XIXe siècle ?

Le XIXe siècle est probablement l'un des plus agités de notre histoire (2 empires, 2 dynasties royales, 2 républiques et au moins autant de régimes et de constitutions).
Des guerres, des révolutions qui embrasent l'Europe entière, ainsi que les dernières grandes famines en Irlande et en Russie, la révolution industrielle, la démocratisation, la naissance de l’État-nation et les unifications (Allemagne, Italie)..

Mais c'est aussi un siècle fertile en littérature, du romantisme au décadentisme.
La montée progressive de la presse, jusqu'aux lois de la IIIe république qui garantissent sa liberté, tout comme celle de l'édition.
Le roman y prend pleinement son envol, notamment via le roman feuilleton qui, comme la nouvelle, profitera à plein de la presse.
La poésie y est exceptionnelle (en vers comme, grande nouveauté, en prose), le théâtre pas en reste.
La nouvelle commence à s'y différencier du compte.

Mais c'est aussi le texte du fantastique (Balzac, Maupassant) et de l'horreur avec le roman gothique (Sheridan Le Fanu, Walpole, Radcliffe), et de la fondation de la sf (Mary Shelley) ainsi que de la fantasy avec William Morris (à qui l'on doit également un roman SF, Nouvelles de nulle-part). Sans oublier les débuts du polar (Poe, Balzac, Maupassant).
Le siècle de la science également, avec Darwin, Pasteur et la vaccination (cette incroyable rupture dans l'histoire humaine), la découverte de Neptune par le calcul, et les débuts d'une approche scientifique, physique plutôt que métaphysique de la question extraterrestre.

Bref; quelle est votre relation à la littérature du XIXe ?
Mauvais souvenirs scolaires ?
Fascination pour ce siècle de bascule ?
Intérêt pour ses auteurs les plus singuliers, comme Nerval, Poe ou Lautréamont ?

Tousssa.... meme si l'histoire est un de mes centres d'interet, mes domaines de predilection ne m'orientent pas plus que ca vers cette periode.
En litterature le seul mauvais souvenir scolaire que j'ai c'est l'éducation sentimentale de Flaubert qui m'avait ennuyé, mais ennuyé....
on peut y trouver aussi la source de bien des malheurs du siecle a venir avec cette guerre de 70 mal conduite, pas pensée ( une constante de l'armée francaise apres Napoleon) qui conduira a la proclamation du 2 eme Reich dans la gallerie des glaces, reich allemand qui fera voler l'équilibre politque européen en éclats et menera au suicide de l'Europe ( en deux temps) au siecle suivant.

et en sciences je rajouterai Maxwell qui a uni deux forces.
Effectivement siècle très agité du point de vue politique et militaire en France; mais le suivant fera pire.
Le XIXe siècle marque pour moi l'apothéose de la littérature française, sans rivale dans le monde à l'exception de la littérature russe avec Dostoïevski, Tolstoï et Tchekhov. Flaubert succède à Balzac, Baudelaire et Rimbaud à Hugo, pour ne citer que les plus marquants.
La lecture scolaire d' Eugénie Grandet fut une purge pour moi.

N'ayant pas grande connaissance en Histoire politique (je fais malheureusement partie de ceux qui mélangent facilement dates, évènements et mouvements :- ), c'est surtout l'Histoire des sciences de ce siècle, passionnante, qui a retenu mon intérêt.

Du côté des lectures scolaires, les romans des grands auteurs ne m'ont laissé ni mauvais ni bons souvenirs (du respect, ceci dit, pour leur ambition et leur maîtrise de la langue française).
Par contre, il y eut ma première rencontre avec une compagne fidèle : la nouvelle, notamment fantastique, au travers du Horla de Maupassant et de La Vénus d'Ilie de Mérimée.

Plus tard, hors cadre scolaire, je continuais dans cette voie : Maupassant, encore ; Poe, un coup de cœur au point d'acquérir un volume de La Pléiade (après ça, mon portefeuille a crié famine mais je ne regrette pas...) et quelques autres (par ex., Villiers de l'Isle-Adam avec notamment la nouvelle Torture par l'espérance, un texte à suspense au temps de l'Inquisition que je conseille vivement).
Enfin, un soupçon de poésie : Blake, Keats, Nerval...

Allons-y. Contrairement à tj pour moi le plus grand roman du XIXème siècle c'est bien l'éducation sentimentale (je me souviens d'un Woody Allen où il énumère les choses qui font que la vie vaut d'être vécue, et parmi celles-là, peu nombreuses, il cite "sentimental education by Flaubert", je suis pas loin d'être d'accord). Du XIXème littéraire, j'aime avant tout les romans de Flaubert donc (L'éducation sentimentale, Madame Bovary, Bouvard et Pécuchet) et à peu près toute la poésie française, des romantiques à Mallarmé et Rimbaud en passant par le Parnasse (Leconte de Lille, Heredia) et Nerval (inclassable), mais avant tout Baudelaire. Pour moi, Flaubert et Baudelaire sont les deux grands phares littéraires du XIXème. Je déteste pas les romans de Hugo ni ceux de Balzac (notamment Père Goriot et Illusions perdues mais je suis d'accord pour trouver Eugénie Grandet surévalué), et du côté plus populaire ceux de Dumas et certains Jules Verne. En revanche Stendhal m'emballe pas. Du côté étrangers, j'ai lu les Russes sans trop accrocher même si je reconnais que Dostoievski et Tolstoi sont géniaux dans leur genre, les Britanniques, surtout Walter Scott et Jane Austen (Dickens je l'ai jamais vraiment lu et les Brontë pas accroché), les Américains, Thoreau et les transcendentalistes, et bien sûr Poe. Mais Melville ou Hawthorne, je ne connais pas assez.
Dans les genres qui nous intéressent ici, j'ai déjà cité Verne et Poe (qui se répondent (enfin Jules Verne répond à Poe) dans le diptyque magnifique Gordon Pym-Sphinx des Glaces), j'ajoute Stevenson, Henry James pour le tour d'écrou et Sheridan le Fanu. Le fantastique français fin-de-siècle comme on le lit dans l'antho Petit musée des horreurs m'emballe pas vraiment sauf exception (mais le travail de compilation de Nathalie Prince est absolument génial). Je ne suis pas d'accord pour faire démarrer la SF avec Mary Shelley, ni même Verne ou Wells. Je me suis rendu aux raisons de Gary Westfahl (the Mechanics of Wonder): la SF proprement dite est un genre du XXème siècle "inventée" par Hugo Gernsback.

		Citation : Le XIXe siècle marque pour moi l'apothéose de la littérature française, sans rivale dans le monde à l'exception de la littérature russe avec Dostoïevski, Tolstoï et Tchekhov.

Sans oublier Gogol, qui a écrit pas mal de fantastique.

J'ajoute à la poésie Percy Shelley, immense poète trop peu connu de par chez nous.

Pour la peinture, j'aime beaucoup Caspar Friedrich et les ruptures avec le réalisme pictural que sont la peinture préraphaélite, ainsi quelques francs-tireurs comme Odilon Redon.

En poésie, outre les auteurs cités, Lautréamont, Xavier Forney, Aloysius Bertrand.
Mais aussi Joseph Joubert.

Stendhal, je connais peu, mais j'avais pris grand plaisir à lire ses Chroniques de Paris (riche en vacheries de grand style notamment contre Vigny) et sa correspondance avec Mérimée.

Oups... Lisle...
En peinture aussi, c'est le siècle des Français. Dans la même séquence sur les choses qui font que la vie vaut d'être vécue, Woody Allen cite "those incredible apples and pears by Cezanne".

Effectivement, pour plussoyer sur Soleil vert, le XIXe a été celui de la poésie mais aussi celui de la peinture, avec l'émergence d'un art anti-académique (notamment l'impressionnisme), tout comme il y a eu les zutistes et autres fumistes en poésie.

		Citation : Sans oublier Gogol, qui a écrit pas mal de fantastique.

Oui c'est Dostoïevski je crois qui a écrit que la littérature russe sortait du manteau de Gogol.
En lisant cela (mais peut-être en ai-je déjà parlé - ah l'age … -) j'ai fait un lien avec la statue de Balzac par Rodin, sans trouver de confirmation ou de négation à mon intuition.

		Citation : la peinture, avec l'émergence d'un art anti-académique (notamment l'impressionnisme)

Oui mais avant cela et avant tout Manet.