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RE : le mot du mois de mars : Métal
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25/02/2007 à 14h27
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Hum, hum. Le micro marche Oui ? bien ; c’est l’heure !
L’éclairage s’amenuise, un silence convivial peu à peu s’installe. On ne voit pas le narrateur mais un film est projeté en fond de salle qui montre des images de toute beauté de l’espace.
Bonsoir. Merci - Merci à vous d’être venu nombreux et… curieux il me semble ! Comme vous le savez l’objet du débat de ce jour est le métal sous toutes ses formes : scientifiques philosophiques imaginatives Pour ma part, j’ai l’honneur de débuter la séance aussi vous demanderai-je un peu de silence, je promets de ne pas être trop long ! Après tout, il va s’agir de la reconstitution de l’histoire du plus grand mystère de notre univers !
Raclements de chaises, toux, la musique d’ambiance s’arrête. La salle est plongée brusquement dans l’obscurité. Le film d’animation projeté est d’une telle qualité qu’on croirait vivre l’évènement en direct. Certains spectateurs ont l’impression de flotter dans l’univers à proximité de leur système solaire et se cramponnent nerveusement aux accoudoirs de leur siège. D’autres admirent la rotation des planètes. Tous écoutent, le cœur battant, le chant étrange des étoiles.
La voix off, douce et grave, commente :
L’objet était si petit qu’il serait passé inaperçu nonobstant la grande voile solaire qu’il traînait derrière lui. D’où venait-il ? Même ses équipements étranges n’auraient pu vous servir pour déterminer son origine. Il avait changé tant de fois de direction, avait été ballotté au gré des vents solaires, tantôt aspiré par la gravité d’un monde tantôt reprenant de la vitesse et s’échappant pour traverser le vide inter sidéral où le temps n’a plus de signification. Il semblait difficile de croire qu’il avait pu un jour avoir une destination précise.
Mais comme tout voyage, celui-ci avait eu un commencement et devait donc avoir une fin à défaut d’atteindre son but. Une rencontre de trop avec des micro météores ou bien la traversée d’un champ de rayons X, quelque chose d’imprévisible et d’inévitable l’avait gravement endommagé. Seul le hasard fit qu’à l’instant précis où il perdait sa voile solaire, il se situait à proximité d’une planète qui disposait outre d’un noyau chaud et d’une croûte solide, d’une combinaison spéciale d’hydrogène et d’oxygène sous ses trois formes, gazeuse, liquide et solide. Les probabilités pour que la vie se développe sur cette planète étaient si infimes qu’un mythe antique expliqua que l’objet lui-même ensemença la planète lors de sa chute…
Tel une comète, il fit plusieurs fois le tour de l’astre sur une orbite déclinante et apparut bientôt comme un doigt lumineux pointé en direction du sol, visible de jour comme de nuit, avant d’entamer son plongeon final. Lors de son entrée dans l’atmosphère, il perdit peu à peu ses différentes couches protectrices qui brûlèrent dans le feu de la friction. Comme un serpent qui mue, il abandonna ses peaux et sa dimension déjà petite se réduisit à un noyau brillant mais minuscule, de forme suffisamment aérienne pour que sa chute sur le sol soit ralentie et ne provoque pas d’évènement cataclysmique qui aurait certes marqué son passage mais surtout provoqué la fin prématurée d’observateurs éventuels.
On perçoit quelques murmures à la fois admiratifs et craintifs et quelques « chut chut » prononcés timidement
La mer le recouvrit sans parvenir à l’éroder. L’objet se trouva tantôt enseveli, tantôt exposé à l’air libre, tantôt gelé tantôt chauffé. Le temps fit son oeuvre : le noyau, la coque se brisa enfin comme une graine bien mûre, libérant une plaque constituée d’une matière fine et souple, métallique certainement qui semblait à son tour indégradable.
Quel forgeron, quel maître artisan, quelle science avait pu le rendre aussi résistant, presqu’éternel ? Là encore les recherches seraient vaines.
des rires peu nombreux et vite éteints meublent le temps mort voulu par le narrateur. Les auditeurs sont suspendus au récit qui n’est pourtant pas d’une grande nouveauté ni d’une haute originalité.
Le temps une fois de plus s’écoula avec indifférence.
Ce furent deux amis, que leurs proches nommaient Sammy et Ulysse, d’un naturel fouineur, qui le découvrirent tout à fait par hasard lors d’une de leurs escapades…
(en surimpression sur l’écran dans un médaillon on peut voir les visages poilus pleins de bonhomie, les yeux brillants et la truffe humide des deux célèbres amis, l’un les oreilles fièrement dressées regarde droit l’objectif tandis que l’autre, toujours aussi hirsute et mal peigné, sans doute plus timide, baisse un peu la tête )
L’objet était tellement inhabituel qu’ils prirent la peine de le ramener chez eux pour l’étudier. Souple, plat, léger mais comme nous l’avons dit inusable et inattaquable par tous moyens et procédés dont nous disposons même les plus sophistiqués sans porter atteinte à son intégrité.
Après nettoyage il s’avéra que ce petit objet métallique, de forme rectangulaire et de quelques millimètres à peine d’épaisseur, portait des griffures régulières pouvant faire penser à une écriture. Ces marques apparaissaient nettement sur l’une des faces. Malgré des recherches intensives, elles constituent une énigme passionnante et donnent encore actuellement naissance à de nombreuses hypothèses sérieuses ou- petit rire- farfelues mais restent au final toujours absolument incompréhensibles.
Est il besoin de rappeler que cette découverte constitue la seule et unique preuve en notre possession que la vie existe ou a existé « ailleurs ». A ce titre, sa valeur est inestimable.
Pour terminer mon exposé, vous découvrez actuellement tels qu’ils apparaissent sur l’original, agrandis et reproduits sur l’écran, ces symboles :
Entreprises Dieu & Cie
Service Réclamations
Galaxie Voie Lactée
SOL 3
En travers, dans le coin supérieur les symboles suivants
«PARTI SANS LAISSER D’ADRESSE»
En bas en plus petit :
Service Postal : surtaxe à encaisser - retour à l’expéditeur.
A l’apparition de la reproduction bien connue de tous, le silence quasi religieux est brisé par un tonnerre d’applaudissements. Il faut dire que le récit est raconté par un des plus grands acteurs de l’époque et qu’il a su donner par le ton à l’évènement un aspect mystérieux et dramatique. La projection est stoppée et revient à l’image de départ avec vue sur l’espace.
La lumière revient progressivement, les conversations reprennent, des enfants se lèvent et courent dans le couloir central
Voix off que personne n’écoute plus :
Merci infiniment chers amis de votre attention et maintenant, je laisse la parole à mes collègues et amis pour l’exposé suivant. Je rappelle que nous nous retrouverons au bistrot après la séance pour répondre à toutes vos interrogations et collecter des fonds pour l’association CSF…
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RE : le mot du mois de mars : Métal
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25/02/2007 à 22h08
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Le géant se tenait depuis longtemps, immobile, devant le feu, insensible à la chaleur cuisante qui rougissait sa peau et faisait luire son visage. Son regard plongeait dans le cœur presque bleu sans ciller, lointain, perdu.
Les apprentis ricanèrent. Maître, maître pépiaient ils, venez, il recommence !
Un vieillard qui avait du lui aussi dans sa jeunesse être d’une stature exceptionnelle mais que le travail et le temps avaient voûté et rendu noueux sortit d’un coin d’ombre et éparpilla les petits à coup de pieds bien sentis. Maudite engeance, bons à rien, sans cœur… les gamins ne se firent pas prier pour disparaître sachant qu’il les rappellerait bien assez tôt pour alimenter le four et charrier les bassines d’eau.
Le maître s’approcha du géant, l’observa un instant en soupirant. Avec tendresse et délicatesse, il posa une main marquée de cicatrices et tachée de brûlures mais encore puissante sur l’épaule du géant et exerça une pression lente et continue. Viens, dit il, le feu ne te parlera pas aujourd’hui
Le géant frissonna et tourna la tête Il ouvrit grand la bouche mais aucun son n’en sortit et le désespoir agrandissait ses yeux.
Je comprends murmura la voix fatiguée du maître le temps s’écoule et tu n’as pas réussi.
Mais je te le demande encore, es tu certain que cela en vaille la peine ??? As-tu pesé les conséquences ?
Il pousse le géant vers l’entrée de la grotte et à leurs pieds s’étend un monde vert, sauvage et neuf, coloré et bruissant de vie. Tous les vallons et les torrents dévalent joyeusement les pentes de la montagne. Depuis que les soufflets se sont tus, les oiseaux ont repris leur chant : le soleil est encore visible dans le ciel sans nuage En plissant les paupières, on devine dans le lointain quelques huttes de bois bien camouflées entre les arbres. Le village.
Pas de routes, pas d’engins mécaniques, quelques sentiers tracés plus par les animaux que les êtres humains. Pas de barrière, pas de protection. C’est un monde qui respire l’harmonie, pastoral, une proie facile.
Le géant le sait, le géant l’a vécu : le danger existe et il veut depuis longtemps préserver ceux qu’il a appris à aimer Mais que peuvent ses deux mains nues aussi larges et puissantes soient elles ?
Des mois qu’il manie le marteau, qu’il frappe avec rage l’enclume, qu’il supporte la chaleur et les brûlures. Des mois qu’il teste des mélanges, qu’il tente de reproduire ce qu’il sait utiliser mais ne sait pas créer. Des mois aussi que d’autres scènes hantent son sommeil si terrifiantes qu’elles le réveillent et qu’il se déchire la gorge en poussant d’affreux cris sans voix car le géant est muet. Il ne sait pas écrire : quand il est arrivé il ne comprenait même pas leurs mots …
Comment communiquer sa vision, comment leur faire comprendre qu’il faut se préparer ? Son don est une calamité, si seulement il pouvait oublier, ignorer mais tout est là enfoui dans son crâne et seule l’angoisse qui l’étreint passe par son regard. Sa main trace un objet dans le vide puis dans la poussière, le Maître secoue la tête mais que faire devant les larmes qui perlent aux yeux de ce colosse qu’il a apprivoisé et qu’il aime, oui qu’il aime, comme le fils qu’il n’a jamais eu.
Il a tort et il le sait mais il va cette nuit l’aider par amour à fabriquer ce qu'il a tant désiré même si pour cela, il va renier son âme.
Le vieux fouille dans ses affaires et en sort de petites statues brillantes voici JOIE voici AMOUR voici RESPECT et enfin la plus belle et la plus grande voici HARMONIE
Le géant étreint son Maître dans ses bras puissants puis court chercher le moule. Alors tous les deux côte à côte, ils attisent encore le feu de la forge, jette dans le creuset les statues et les observent alors qu’elles fondent lentement, coulant l’une vers l’autre, serpentant, hésitant à se mélanger puis fusionnant dans un acte presque charnel. Le liquide d’argent est prêt : le moule est là : une dernière hésitation mais la main qui verse le métal dans le moule ne tremble pas : elle puise sa force dans les souvenirs qui n’en sont pas : ceux des corps éventrés, des gorges béantes, des vies sacrifiés et plus que tout, ceux des enfants qui crient sous les coups de butoirs des monstres cuirassés qui les violent.
C’est l’eau pure des montagnes qui remplit le baquet qui va durcir la chose : longue et fine, plus tranchante que le bec de l’aigle, plus terrible que le feu. Le géant n’en peut plus d’attendre : l’aube va naître, déjà les étoiles palissent. C’est peut être LE JOUR où LA MORT va surgir. Cette fois, il sait qu’armé enfin de son épée d’acier il peut, à lui seul, lutter contre leurs armes d’airain et sauver le village du désastre.
Le Maître pleure : comment pense t-il dans son cœur AMOUR, JOIE, RESPECT et HARMONIE peuvent elles donner naissance à cette chose maléfique ? DOULEUR telle sera son nom
Le géant fait des moulinets, teste le tranchant : enfin soulagé enfin heureux
Le vieillard quant à lui est soudain accablé : c’est moi - croit il - qui offre DOULEUR au monde.
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dernière édition : 25/02/2007 à 22h53
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RE : le mot du mois de mars : Métal
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26/02/2007 à 12h49
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Mode sauvegarde ON – Message court sur www.culture-sf.com
Ce que je viens d’apprendre me glace.
Et quand j’observe cet individu, courbé sur son clavier, à tapoter des lignes de code, j’ai des envies de meurtre !
Toute la vérité m’est apparut hier je ne sais trop pourquoi, ni comment :
Mon existence humaine est purement fictive.
Je témoigne dans ce petit texte pour la postérité :
Quand j’avais 4 ans, un après-midi de printemps, je courrais… Et j’ai heurté un pilier de brique.
Je me souvenais de tout ce sang qui coulait sur mes yeux. Le front était ouvert très largement et j’ai été recousu.
La maîtresse était rassurante, douce. Elle m’avait donné un sucre avec de l’eau de Cologne dessus…
Un docteur m’avait recousu et tout était rentré dans l’ordre.
Mais ce souvenir là est erroné.
Lorsque j’ai heurté le pilier de brique, tout le monde s’est mis à hurler :
« C’est un robot ! Regardez son front ! On voit du métal ! »
Je m’en souviens parfaitement maintenant. J’ai accès à ma base de vie.
Et rien de tout ce que j’ai vécu n’est vrai.
Je suis en maintenance parce que je refuse depuis hier de croire en mon programme.
Et ce crétin, courbé sur son clavier, essaie de comprendre ce bug.
37 ans de chair. Pourquoi ?
Je ne suis que métal… Bio-métal.
Y en a t-il d’autres comme moi ?
Quel est mon rôle ? Je suis en détresse.
Mode sauvegarde OFF – Envoi message.
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