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Les continents perdus

Thomas Day


Les continents perdus
Traduction : Jean-Daniel Brèque
Illustration : Sparth
Première parution : 2005

 Pour la présente édition :

Editeur : Denoël
Collection : Lunes d'encre
ISBN : 2.207.25602.2

La critique du livre
Lire l'avis des internautes (10 réponses)

Ce recueil à la couverture agréable (en tout cas moi, elle me fait rêver) présente une sélection de nouvelles plus ou moins longues et récentes. En fait, si l’on désire être pointilleux la chronologie des publications s’étale de 1986 (Bigre, ceci ne nous rajeunit pas ) à 2002. Voici une raison supplémentaire pour les défenseurs de la nouvelle (et de la novella) de se lamenter sur le désamour de l’édition et peut-être des lecteurs pour leur texte de prédilection. Sur ce point, je ne suis pas loin de les rejoindre dans leur concert de récriminations car les histoires réunies ici et qui concernent des auteurs tel Walter Jon Williams, Ian R. MacLeod, Michael Bishop, Lucius Shepard et Geoff Ryman, sont absolument époustouflantes de justesse, d’imagination, et de sensibilité. Rassurez-vous, je pèse mes mots.
Le côté polémique n’est pas absent de l’ouvrage, non plus, puisque Thomas

Day

(aussi connu sous l'identité de Gilles Dumay, directeur de la collection Lunes d’Encre) profite de l’occasion pour affirmer bien fermement dans un avant-propos concis, sa conception des littératures de l’imaginaire. Et vue la liste (ne crie pas zomver) de ses auteurs préférés, je dois reconnaître qu’il a bon goût le bougre.
Bon, revenons au contenu de cette anthologie qui propose, comme l’indique Thomas

Day

, cinq destinations, cinq époques différentes. Invitation au voyage garantie, mais pas seulement.

« Le Prométhée invalide » – Walter Jon Williams.
Ce premier récit de cette anthologie s’inscrit nettement dans l’uchronie et met en scène les personnages de Lord Byron, Percy et Mary Shelley. A l’instar de Paul Di Filippo (voir le recueil « Pages Perdues »), Williams imagine une réalité historique alternative dans laquelle les circonstances de la naissance du roman « Frankenstein ou le Prométhée moderne », diffèrent grandement. Le procédé intéresse particulièrement les lecteurs d’Imaginaire puisque depuis « Frankenstein délivré » de Brian Aldiss (et peut-être avant), on considère le roman de Mary Shelley comme une des origines principales de la science-fiction (avant la lettre, bien entendu). L’Europe au lendemain des boucheries napoléoniennes est restituée sobrement dans cette nouvelle. Le style emprunte beaucoup à celui de l’époque sans trop alourdir le récit. C’est une qualité que l’on doit reconnaître à Williams qui a montré, par ailleurs, sa capacité à aborder des champs différents de la science-fiction et à adapter la forme au fond. Une lecture d’ouverture agréable et engageante pour la suite.

« Tirkiluk » – Ian R. MacLeod.
Je découvre avec cette nouvelle ce deuxième auteur mais il est désormais certain que je vais lire très rapidement son premier roman paru en France chez Folio SF. Le récit nous relate l’arrivée et l’installation d’un jeune météorologue dans une station de l’Arctique. Le contexte est celui de la Seconde Guerre Mondiale et bien entendu les informations que le jeune scientifique doit collecter sont vitales au bon déroulement des opérations militaires. Que les lecteurs réfractaires aux histoires militaires se rassurent, ce texte en n’est pas un du tout. En fait, il s’agit davantage de la découverte par un occidental d’un milieu et d’une culture (celle des Inuits) qui lui sont totalement étrangers. Progressivement, cette étrangeté contamine le récit d’une manière tout simplement envoûtante. Inutile de préciser que la rédaction de l’histoire sous forme de journal intime convient idéalement au propos.

« Apartheid, Supercordes et Mordecai Thubana » – Michael Bishop.
Voici le texte que je préfère dans cette anthologie (encore que mon cœur balance avec la nouvelle suivante). Michael Bishop n’est pas totalement inconnu en France puisque les dickophiles ont sans doute lu son hommage au maître sans Haut Château (Requiem à Philip K. Dick). Néanmoins, je souhaiterais en lire davantage de cet auteur, surtout au regard de ce superbe récit. En effet, celui-ci est à la fois audacieux et engagé. Relier physique quantique et discrimination raciale, tout en dénonçant l’Apartheid, ce système ségrégationniste institué en Afrique du Sud jusqu’à très récemment (fin des années 1990) n’est pas une mince affaire. Abordé selon le point de vue d’un descendant de Boers, Afrikaner bon teint, l’histoire ne bascule à aucun moment dans la caricature et Bishop s’en sort, je trouve, de façon fort satisfaisante.

« Le train noir » – Lucius Shepard.
Shepard n’est pas vraiment lui aussi un inconnu mais ce n’est pas non plus un auteur fréquemment cité dans les conversations de lecteurs de science fiction. C’est bien dommage et regrettable car passer à côté de son univers à mi-chemin du fantastique et de la Science-Fiction, c’est manquer une imagination riche qui aime prendre son temps, des description intense et un style mémorable. Dans cette anthologie, je me suis régalé en découvrant le Delà, cette contrée singulière peuplés de vagabonds et de leurs chiens, ce territoire traversé par des trains mystérieux et sillonné de monstruosités mortelles. Une invitation au voyage en forme d’aventure.

« Le pays invaincu. Histoire d’une vie » – Geoff Ryman.
Je ne connaissais pas du tout cet auteur. La découverte de celui-ci par le biais de ce texte primé (British Science Fiction Award et World Fantasy Award, pour ceux que ça intéresse), est tout simplement une excellente surprise. Dans cette nouvelle, Ryman nous raconte l’histoire de la vie d’une petite fille (puis jeune femme) dans un pays qui n’est pas tout à fait le Cambodge, mais qui y ressemble fortement quand même. Précisons que l’univers décrit par Geoff Ryman est assez singulier et pour cette raison peut sans doute décourager les lecteurs cartésiens. Le récit n’en demeure pas moins emprunt d’une justesse touchante, d’une magie déconcertante et il puise hélas son inspiration dans une réalité tragique.

En conclusion :
L’anthologie proposée par Thomas

Day

offre un voyage qui vaut vraiment le détour pour les amateurs de nouvelles et les autres.




De tout temps, imaginaire et récits de voyage ont fait bon ménage. Pour s'en convaincre, il suffit de se plonger dans L'Odyssée d'Homère, Les Voyages de Gulliver de Jonathan Swift ou, plus récemment, Rihla de Juan Miguel Aguilera. En vous proposant un tour du monde aux destinations souvent inédites, l'anthologie Les Continents perdus se place dans la continuité de cette tradition littéraire. L'Europe de Mary Shelley ; l'Arctique durant la Seconde Guerre mondiale ; l'Afrique du Sud au temps de l'Apartheid ; le Delà, ce pays insensé que l'on rejoint en prenant le Train Noir ; et, enfin, un Sud-Est asiatique fantasmé, inquiétant, voici les cinq étapes de ce "Livre des merveilles" moderne où il sera beaucoup question d'injustices, de sacrifices, de petites et de grandes tragédies.

Sont au sommaire de cette anthologie : Walter Jon Williams, Ian R. MacLeod, Michael Bishop, Lucius Shepard (avec un texte récompensé par le Theodore Sturgeon Award) et Geoff Ryman (avec "Le Pays invaincu", lauréat des British Science Fiction Award et World Fantasy Award).


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