Utopiales 2005: bilan et impressions

C'était la première fois que je me rendais à ce genre de manifestation. Pour moi, le bilan est très positif.

Les Utopiales sont un univers parallèle que je vous convie à explorer au moins une fois si vous avez la chance de pouvoir le faire.

Au-delà des tables rondes, expos et autres cafés littéraires, il y a une impression assez unique de communion d’esprits avec les personnes qui vous entourent même avec celles auxquelles vous n'aurez pas l'occasion de parler. C’est du moins ce que j’ai ressenti.

Il y a les rencontres prévues : celles des débats organisés où l’on écoute des gens passionnants qui vous content leurs quelques certitudes en vous laissant deviner leurs doutes et là, vous percutez sur quelque chose: ils sont plutôt comme tout le monde, preuve en est qu’ils s’égarent souvent comme vous et moi, dans les hors-sujets (ceci d’ailleurs, pour notre plus grand plaisir). ;)

Il y a aussi les heureuses surprises que sont les rencontres imprévues … celle d’un traducteur, d’un sculpteur, d’un écrivain connu, d’un écrivain en herbe (Fichtre ! Qu’ils sont nombreux et parfois un poil ... collants! ;)), d’un dessinateur, d’un anthologiste…

Sans oublier le plaisir - et pas le moindre - de retrouver des Culturessefeux . Si j’ai ouvert ce thread, c’est d’ailleurs pour les convier à parler de leurs Utopiales. Il ne s’agit pas de faire un compte-rendu de pro, hein, mais juste de donner quelques éléments/impressions/réflexions bref quelques watts de leur éclairage personnel. Je tâcherai dès que possible de vous donner un aperçu du mien.

En attendant, vous trouverez ici la liste des lauréats des grands prix de l’imaginaire 2006 attribués lors de ces Utopiales.
Les résultats devraient faire plaisir à certains, ici. :)

C'est vrai que les résultats des prix doivent faire bicher l'ami Olivier pour Claude Eycken et Christopher Priest :)))))

Ca fait déjà trois fois que je recommence ce message, ça va être laborieux...

Entendre des auteurs débattre sur des thèmes est éminement intéressant. Ils le font avec passion et sérieux. Voilà une chose que j'attendais, et je ne suis pas deçu... (ca me change des rencontres mondaines de l'art contemporain ou le discours fait l'autruche, quand il n'est pas carrément fumeux)
De nombreuses interventions remarquables.
Les réflexions de James Morrow sur "Dieu et la SF" m'ont particulièrement parlé (l'émotion athée face au monde vaut bien l'expérience mystique), ainsi que celles de Roland Wagner sur "stups et sf" (le virtuel comme continuité du psychédélisme) ou celles de Spinrad sur "quels territoires explorer ?" et Lehman, et Watson, bref j'arrête...
J'ai eu droit à mon quota d'énervement sur les ovni, dieu et autres, et c'est très bien comme ça...
Tout de même, il faut que je le lache, mention spéciale nullité à l'animateur G.Royer... Bonhomme, si tu passes par là, je te dis : quand on a des auteurs intéressants devant soi, on ne pose pas des questions à la con, genre, sur le thème quels territoires explorer : "ça vous arrive de ne pas pouvoir écrire ?". Gros c** !

Pour le reste, il y a moult peintures, illustrations, et des films. J'avoue que je n'étais pas venu pour ça. Par contre, puisque j'ai vu, en compagnie de KGB, "Nothing" de Vincenzo Natali, je vous le recommande si vous pouvez le voir : une comédie atypique avec un grand minimum de décor, comme l'indique le titre...

Pour le reste, il y a bien sûr le plaisir de voir outre les auteurs certains de nos culturessefistes en chair et en os, et l'impression bizarre d'être entouré de gens qui s'intéressent au même truc que vous : c'est un peu étrange, mais pas désagréable.

Bref, ça m'a vraiment plus, et m'amène à la fois à vouloir lire un certain nombre d'auteurs sur lesquels j'avais fait l'impasse, et aussi à me pencher plus avant sur notre genre favori....
Voilà, et j'évite d'aller plus avant...

ps : si vous avez lu James Morrow, je suis bougrement preneur de vos avis de lecture. Le bonhomme m'a fait très bonne impression, et j'avoue - la honte - que je n'en avais jamais entendu parler...

En ce qui me concerne, autant le dire tout de suite, j’ai shunté tout ce qui avait trait au grand Jules. Ceci étant posé, je vous livre quelques impressions sur:

" Rencontre avec Elisabeth Vonarburg" (11/11/2005 – 13h)

Cette personne se met en scène et c’est un poil agaçant tout comme son élocution plutôt théâtrale :

"Tyranaël a été écrit après un rêêêeve".

Ceci dit, elle est quand même intéressante à écouter et on ne peut qu’opiner du chef en l’entendant dire :

" Les histoires ont des exigences que les marchés ne connaissent pas"

ou encore

"La SF comme n’importe quelle littérature nous parle d’ici et maintenant".

La dame a un certain humour et des phrases telles que "Le remue-méninges, c’est ce qu’on appelle en français "le brain storming"" font toujours sourire le public. :)

A titre anecdotique : Le remue-méninges pour Tyranaël a duré 34 ans. Pour Chronique du pays des mères, il n’a duré "que" 14 ans. Après cette période de gestation, il semblerait - à écouter cet auteur (non, je n’écrirai pas "cette auteure") - que l’écriture coule et devienne spontanée.

Sinon Elisabeth Vonarburg est une " féministe" et le revendique. Elle nous pose les questions : " C’est quoi être humain ? ", " C’est quoi être homme ? ", "C’est quoi être femme ?"
De 13h à 14h, quand on n’a pas encore mangé, il faut vraiment faire partie du fandom pour tenter d’y réfléchir avec elle …

En attendant, elle a bigrement spoilé Chroniques du pays des mères. Elle s’en est d’ailleurs rendu compte but too late. Ch’te juuure !

Pour conclure, je dirai que cette dame, je préfère la lire que l’écouter même si je n'ai pas raffolé de Chroniques du pays des mères soit dit en passant.
Et puis, c’est vrai, je lui en veux un peu d’avoir dit que Rimbaud "l’avait soignée" de Chateaubriand et Hugo.Culpabiliserait-elle à ce point de les aimer ou de les avoir aimés ?.
Moi, même sous les huées et même si j’aime Rimbaud, je persisterai à dire qu’on ne se soigne pas de ces deux géants de notre patrimoine littéraire tout simplement parce que ça n’a jamais été une tare de les aimer.

J’arrête ici pour Elisabeth Vonarburg. Son dernier bouquin s’intitule Reine de mémoire, qui est selon elle à la fois SF et Fantasy. Ah ! Ah ! Les gardiens des étiquettes vont s’arracher les cheveux !

J’ai acheté Le silence de la cité. On ne sait jamais. Je vais peut-être aimer.


Avant de vous quitter, je vous donne vite fait mes impressions sur une autre discussion :

"Rencontre avec Igor et Grichka Bogdanoff " (11/11/2005 – 15 h)

Voilà ce qui s’est dit d’intéressant :

RIEN.

La salle était noire de monde. Des gens étaient assis par terre. Je vous rassure : dans le canard local Presse Ocean du 12 novembre (offert à l’entrée), à la page consacrée aux Utopiales, le plus gros titre concernait bien sûr cette très médiatique intervention, on pouvait lire :

Les frères Bogdanov ont garé leur vaisseau spatial sur la cité des Utopiales.

Tiens, ils ont mis un "v" à la fin du nom…

En même temps, les frangins, ils ont l’air bien gentils et ils font rêver les gens. En plus, ils connaissent Mourousi. Que leur demander de plus ?

J’hésite à mettre un smiley.




A SUIVRE…

Prochain épisode : les phrases d’auteurs glanées lors des tables rondes :

"SF et nouvel ordre mondial"
"Où est Dieu dans la SF ?"
" La SF et le mythe du progrès"

:D

j'aurais du prendre des notes...
chacune de ses discussions pourraient bien être motif à thread...

Heureux d'avoir pu croiser morca, kgb et très déçu de n'avoir pas pu croiser zomver.

En ce qui me concerne, ces utopiales m'ont déçu, et je repars avec un sentiment mitigé. Je crois qu'à force de trop en faire, j'ai fait un peu le tour de ce que peu m'apporter ce genre de festival SF. A moins que ce soit les débats, plus ésotériques cette année avec les Bogdanov, les deux débats sur la SF et les ovni qui m'ont donné l'impression d'être annexés par les ufologues coupant court à toute discussion un peu sérieuse...

Dans les points positifs : l'expo sur les drogues et la SF, excellente.

Néanmoins, je ne me suis pas ennuyé. C'est déjà ça.

J'avoue qu'on m'a bien eu sur le coup des ovni... Le débat s'appelait "Jules verne et les énigmes de la science" et on a rapidement sauté de Jules Verne et les para-sciences, puis la théorie du complot pour finir sur les ovnis via roswell...
Qu'on traite des ovni en tant que symptôme momentané quasi-folklorique, sous son aspect historique, sociologique, etc... passe encore, mais que certains me disent qu'il doit bien y avoir des visites d'aliens m'exaspère...
Je ne suis pas sûr que dans un festival, ce soit rendre service à la sf...
Qu'on pense qu'il puisse y avoir de la vie quelque part, soit. Qu'on dépense du fric pour chercher des émissions radio ou autre prouvant qu'il y a une vie intelligente, bon, je reste muet. Mais qu'on soit persuadé qu'on nous visite forcément me parait non seulement absurde, mais qui plus un peu tordu logiquement : car 1 : imaginer qu'il y a d'autres formes de vie, c'est aller contre un certain anthropocentrisme, et ne pas s'affirmer comme exception. Mais 2. croire qu'obligatoirement on nous a visité, c'est penser, au fond, jugé-je, qu'on ne pouvait pas nous rater, qu'on s'intéresse forcément à nous, et, vu l'immensité de l'univers, qu'on ne pouvait que tomber sur nous, soit, au final, qu'on est les seuls...
Et nous revoilà réaffirmer dans notre place de nombril de l'univers, alors que m'est avis qu'on en est plutôt au t*** du c**...

Bon, allez, je m'énerve, je m'énerve, ça vaut pas... :D

Totalement d'accord avec toi morca, mais je pense qu'il faut mieux être au trou du c** de l'univers qu'au nombril, parce que, entre nous, un nombril ça nous sert 9 mois dans notre existence alors qu'un trou du c**....
pardon, je sors

		Cyril : Je crois qu'à force de trop en faire, j'ai fait un peu le tour de ce que peu m'apporter ce genre de festival SF

Je me disais la même chose à propos des salons auxquels je me rendais régulièrement à une époque, dans le cadre de mon travail alors je veux bien te croire. En ce qui me concerne, c'était mon premier festival SF.

		Cyril : […]les deux débats sur la SF et les ovni

		Morca : J'avoue qu'on m'a bien eu sur le coup des ovni...

A vous lire, je suis contente d’avoir shunté ces débats ovniesques !



Comme je l’ai annoncé dans mon précédent post, voici quelques phrases glanées lors de certaines des tables rondes auxquelles j’ai assisté. Elles ne figureront pas forcément dans une encyclopédie galactique mais moi, elles m’ont interpellée. Elles ne sont pas toujours en rapport direct avec le sujet de la table ronde et ne sauraient être considérées à elles seules comme un reflet correct des discussions.

Je n’indique que les phrases intelligibles en absence de contexte et dont l’extraction du débat ne modifie pas le sens Je ne donne pas les phrases anglaises/américaines dans leur langue d’origine car je n’ai hélas noté que la traduction que j’en ai faite en espérant que je n’ai pas traduit de travers... J’’entendais bigrement mal Christopher Priest et ne suis pas sûre de l'exactitude de mes notes donc il n’y a aucune phrase de lui dans ce qui suit.…

Ne pas oublier avant de lire ces phrases que lors d’un débat, un participant peut être inexact ou incomplet dans l’expression de sa pensée tout simplement parce qu’il n’ a pas le temps de vraiment la mettre en forme. Si d’aventure, certaines personnes citées ne reconnaissent pas les propos que je leur attribue (en toute honnêteté), qu’elles n’hésitent pas à se manifester.

Ces précautions étant prises… ;)



Entendu lors de la table ronde : "SF et nouvel ordre mondial" :

"Le fascisme du XXIème siècle est le politiquement correct, c’est celui des bons sentiments."
Georges Panchard

"Le milieu de la SF française est malade du phénomène de soumission des écrits à une idéologie."
George Panchard

L’idée de croyance est un échec de l’imaginaire.
Joe Haldeman

Les gens ne savent pas gérer une culture mondialisée.
Norman Spinrad

Ce qui est en train de se mettre en place, c’est un ensemble de prédateurs qui se partagent la planète.
Roland C. Wagner

L’argent est libre de circuler, pas les individus.
Roland C. Wagner



Entendu lors de la table ronde : "Où est Dieu dans la SF ?":

Dieu est la réflexion ultime à autre chose.
Jacques Arnould (*)

Moi, je suis darwiniste.
James Morrow.

(*)Jacques Arnould n’est pas un auteur de SF. Si je le cite, c’est que ce père dominicain était un plaisir à écouter, toute mécréante que je suis.


-----------[NDLR : A propos de la notion de "sacré"] :

" On ne peut pas parler de "sacré" sans parler d’un concept du monde qui fasse que le sacré ait un sens."
Serge Lehman

" Le matérialisme a une expérience de présent et non d’absence […] Tout ce qui est vient de ce qui a été, c’est ça le sacré !"
James Morrow

"Il faut agir pour se dépouiller de ce qui nous empêche de voir le sacré, se dépouiller du conditionnement pour accéder à une véritable liberté intérieure."
Pierre Bordage


-----------[NDLR : A propos des mythes] :

"Il y a très peu de nouvelles structures mythiques. Les grands archétypes existent depuis longtemps."
Pierre Bordage

Je suis un satiriste. Je préfère briser les mythes.
James Morrow.



Entendu lors de la table ronde : "La SF et le mythe du progrès"

"Ch’uis pas technophobe mais…"
Francis Valéry
[NDLR : s’ensuit une attaque en règle des travers et effets pervers des nouvelles technologies]


Je préfère la fréquentation des arbres à celle des hommes.
Francis Valéry

"Le steampunk est une littérature d’images jouissive mais vaine qui rejoint la fantasy. "
Thomas Day

Le rôle d’un écrivain, c’est de se mettre en danger.
Thomas Day




Voili ! Voilou !

Au fait savez-vous si un recueil/résumé des propos tenus lors des tables rondes et cafés littéraires sera disponible à terme ?

		Citation : Ce qui est en train de se mettre en place, c’est un ensemble de prédateurs qui se partagent la planète.

à la relecture, je me sens obligé de préciser que je ne sous-entends pas l'existence d'un complot en ce sens. C'est seulement une tendance (très) lourde alimentée et soutenue par ceux qui y trouvent (ou croient y trouver) leur intérêt. ça fait beaucoup trop de monde pour qu'une quelconque concertation, et encore moins une conspiration, soit possible.

Les citations de Panchard sont très bien. C'est tout à fait lui. J'aime surtout la SF française "malade de sa soumission à une idéologie" et son parfum délicieusement années 70. Ces auteurs sont d'un susceptible.

Surtout que la SF française, en matière d'idéologie, ça serait plutôt : « Ni dieu, ni maître — sauf maître Kanter ! »

Je ne suis pas certain de comprendre la citation de G. Panchard : <<"Le milieu de la SF française est malade du phénomène de soumission des écrits à une idéologie." >>

Par contre là j'abonde (mais avec des réserve en ce qui concerne la production SF) : <<Le fascisme du XXIème siècle est le politiquement correct, c’est celui des bons sentiments." >>

Là j'aimerai savoir à laquelle il fait référence : <<"Le milieu de la SF française est malade du phénomène de soumission des écrits à une idéologie." >>

ça, je trouve génial : <<L’idée de croyance est un échec de l’imaginaire.>> merci Joe, c'est drôle mais ça a un parfum comme : << le recours à la SF est un signe de faillite chez un écrivain...>>

Bof, ça se regarde un peu le nombril, à moins que je ne rate d'une année lumière le trait de génie : <<Les gens ne savent pas gérer une culture mondialisée.>> Mais peut-être le contexte expliquerait ça.


Je ne vois pas ça comme dénonciateur d'un complot. A la lecture, je sens plutôt l'avènement d'une espèce de super éleveurs qui vont se partager le troupeau de vaches en codifiant les règles de leur marché pour ne pas trop se bouffer le nez : <<Ce qui est en train de se mettre en place, c’est un ensemble de prédateurs qui se partagent la planète.>> Le G7, le G8 (ou X), l'OMCetc...


<<L’argent est libre de circuler, pas les individus.>> Tu as raison, Roland, moi je suis libre de voyager mais mon argent ne me le permet pas ! c'est lui qui décide.

J'en pleure de ne pas avoir pu y être, c'est juré, l'année prochaine je fais un budget ! GRRRR !