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Le mot du mois de juin


  Sujet proposé le 02/06/2007 à 22h03 par cabalo
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uchimoo

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05/05/2007
335 messages
RE : Le mot du mois de juin 06/06/2007 à 21h20  
Je suis seul au monde, depuis toujours. Rectification ; j'ai soigneusement fait le vide autour de moi. Pourtant ma mémoire, quand des pensées m'assaillent, se hâte de remettre les pendules à l'heure. Est-ce l'un de ces mystérieux mécanismes de l'inconscient qui déclenche une procédure de sauvegarde ? Il m'est difficile de discerner en moi les réminiscences induites par ma mémoire des raisonnements dus à ma conscience. D"éminents docteurs la désignent par "Moi, surmoi, ego", ou je ne sais quels autres termes inaccessibles à ma compréhension, peu importe, dans le fond. Ma mémoire et ma conscience forment une entité douée de personnalité, chez moi. Cette situation perdure depuis l'heure de mes premiers vagissements, et je ne peux que me féliciter de posséder une santé robuste et un bon sens inné.
"Douée de personnalité ?" Parfaitement, comment définir autrement une entité qui s'exprime, parfois à tort et à travers, hélas...
"Tu divagues, un petit coup de blues passager, voyons ! Tu es bien né d'un père et d'une mère, tu les as certainement connus ! Une famille a entouré ton berceau, plus tard tu as mûri en son sein, enfin mûri... Disons que tu es devenu adulte, et puis tu as pris ta place dans le grand Tout."
Pas d'accord, chère mémoire, il s'agit de ton interprétation d'une succession de faits, elle ne reflète pas ma perception du quotidien saumâtre qui est le mien.
La pauvre mémoire - Ou toute autre configuration synaptique assimilée comme telle - lève les yeux au ciel et prend quelque divinité mystérieuse à témoin de mon inconséquence. Généralement; nulle réaction significative ne s'ensuit, c'est alors que cette conscience si souvent malmenée referme la trappe et la verrouille pour sommeiller ou bouder tranquillement.
Je le sais, mes élucubrations l'agacent, l'importunent prodigieusement. Quelquefois, dans un sursaut inopiné de compassion, je la plains. Je fais un hôte détestable, j'en ai peur.
Revenons à moi, mais baissons le ton, "Mémoire - conscience" a le chic pour protester avec virulence sitôt qu'on se mêle de la contrarier.
Selon moi, elle doit s'amuser au milieu d'un cercle de neurones bien-pensants, en tout cas politiquement corrects. Elle s'aigrit et moi aussi.
"Tu es aigri car tu canalises l'énergie que tu aurais dû consacrer à t'élever dans l'échelle sociale à rejeter les structures de la société, à les haïr cordialement...

Extrait de "Déni de conscience"
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lacroute

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13/03/2005
6496 messages
RE : Le mot du mois de juin 07/06/2007 à 13h30  



De la naissance à la mort d'un Magnéthomme, la Bande-Vie s'enroule sur l'axe de l'oeil droit, se dévide sur celui de gauche. Peu à peu, une pupille prend du diamètre, l'autre rétrécit. Le passé magnétisé d'un côté, le futur vierge de l'autre.

Une Bande-Vie s'écoule.

L'enfance apparait comme les quelques cercles concentriques peu marqués sur un jeune tronc d'arbre sectionné.
Les noires pupilles des Magnéthommes sont de même diamètre à l'age mûr.
La vieillesse voit les tours de bande s'enrouler, se superposer à droite, comme les multipes pelûres d'un oignon se préparant pour les froidûres de l'hiver.

Borgnes nous sommes, à la naissance et à la mort. Respectivement quand la sage-femme amorce la bande sur le pivot de droite, quand le croque-bande constate qu'elle claque sans fin sur la bobine de gauche.

La roue tourne pour nous tous, les Magnéthommes; de l'amorce à la fin d'un Bande-Vie.

Sauf pour certain(e)s, quand le suicide frappe à mi-espérance de vie. Par pendaison, à titre d'exemple. Le sang n'irrigue plus la tête de lecture, les électro-neurones meurent. La Bande-Vie n'avance plus.

La Convention Internationale du 34 juintobre 2015 oblige au devoir de mémoire. Les Bandes-Vie de nos morts sont conservées. Les parties magnétisées sont utiles à la Collectivité. Là n'est pas la question. Quelles sommes de connaissances mémorielles destinées aux générations futures..! Nul ne peut les effacer, même si de récentes informations tendent à prouver que des Effaceurs-Greffeurs clandestins tissent des fortunes incalculables sur de noirs traffics.. Mais qu'en est t'il des parties vierges abandonnées par les pendus..? Elles sont encore viables, non ?. Pourquoi s'en priver quand leur matière première se fait rare, quand au rythme de la surpopulation la longueur légale attribuée à chaque nouveau-né se raccourcit.


Vous qui envisagez le suicide, ne gaspillez pas les kilomètres de bande-mémoire que vous n'utiliserez jamais.
Faites travailler les Monteurs de vie au bénéfice de celles et ceux que vous aimez, à qui vous offrirez en héritage la virginité d'hectomètres de bandes mémorisables non utilisées.

Donations pré-suicidaires indemnes de fiscalité auprès de tout notaire agrée.
dernière édition : 07/06/2007 à 13h34   Consulter le profil de lacroute  Envoyer un message privé à lacroute  
mijo

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20/08/2006
583 messages
RE : Le mot du mois de juin 07/06/2007 à 19h29  
.
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mijo

Inscrit le :
20/08/2006
583 messages
RE : Le mot du mois de juin 08/06/2007 à 00h56  
Mémoire de senteur

Est-ce qu’il arrive ? Il ne reste plus beaucoup de temps… La vieille tout de noir vêtue, hoche la tête ! Il a promis. Il est en route et ne devrait plus tarder…

Dans la chambre obscure, l’homme se tord les mains, impuissant et résigné.

Sur le grand lit, une femme est allongée, couverte d’un fin drap de lin blanc, léger et doux à la fois qui épouse étroitement le contour du corps émacié.

On entend le tic tac régulier de la pendule que le grincement du balancier souligne, les respirations oppressées dans la chambre de la vieille et du beau fils et plus loin dans la maisonnée, des chuchotements et des bruits vite étouffés.

La porte est poussée sans avoir été toquée. Entre une silhouette filiforme coiffée de longs cheveux blancs qui tombent jusqu’à la taille comme chez une jeune pucelle et un regard de braises à qui rien n’échappe dans l’obscurité : le Senteur.

Sans parole, l’homme s’approche du lit, s’assoit sur le bord et saisit la main de la femme mourante.

Et là, mon dieu, comment expliquer ? d’abord la pièce se remplit des odeurs de lait frais, de jupons amidonnés, de paille fraîche et de pommes sucrées à point : la patiente sourit du sourire innocent de l’enfance heureuse

Puis vient l’odeur du bois ciré, de la soupe chaude, de la transpiration de l’homme, des fous rires et des plaisirs charnels : la patiente sourit du sourire comblée de l’épouse aimée

Puis vient l’odeur des gâteaux fraîchement cuisinés, des fièvres enfantines, des premières larmes salées, du savon à la lavande : la patiente sourit du sourire patient de la mère aimante

Puis vient l’odeur du vent de l’automne, des foins engrangés, des confitures qui refroidissent avant d’être mises en pots : la patiente sourit du sourire fatiguée de la vie écoulée

Puis vient l’odeur de la neige glacée, du vent qui gémit , des chataignes grillées et de la chaleur de l’âtre et celle des amis autour : la patiente sourit du sourire compatissant de la femme qui sait.

L’homme lâche la main. Les senteurs s'évanouissent. Le mari pleure. La mère pleure. Le sourire de la patiente est restée sur ses lèvres : elle est morte.

Merci dit la mère en raccompagnant l’homme à la porte. Elle aussi est affreusement maigre. Merci pour elle et merci pour nous. Sans vous, ce serait difficile de se souvenir.

L’homme est parti. La patiente est morte de faim. Heureuse.
dernière édition : 08/06/2007 à 01h35   Consulter le profil de mijo  Envoyer un message privé à mijo  
Leo

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31/05/2006
646 messages
RE : Le mot du mois de juin 08/06/2007 à 08h48  
La mémoire de l'eau de mer

L'idée du professeur Mnémos était simple comme l'oeuf de Christophe Colomb: s'il s'avérait sans fausse manip ni supercherie que l'eau dans laquelle on a dissout une molécule conserve les propriétés de cette dernière après qu'on l'ait retirée de cette première, alors l'océan devrait se souvenir de tous les bidules et les machins qui ont trempé dedans au cours des derniers millions d'années.

Le professeur Mnémos, aidé de son vieil ami le capitaine Némo, organisa une expédition minutieuse dans les bas fonds de l'Atlantique, et dans le plus grand secret, car c'était là une idée proprement effarante.

Une fois baignée dans la fréquence adéquate, qui se trouvait être celle du water hole, l'eau tout autour du Nautilus se mit à grouiller de monstres anciens, tous plus énormes et dentus les uns que les autres, et affamés par un long jeûne, qui ne firent que quelques menues bouchées du fier engin sous-marin, de ses instruments délicats, et de son équipage de géniaux inventeurs.

Et c'est ainsi que se perdent les grandes idées scientifiques, par manque de communication horizontale, verticale et diagonale. Tous les experts en organisation d'entreprise vous le diront.
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E-Traym

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12/10/2006
277 messages
RE : Le mot du mois de juin 08/06/2007 à 09h16  
Ce dont je me souvenais, je l’ai oublié.
Tous ces maudits mots ne me pesaient pas, non… Ils m’ennuyaient.
Je me suis concentré sur un point précis, noir, en fermant les yeux, tout simplement.
Le petit point noir a grossit, grossit, tant et si bien qu’il n’y avait plus que du noir sous mes paupières lourdes.
Je n’ai plus jamais rouvert les yeux depuis.
C’était il y a si longtemps.
Suis-je encore vivant ?
Je ne le sais pas.
Suis-je mort ?
Je ne le sais pas non plus.
Je ne me souviens plus, c’est tout.
     
uchimoo

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05/05/2007
335 messages
RE : Le mot du mois de juin 13/06/2007 à 17h34  
Au fil du temps, j'ai fini par la baptiser Marie-Christine ou M.C., pour faire simple. A cette époque, je me suis interrogé, faut-il attribuer un sexe à une conscience ? Elle a eu la gentillesse de clore ce débat intérieur en me signifiant qu'elle s'en foutait complètement !

Essai de transfert de texte. Ne pas tenir compte de ce post.
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lacroute

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13/03/2005
6496 messages
RE : Le mot du mois de juin 16/06/2007 à 11h59  
_"J'ai la mémoire qui flanche
J'me souviens plus très bien...
_Et la suite, mamie..?
_Partie, perdue, la suite..! Oubliée..! Rien que le début..!
_Alors on fait que le début..!
_"J'ai la mémoire qui clanche
J'me plouviens plus brès tien..."
_
_"J'ai la mémoire qui r'tranche
J'me gouviens pus chrétien...
_
_"J'ai la baignoire qui s'débranche
Soutiens-tu l'martien.."
_
_"J'ai l'armoire qui penche
Ou bien ou bien..."
_
_"J'ai la poire qui danse,
Houbahoubahouba..."
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Olivier

Inscrit le :
02/09/2004
9595 messages
RE : Le mot du mois de juin 16/06/2007 à 17h04  
"Bien plus que le costume trois-pièces ou la pince à vélo, c'est la pratique de la torture qui permet de distinger à coup sûr l'homme de la bête."
Pierre Desproges

Au départ fut une cellule. Une simple cellule, née dans un milieu liquide.
Puis elle se divisa, engendrant d’autres cellules.
Ensuite advinrent les premiers êtres multicellulaires, suivis bientôt par les pluricellulaires. Au fur et à mesure de son évolution, la vie se complexifia. On vit apparaitre les végétaux et les animaux. Elle sortit également de l’eau. Ainsi fut conquise la vaste Pangée.
Des extinctions massives, il y en eut. Mais la vie s’est toujours entêtée à exister. Ainsi se perpetua-t-elle avec une incroyable opiniâtreté.
Puis un jour, un singe développa la technique et la science. Il cueillit et chassa avant de se mettre à l’agriculture et l’élevage. Il inventa la roue, la voile, le moteur à explosion. La centrale nucléaire aussi, en utilisant de l’uranium pour faire chauffer de l’eau.
Il inventa aussi les armes blanches, les armes à feu, les armes de destruction massive. Tout était bon pour gagner les guerres, dont les lois ne furent jamais que des chiffons de papier vite froissés.
Puis les océans furent vidés par la surpêche. Plus de baleine, plus de dauphins, plus de poissons. Il fallait nourrir une population en croissance. Mais aussi nourrir les pêcheurs, qui disparurent quand il n’y eut plus rien à pêcher.
Il fallait aussi garantir les approvisionnements en pétrole, à coup de guerres, et d’effroyables dictatures soutenues sans le moindre scrupule. Que pèsent les droits d’une poignée de métèques face à la raison d’Etat ? La realpolitik est la vérité de la diplomatie, et la diplomatie est la réalité des intérêts économiques d’une nation.
Puis quand il n’y eut plus de pétrole, on se remit au charbon, et à l’uranium. Le choix du nucléaire fut lourd de conséquences, car c'est la seule source d'énergie à avoir une application militaire aussi dangereuse.

Qui sait s’il existe une vie ailleurs ?
Puisse la vie exister ailleurs, et ne pas commettre les mêmes erreurs.
Puisse ce témoignage, unique et dernière mémoire d’un lieu dont il ne reste que des poussières radioactives errant dans le vide interstellaire.


Ce texte est dédié à la mémoire de ceux qui furent fusillé pour avoir refusé de partir à l'offensive, au Chemin des dames, il y a 90 ans.

"Dans une affaire aussi dangereuse que la guerre, les pires erreurs sont celles causées par notre bonté." Carl von Clausewitz
Signature de Olivier "Un monde nouveau va naître, un monde dans lequel il n'aura pas sa place. Il est trop clairvoyant pour lutter contre lui ; mais il ne feindra pas de l'aimer." George Orwell
dernière édition : 16/06/2007 à 17h12   Consulter le profil de Olivier  Envoyer un message privé à Olivier  Visiter le site de Olivier  
stealrige

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11/02/2005
1575 messages
RE : Le mot du mois de juin 16/06/2007 à 23h09  
Vatican, combien de divisions ?
Mémoire, combien de roms ?
Tous les chemins nous y ramènent
........................................................................
Horror system
Il court, il court le delete
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