La Compagnie des glaces

Très impressionné par ce long cycle, je tenais à avoir votre avis sur cette œuvre interminable et sur cet auteur prolifique (aussi auteur de nombreux polars).

Certains considèrent sûrement cette œuvre comme médiocre et je ne pourrais opposer qu'une chose : l'univers (castes, décors, politique, économie, géographie...) y est admirablement complexe et homogène. Evidemment cela est plus proche du feuilleton d'avant-guerre que du roman proprement dit, avec ses longueurs d'écrivain payé au mot, ses clichés de seconde zone et un style de roman de gare parfois déplorable.

Ce monde glacé a, malgré cela, prospéré car, outre la suite ("Chronique Glacière" avec 11 titres et "Cie Nouvelle époque" avec 18 titres) des qq douze milles pages du premier cycle (soit 62 titres chez FN), la série est adapté en BD (4 à ce jour) et les sites ne cessent de fleurir sur le web.

En tous cas, ça ne laisse pas de glace (facile :)).

Je ne connais pas.
Je croyais même que c'était une BD. Takavouâr !

Entre ça et Pery Rohdan c'est juste de la SF de Gare. Au même titre que Star Trek ou Star Wars.
Si je veux du simple et divertissant j'aime autant Bordage.

		Citation : Entre ça et Pery Rohdan c'est juste de la SF de Gare. Au même titre que Star Trek ou Star Wars.

Comparez la Compagnie des glaces et Perry Rodhan je ne suis pas d'accord.
Que ces deux cycles appartiennent conjointement à la littérature de gare ne fait aucun doute, mais c'est bien là leur seul point commun.

Perry Rodhan, passé sur les premiers volumes, est basé dans chaque roman sur le même schéma répétitif, un peu comme le cycle de Marc Stone par J-P Garen au fleuve noir : notre héros se trouve face à un problème. Il rencontre des difficultés apparemment insurmontables. Il les résoud car il est le meilleur. Fin du roman.

La compagnie des glaces, comme le fait justement remarquer Stzf, est un feuilleton. Ou plus exactement un cycle court qui a dérivé très rapidement en feuilleton.
Comme toute oeuvre de ce genre ( feuilleton ) et comme souvent dans les cycles Fleuve noir, la cohérence n'est pas au rendez-vous. L'auteur explore successivement toutes les sous intrigues ( dans la famille Rag, après le fils messie je demande le fils psionnique ) qui peuvent lui permettre de prolonger la saga, ainsi que toutes les styles utiles ( porno inclus )
Par contre je reconnais que l'univers original et fouillé mérite que l'on si attache.


Autre point. Les romans Star Trek et Star Wars, bien que suivi généralement par Fleuve noir, ne sont pas des romans de gare mais des romans distribués en gare. La nuance est importante. J'en veux pour preuve les oeuvres de Timothy Zahn en Star Wars, et les hors-séries Star Trek souvent écrits par des pointures de la SF

De Stealrige: "Par contre je reconnais que l'univers original et fouillé mérite que l'on si attache.".

Tout le problème de cette gigantesque saga réside dans cette phrase. Arnaud détenait dès le départ une idée propice à maintes ramifications; un filon qui, devant le succès rencontré, devait être exploité à l'extrême.
Arnaud délaie, tire à la ligne, accumule les énigmes à l'image de poupées-gigognes, construit des chapitres courts et abandonne son lecteur en fin de chaque volume sur des mystères enchevêtrés et laisse espérer des clefs au prochain chapitre (tiens fumes...!). Le cycle est construit comme un piège qui se referme sur le lecteur à l'issue du quasi systématique 34ème chapitre.

Je me suis laissé prendre... aux ficelles de son métier mais ne regrette rien..! A chaque fois j'y suis revenu avec l'espoir...!Pourquoi abandonner au dixième tome alors que les révélations semblaient à portée de lecture..! Au vingtième idem...! Et de "La Compagnie des glaces"(tome 1) à "Il était une fois la Compagnie des Glaces" (dernier de la 1ère série) 62 tomes et de longues années se sont écoulés.

Mais, au-delà de la sensation de m'être volontairement laissé prendre au piège, malgré toutes ses invraisemblances, l'univers complexe et cohérent de la saga vaut le détour jusqu'au dixième tome environ via tous les thèmes entremêlés qui s'y croisent, la plupart des personnages...

"La Compagnie des Glaces" se doit d'être lu dose après dose, au rythme de sa parution d'origine en FNA. Au-delà: surdosage...!

Mais je vous rassure je n'ai jamais eu ni le courage ni la force de pousser le masochisme au-delà de la première série...!

PS: Comparer le cycle à Sheer & Darlton me semble très injuste...

		Citation : J'en veux pour preuve les oeuvres de Timothy Zahn en Star wars

Exact, ses bouquins sont d'ailleurs les meilleurs de cette longue, très longue série.(série qui contient un certain nombre de grosses daubes).

G.J Arnaud est un auteur étonnant. Populaire mais étonnant et attachant.

Il débarque au FNA en 1971 , en transfuge maison prolifique, spécialisé polars et espionnage, avec désintérêt pour le genre SF.Le premier tome des "Chroniques de la Grande Séparation": est un travail sur commande.
Comment ne pas rendre justice à cet homme peu motivé qui a crée le foisonnement complexe de la Cie des Glaces, comment ne pas pardonner les longueurs...et son art payé au mot...!

Merci Lacroute de prendre la défense de G J Arnaud qui est à mon sens un vrai écrivain populaire, un excellent feuilletonniste, tel qu'on n'en trouve plus dans ce siècle... Il se situe dans la lignée de Gustave Lerouge, Gaston Leroux, Eugène Sue.
Il a le mérite d'écrire une SF accessible à tous, qui se lit vite, avec des histoires pleines de rebondissements et des personnages qui évoluent au fil des bouquins, comme dans la vraie vie... Et il a une imagination débordante, c'est jubilatoire ! Le coup des baleines volantes, fallait oser ... Je n'ai pas tout lu encore, mais j'y reviens périodiquement et avec plaisir. Et j'ai beaucoup aimé La Grande Séparation que Fleuve Noir a eu la bonne idée de rééditer.
Bref, chapeau et merci Monsieur Arnaud ! Et longue vie à vous !

Sur http://lienrag.free.fr/home.htm deux extraits d’interview qui cernent le personnage :

Avant la Compagnie, je n’étais pas vraiment intéressé par la Science-Fiction. J’écrivais beaucoup de polars, hormis trois livres en anticipation dans les années 70. Pour la Compagnie, l’univers de la science-fiction était le seul à se prêter au développement de mes thèmes. N’étant pas grand amateur de ce genre littéraire, si l’on excepte quelques chefs d’œuvres tels que les Chroniques Martiennes ou Demain les Chiens, je n’avais que peu d’expérience dans ce domaine. Mais je me suis rendu compte que par symbiose, je pouvais bâtir des schémas de science-fiction pour la Compagnie….
La Compagnie des Glaces a été écrite très vite, souvent un peu à la diable. Mais je ne veux pas la corriger. Cela fait partie de l’époque.

		Citation : Il a le mérite d'écrire une SF accessible à tous, qui se lit vite, avec des histoires pleines de rebondissements et des personnages qui évoluent au fil des bouquins, comme dans la vraie vie...

Je n'ai rien contre la lecture divertissante, au contraire, mais ce que tu décris là ne correspond pas à mon idée de la SF. Tout du moins cela correspond trop à une fausse idée que se font les gens: "la SF c'est de littérature pop corn pour les ados."

J’ai du lire Pery Rohdan dans les années 78, j’étais encore jeune et découvrais la sf. J’ai adoré et absorbé un nombre de volumes impressionnants, j’en ai une cinquantaine. Mais je serais actuellement incapable d’en lire un. Le zoro immortel à qui tous les malheurs du monde arrivent et qui s’en sort toujours me gave. Pour la Compagnie des glaces c’est différent. J’ai lu ces livres un peu plus tard et j’avais un peu plus de connaissance littéraire. L’intrigue, l’idée de base et le suspens sont nettement mieux foutus. Mais je n’ai lu que les trente premiers volumes oubliant peu à peu que ce roman feuilleton existait. Mais cela reste à mon avis nettement meilleur que Pery Rohdan.