Forum SF
  Critiques
  Critiques BD
  A propos du site
  L'Atelier
  Remue-méninges
    Le bistrot
    Annonces (une dédicace ? vous venez de publier un livre ?)
Pseudo :
Passe :
  Pas encore enregistré ?
  Mot de passe oublié ?
12 visiteurs actuellement
  Les forums de Culture SF
  

Le mot du mois de mai


  Sujet proposé le 16/05/2007 à 11h05 par Leo
  Ajouter ce sujet à mes favoris Culture SF
   Répondre   |   page 3 / 3   |   aller en page :      1  2  3  
cabalo

Inscrit le :
23/12/2006
125 messages
RE : Le mot du mois de mai 25/05/2007 à 05h16  
10
Tiens plus de courant .
09
Il fait chaud ou c'est moi?
08
Je boirais bien un Coca, mais non j'suis con j'ai plus de crédit sur ma carte de rationnement.
07
Faudrait que j'aille bosser mais j'ai plus envie...
06
finalement je vais me recoucher.
05
Mais pourquoi y a tant de bruit dans la rue?
04
Encore une manif pour réclamer de la nourriture. Ca va encore se terminer dans le sang.
03
On dirait que c'est autre chose?
02
Y fait vraiment chaud, je fait finalement prendre une douche ( il me rest 1 litre de crédit eau).
01
Non mais c'est pas vrai , y a même plus d'eau !!
00
A je comprend mieux cette sensation de chaleur , ils l'ont laché finalement leur bom....................!!!!
   Consulter le profil de cabalo  Envoyer un message privé à cabalo  
lacroute

Inscrit le :
13/03/2005
6496 messages
RE : Le mot du mois de mai 25/05/2007 à 13h56  
Le monde ne m'intéresse plus. Il tourne sans moi et me laisse sur place, en rade, à marée basse. Mon déambulateur est couché sur sa quille. Je suis tombé sur le palier, à deux doigts de l'ascenseur. Oubliez-moi..! Le monde, la vie et moi, désormais, comme salopette et tee-shirt à un boa. J'ai plus l'age de rien, sinon celui de faire un beau cadavre. A 20 ans la vie s'ouvre sur cinq continents. A 80 elle se referme sur une résidence pour vieux, pompe-à-fric et pue-l'urine.

Coulent les jours..!

Carnet du Jour, avis de décès. Se compter; à qui tiendra le dernier. Blouse-Jaune-Gros-Nichons me les lit depuis que je fais semblant d'avoir perdu mes bésicles.. Belote et re-belote, dix de der, la mort attend avec un cent d'atout sur le tranchant de sa faux.

Mes forces déclinent.

Petits pas qui trottent, la Faux vise les mollets.La mémoire bat la campagne, tondeuse à neurones, rabot à dentrites. Fil à la patte peu à peu rembobiné, mon périmètre de survie de plus en plus étriqué me rapproche du lit. Car hors de ma chambre commence la menace. Trébucher sur un grain de poussière, m'envoler sur un courant d'air. Les couloirs deviennent des rames de métro. S'y engouffrent les infirmières-locomotives. S'accrocher à la rampe pour ne pas être emporter par le souffle sur leurs passages. Plus rien ne compte que le dentier-glaçon dans le verre d'eau, les comprimés du lendemain dans le pilulier. Les compter, les recompter, ne pas se tromper. Compte à rebours. Et espérer monter sur le lit pour ne plus en descendre. La nuit tricote les souvenirs heureux des jours enfuis. Ceux que je voudrais emporter avant que la Gomme ne les efface.

Baissent les bras et l'élan vital..!

La vie des autres s'agite loin de l'épave qu'est devenue mon lit. Il tangue sur la moquette de ma chambre. Je suis seul sur mon radeau de la Méduse monté sur roulettes. La maison de retraite est mon Titanic personnel. La sonnette pendue à la potence ne m'attire même plus. D'ailleurs comment l'atteindre. Mes bras maigres et blancs comme des flèches de grues, ankylosées et rouillées, inertes et affaissées. L'alarme constituait il y a peu un message en bouteille quand mon corps réclamait la morphine . Son cri voguait sur les courants d'air le long des couloirs, filrtait avec les stéthoscopes pendus autour des cous, zigzaguait en longs serpentins sonores dans l'infirmerie. .

Le personnel attend la fin d'un monde, le mien..

Maintenant la moussaille m'isole de la houle du matelas à eau, colmate ma coque de couche-culottes, bouche les écoutilles de péniflow. L'alèse n'est pas goudronnée, je vais me noyer. Mon lit est devenu un trois mats d'arbres à perfusions... Perdu sur les vagues blanches des draps, l'écueil du téléphone sur la table de nuit me parait inaccessible. Loin, très loin, trop loin. A des années-lumières de la griffe de mes doigts arthritiques et tremblants d'un parkinson souverain. Ses grelottements comme les appels sourds d'une corne de brume d'un navire en péril. Alors que c'est moi qui suit en train de crever, vieille allumette charbonneuse, zigzaguante et décharnée sur l'océan blanc de la literie.

La voute céleste s'inonde brutalement de lumière blanche et crue. Soleil en ampoule de verre. Filament firmament incandescent qui méblouit et vrille ma rétine. De secs sarments de bois jetés sur les braseros de mes rétines. Des gerbes d'étincelles rejoignent les étoiles. La chambre se remplit de lambeaux de brûme qui sentent l'éther. S'y dessinent en lentes écharpes des blancs fantômes indistincts, apparaissant, disparaissant. Ils se penchent sur le billot de bois flotté que je suis devenu, torchent la saignée de mes bras de boules de coton humide, avant que les becs acérés de goélands ne farfouillent dans mes veines. Poseidon me torche le cul et me lave la bite. La houle du matelas me berce, j'enttends le flux et le reflux de la pompe électrique, les cris aigus des mouettes curieusement bipèdes et en blouse blanche.

Souques, moussaillon, souques ferme. La vie, la tienne, ce qu'il en reste, t'attend sur la grève, au-delà du bord de ton lit, sur la plage de carrelage froid libérée par la marée descendante. Les charentaises sur le rivage comme des bateaux bretons couchés sur la quille. Varechs blancs en moutons de poussière poussés par des Gulf Stream de courants d'air.

Au rythme des flashs lumineux qui inondent la voute céleste, mon corps, tour à tour: papillon de jour, papillon de nuit épinglé sur la surface de l'eau. La Faux transperce le liège. Mes bras, ailes décharnées sur lesquelles courrent les fines nervures de mon réseau veineux, battent entravés aux menottes qui les retiennent. Des hématomes violacés s'étendent autour des points de ponction, aux plis des coudes et des aines. Ils décorent mes ailes de couleurs à la Mort offerte.

Je voudrai que mon esprit se porte à la pointe de la potence, qu'il devienne vigie, découvre l'espace dégagé du Styx au-delà des murs blancs, cherche et trouve la silhouette sombre du Passeur. Une piecette et qu'un Monde finisse, qu'un autre commence.

De la Science-Fiction: que non point. De l'anticipation, à coup sur..!

   Consulter le profil de lacroute  Envoyer un message privé à lacroute  
Bull

Inscrit le :
16/04/2006
1658 messages
RE : Le mot du mois de mai 25/05/2007 à 14h06  
Ah-ah, ça fait plaisir de te (re)lire Sieur Lacroute :-)
Signature de Bull Je ne dis pas que ce n'est pas injuste, mais je dis que cela soulage.
   Consulter le profil de Bull  Envoyer un message privé à Bull  
Franz

Inscrit le :
30/05/2005
3144 messages
RE : Le mot du mois de mai 25/05/2007 à 15h45  
Yo!!!!
Herr Lakroutmann ist zurück avec un texte qui déboîte grave de la mort qui tue...
Encore!
Signature de Franz C'est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases...
   Consulter le profil de Franz  Envoyer un message privé à Franz  
Slanboy

Inscrit le :
19/05/2007
58 messages
RE : Le mot du mois de mai 25/05/2007 à 20h10  
Damn.
Je pensait deja que la contribution de Lacroute a des grandes merites literaires,mais ma Francais apparement ne suffise pas pour une comprehension totale.
S**t,
Lacrout peut ecrire,me semble
a plus tard,c'est vendredi.non??SMILEY
Salutations !!
   Consulter le profil de Slanboy  Envoyer un message privé à Slanboy  
   Répondre  |   page 3 / 3   |  aller en page :      1  2  3  

Science-fiction

, fantastique, fantasy : Culture SF, toutes les littératures de l'imaginaire

© Culture SF 2003 / 2014 - Conception et réalisation : Aurélien Knockaert - Mise à jour : 08 juin 2014

nos autres sites : APIE People : rencontres surdoués - Traces d'Histoire