pour résumer, on ne m’enlèvera pas de l’idée qu’
Adolf Hitler est un écrivain médiocre et qu’il aurait mieux fait de s’en tenir à ce qu’il savait à peu près faire : l’illustration. Même si certains (dont je fais partie) n’ont jamais crié au chef d’œuvre, il faut reconnaître que les magazines SF
Amazing Stories qu'il a illustrés sont aujourd’hui devenus des
collectors. Ce n’est pas pour autant qu’il faut gaspiller votre argent à acheter
Le Seigneur du Svastika., lisez plutôt
Rêve de fer de
Norman Spinrad. ;)))
>>>>>>Mon avis sur Rêve de fer de Norman Spinrad
Ce livre est KOLOSSAAAL. ENAURME.
Mon esprit moyen l’a beaucoup apprécié. ;)
Ceci dit, je suis complètement d’accord avec
Sandrine : il y a des risques que cet ouvrage soit pris au premier degré et puisse même être apprécié par les malades de la peste brune. Et si tel était le cas, la donne n’en serait pas changée pour autant car cela ne pourrait pas exacerber plus qu’ils ne le sont déjà chez les nazillons, ces mèmes de la haine dont
Roland C. Wagner parle dans la préface de ce livre. (Notons au passage que ladite préface a le mérite d’être explicite et de balayer toute ambiguïté et non je n'ai pas reçu de chèque de
RCW pour écrire ça).
A l’évidence,
Norman Spinrad a pris grand soin de faire écrire une bouse copieuse à
Adolf Hitler. Il doit compter sur nous pour qu’on s’en aperçoive et s’applique vraiment à nous baliser le terrain !
Le Seigneur du Svastika est manichéen à souhait. Un vrai plaisir de lecture : une
genuine daube. C’est bien la seule fois de ma vie où j’ai pris tant de plaisir à lire une merde. Ce faux roman caricature jusqu’à la nausée le mythe du surhomme grand, beau, fort et pur (dans tout ce que cette acception peut avoir de vomitif). Ce héros teuton et son arme-que-lui-seul-peut-soulever, les scènes de violence interminables n’en finissent plus de nous faire bailler et curieusement de nous réjouir tant les clins d’œil sont savoureux.
Olivier, tu dis que ce livre est Interdit en Allemagne ? Arf ! La vraie fausse postface que constitue l’analyse psy d’
Homer Whipple (aussi fictif que caricatural et pontifiant), est pourtant largement suffisante, amha, pour dissiper tout malentendu sur le message de
Norman Spinrad.
Doit-on demander à un auteur d’envisager qu’il puisse exister un lectorat à ce point incapable de le comprendre ? Fallait-il mettre en bas de chaque page :
"Ceci doit être pris au deuxième degré" ?
Si le grand
Spinrad n’a pas jugé nécessaire de rajouter en exorde à ce roman, une phrase explicite destinée à couper court à toute interprétation biaisée de son livre, c’est peut-être finalement une fleur qu’il nous fait : celle de nous juger aptes à comprendre. Ne le décevons pas.
Manque de subtilité ?
Certes, incontestablement.
Heureusement.
Il fallait absolument que
Le Seigneur du Svastika manque de subtilité pour que ce livre reste une farce. Pour le coup, le contraire eût été réellement dangereux. Qu’en aurait-il été si
Spinrad avait fait écrire un chef d’œuvre de finesse à
Adolf Hitler ?
Un livre trop subtil eût à coup sûr péché par excès d’ambiguïté. Ce numéro de carnaval qu’est
Le Seigneur du Svastika n’a rien d’ambigü et semble pourtant mettre une certaine partie du lectorat SF mal à l’aise, je vous laisse imaginer ce qu’il en serait s’il avait été autre chose qu’une daube.
Que l’attaque contre le nazisme manque de subtilité, c’est donc tant mieux. Aux raisons que je viens d’exposer et qui selon moi le justifient, je ne peux m’empêcher d’en rajouter une autre, c’est que cela ne fait que refléter ce que je pense être une triste réalité : ce sont les idéologies de bazar qui passent facilement. La propagande n’est rien d’autre et l’efficacité d’une propagande bien foutue n’est pas à démontrer.
Les propagandes sont tout sauf subtiles.
Ce sont les mèmes les plus simples qui ont les durées de vie les plus longues.
Ce sont les mèmes les plus simples qui sont les plus efficaces pour manipuler les esprits (le vôtre comme le mien).
Ce sont les mèmes les moins subtils qui percutent. Il suffit de choisir le moment et le vecteur opportuns.
Peut-être pensez-vous avoir suffisamment de recul et d’esprit critique pour ne pas être concernés ?
Erreur, amha.
Nous sommes tous concernés.
Peu nombreux sont ceux qui peuvent se targuer d’être assez forts psychologiquement pour résister à une propagande bien faite.
Au risque de déranger, j’irais même jusqu’à dire que bien prétentieux serait celui qui affirmerait que s’il avait été un vulgus pecum ni méchant ni gentil vivant dans l’Allemagne nazie de l’époque, il aurait su échapper à l’idéologie nazie.
Posez-vous la question et répondez-vous à vous-même en toute honnêteté.
Ce livre est remarquable de courage.
Des vérités profondes et déplaisantes sont dites entre les lignes.
En réalité, on en prend plein la gueule.
Respect, Monsieur Spinrad.
PS
A part ça : il y a beaucoup trop de fautes d’orthographe et autres dans cette réédition ! Si tout doit être recommencé, ce serait cool que l’éditeur en profite pour les corriger !