Voilà donc comme promis un compte-rendu perso de cette huitième édition du Festival International de Science-fiction de Nantes. Celui-ci devait normalement s'accompagner de nombreuses images, mais mon appareil photo a disparu dès le vendredi soir du côté du bar de Mme Spock et je ne dispose donc plus que de ce qui a été précédemment posté... Au passage, si une bonne âme a pu mettre la main sur cet appareil, qu'elle n'hésite bien évidemment pas à me contacter.
Plus de 40.000 visiteurs
C'est le chiffre annoncé dimanche soir dans le communiqué de presse de l'équipe organisatrice, et aujourd'hui sur le site du festival. Un chiffre supérieur à celui des précédentes éditions, de très bon augure pour l'avenir de la manifestation. Dès le jeudi après-midi, comme j'en faisais part précédemment, il me semblait effectivement constater le public plus nombreux que d'habitude, sentiment renforcé par la suite : les projections auxquelles j'ai assisté ou dont j'ai eu écho ont fait salle comble (la salle Dune comptant tout de même 800 places), le public des tables rondes et cafés littéraires était nombreux et beaucoup devaient parfois rester debout pour y assister faute de places assises en nombre suffisant. Mes pieds s'en souviennent encore.
Luc Schuiten à l'honneur
Commençons par les expositions, variées, relevant essentiellement des arts graphiques même si la sculpture n'était pas en reste (je pense notamment aux étranges chats et autres aliens de
Didier Cottier ou à
Cédric Ponge).
A l'honneur cette année :
Luc Schuiten, architecte belge, créateur de la
maison Orejona qui vit le jour en 1976 dans un contexte de crise pétrolière. Une intéressante exposition faisant la part belle au concept d'
archiborescence développé par l'auteur, lequel a eu l'idée de représenter quelques rues et quartiers réels ou imaginaires de Bruxelles à 50 ou 100 ans d'intervalle, du XIXème au XXIIIème siècle. Ceci afin d'appuyer sa vision utopique en illustrant les étapes d'un possible développement urbain aboutissant à la réalisation de cette ville nouvelle de son invention.
Une chose m'a tout de même chagriné parmi ses oeuvres : l'absence flagrante de véritable technologie, de cette technique qui imprègne notre quotidien sans que nous en ayons toujours conscience. Un
modus vivendi respectueux de la planète, économe des ressources énergétiques de celle-ci, doit-il s'accompagner d'un abandon de la technologie ? En somme, s'agirait-il d'un énième
retour aux sources tel qu'on le retrouve parfois dans la « pensée écologique » actuelle ? Voilà qui me paraît difficile à envisager, voire peu souhaitable : car au-delà même de l'utopie, quelle évolution future une telle société pourrait-elle espérer ? J'en retire le sentiment que Luc Schuiten nous proposait un modèle de société certes agréable, tentant même, mais peut-être, malheureusement, figé... (1)
Par ailleurs, les visiteurs ont également pu découvrir les oeuvres et démonstrations en temps réel de plusieurs artistes (
Pascale Nubret,
Michel Koch,
Ani, ou
Yoz, lauréat 2007 du prix Art&Fact).
Christian Scheurer, qui a travaillé sur nombre de projets importants (
Le Cinquième élément,
Dark City,
The Animatrix, ou encore le jeu
Final Fantasy IX) a en outre présenté au grand public son projet « Entropia », prenant la forme d'une collection de timbres imaginaires en provenance de la susdite planète. A l'instar des philatélistes, nous pouvions découvrir à travers ces timbres des pans entiers de l'histoire d'Entropia et nous plaire à relier leurs histoires pour former un tout cohérent.
Cinéma : une programmation intéressante
Côté cinéma, j'ai trouvé la programmation plus intéressante que par le passé : entre autres « Malevil » (projection à laquelle je n'ai malheureusement pu assister en ce dimanche soir, retour sur Lille oblige), « Soleil Vert », « La Bombe » (fabuleuse autant qu'effrayante fiction de Peter Watkins que je ne saurais trop vous conseiller de visionner), quelques oeuvres récentes comme « Waterworld », « Le jour d'après » de Roland Emmerich ou « Une vérité qui dérange » dans le cadre de la rétrospective « climats », ainsi que la désormais classique
Absurde Séance consacrée aux films de série Z.
Parmi les séances auxquelles j'ai pu assister : « Masters of Science-Fiction », présenté en avant-première par la chaîne
Sci-Fi, de manière sans doute prématurée au regard des soucis techniques rencontrés en cours de projection. Quatre moyens métrages (trois seulement ayant en définitive été diffusés) inspirés de nouvelles signées Robert Heinlein, Howard Fast, Robert Sheckley ou encore James Graham Ballard.
Des tables rondes de bonne tenue
Alors que les tables rondes des années précédentes demeuraient la plupart du temps très superficielles, au sens où il ne s'agissait régulièrement que d'un rapide tour de table plus ou moins décousu, j'ai trouvé cette année ces mêmes rendez-vous plus approfondis, plus cohérents dans leur déroulement. En bref : mieux organisés et mieux animés.
Les rendez-vous dits
scientifiques, du moins pour ceux que j'ai suivis, laissaient ainsi une réelle place aux intervenants issus du monde de la recherche ou de l'ingénierie. Les autres conférences n'en étaient pas moins intéressantes, et je tiens ici tout particulièrement à féliciter certains modérateurs, comme Jérôme P. Vincent ou Patrick Imbert, pour la qualité et la pertinence de leurs interventions.
L'écologie : un thème d'avenir à tous points de vue
Comme le fait remarquer Jean-Marc Ligny dans son roman « Aqua TM » au travers de son
éconogie, le thème de l'écologie semble avoir de l'avenir au regard du succès rencontré par les conférences proposées cette année. Il y fût ainsi question des problèmes que nous rencontrerons peut-être dans les prochaines années, du réchauffement climatique dont nous constatons déjà les premiers effets, en passant par la terraformation de Mars ou de notre satellite naturel. Peu de choses ont a priori été oubliées même s'il ne s'agissait aucunement ici de se montrer exhaustif, exercice bien difficile en une heure ou une heure et demie. A ce sujet, je ne reviendrai pas sur la réponse apportée par Grégory Benford à une question relevant du malthusianisme émise quelque-part dans le public : je ne souhaite aucunement m'attirer les foudres d'une bonne moitié de la population. Une chose est certaine en tout cas : Mister Benford n'est aucunement dépourvu d'humour. ;-)
Des soirées spéciales... Heu... Oui, spéciales...
Il serait faux de croire que les Utopiales ferment leurs portes en fin d'après-midi : il y a toujours quelque-chose à faire pour occuper ses soirées jusqu'après minuit, qu'il s'agisse de discuter au bar de Mme Spock, profiter des séances de cinéma, ou assister à l'une des soirées spéciales. Tiens, parlons-en de ces fameuses animations... Je n'y ai pas véritablement assisté, mais le peu que j'aie vu m'a parfois glacé d'effroi, en particulier
l'ouverture improvisée du
cosplay (rassurez-moi, c'était bien de l'impro, hein ?!) dont les échos ont fait trembler, à défaut de vibrer, la Cité des Congrès toute entière.
Outre le
cosplay, une seconde soirée était consacrée à, je cite, « un tournoi intergalactique de catch de dessin à moustache » (ou quelque-chose d'approchant, je ne suis plus certain de rien) : sur des thèmes plutôt tordus et tirés au sort, des dessinateurs masqués et costumés improvisaient en un temps limité en se relayant équipe par équipe. Le public, mis à contribution, était là encore fort nombreux. Pas toujours de la plus grande finesse, question humour. M'enfin...
Du côté des prix
Les Utopiales ont comme chaque année été l'occasion de remettre de nombreux prix, dont les lauréats seront dans les heures qui viennent annoncés au sein de la rubrique
Actus (avec un peu de retard, je vous l'accorde).
A noter lors de cette remise de prix que Catherine Dufour s'est montrée nettement moins volubile que l'année dernière. Ce qui est bien dommage, si l'on considère que ses discours sont immanquablement bourrés d'humour. Honnêtement, j'en viendrais même presque pour cette seule raison à espérer qu'elle reçoive un prix tous les ans.
Wayne Barrow, lauréat dans la catégorie
Roman francophone, était malheureusement quant à lui parti chasser, il me semble, dans les Appalaches. Ses dévoués traducteurs Xavier Mauméjean et Johan Héliot, qui ont réceptionné le prix en son nom, pourront peut-être confirmer s'ils passent dans les parages.
Un bilan personnel positif
Pour conclure ce rapide compte-rendu sur un mode là encore très personnel, je peux dire qu'il ne fait aucun doute que je reviendrai l'année prochaine, sauf bien évidemment obstacle majeur.
Ces Utopiales sont à mon avis, et définitivement, un rendez-vous quasi incontournable. Mon seul regret : n'avoir pu discuter plus longuement avec Jess et Oman et n'avoir pu croiser d'autres membres du site. Au passage, Tleilaxu, je constate que c'est la deuxième fois que nous nous loupons. Gageons que ce sera la dernière !
A l'avenir, j'aimerais par ailleurs avoir la possibilité de couvrir sérieusement l'évènement, par des compte-rendus quotidiens ainsi que quelques interviews. J'ai un an pour y réfléchir et m'y préparer, ce doit être envisageable...
(1) Tiens, peut-être un sujet pour un futur dossier ?