Pohl : bon éditeur ou bon auteur ?

Nous semblions tomber d'accord, dans les lectures d'août, sur le fait que Pohl fut un excellent éditeur.
En duo, en particulier avec Kornbluth, il est très bon. Mais en solo, beaucoup moins.

Pohl est-il un auteur simplement sympathique ?

J'ai "connu" Pohl en tant qu'éditeur bien avant de le connaitre en tant qu'écrivain.

Je l'ai lu avec une très très bonne composition car je voulais vraiment le trouver bon.

Malheureusement, je l'ai toujours trouvé "moyen".
Un bon élève, appliqué, mais rien de transcendant.

Son cycle sur la grande porte, probablement son plus célèbre, est trop "lisse", ne m'a touché aucune fibre, ne m'a quasiment pas fait réver.

Un bon professionnel de l'écriture, probbalement, mais pas un bon conteur d'histoire.

Enfin, amha, bien sûr.

Le premier tome de la grande porte se distingue quand même des autres qui ne font plus ou moins qu'exploiter un filon .
Le personnage de Robinette est franchement atypique et l'univers de la grande porte tranche( ait) avec ce que l'on a(vait) l'habitude de voir en SF .
Tiens , il y a planète à gogo dans ma PAL , je vais lui faire sauter quelques places ..

plusieurs points :

1) la mort prématurée de Kornbluth (avec d'autres dans le même cas comme Weinbaum) a beaucoup contribuée à une image extrêmement flatteuse d'un écrivain hors-pair dont la mort nous a privé de force chefs d'oeuvre. C'est, à mon avis, une sorte de belle légende urbaine de la SF qui se raconte le soir dans les conventions. On ne sait pas ce que Kornbluth aurait fait par la suite, et si ces collaborations avec Pohl sont d'un excellent niveau, ses romans solo sont d'un niveau autrement plus faible (Ce n'est pas pour cette année, caricature anti-communiste ou Le syndic dont le gimmick aurait dû tenir sur une nouvelle).

2) les collaborations des deux sont certes excellentes, mais il est difficile de déterminer la part de chacun et j'ai toujours pensé que c'était une vraie synergie où le résultat transcende les qualités individuelles.

3) Le Pohl auteur a une carrière d'une longueur impressionnante et je ne suis pas convaincue que le lectorat francophone a une idée exacte de sa vraie taille et de sa vraie valeur. C'est pourquoi le qualificatif de 'sympathique' me parait excessif. Foster, Anthony sont sympa, Pohl joue dans une autre division.
C'est un nouvelliste d'une grande production qui a donné des textes aussi fort que Le tunnel sous l'univers, qui comme satire n'a pas à rougir des textes en collaboration. Il a aussi récemment donné des novella d'une grande qualité (Outnumbering the dead, Waiting for the olypians, Stopping at slowyear), il a produit des romans standalone (Homecoming, Starbust, Mining the Oort, The voices of heaven, The world at the end of time) ou des séries inédites (Escahton) qui sont largement au niveau de ses confrères.
Alors peut-être manque t-il un chef d'oeuvre incontestable ou l'oubli de certaines scories (Narabdela Ltd. ou les suites trop nombreuses à Gateway) pour améliorer son image.

(vous en voulez, des images ? ;-))

Pas la peine Sandrine ;-)

Je partage les réticences de Sandrine sur le Kornbluth romancier.
Il était plutôt un nouvelliste parfois très percutant, qu'un romancier vraiment marquant.

Sur la foi de ce que j'ai lu de Pohl, je suis tout à fait d'accord avec Sandrine, avec une nuance :

Pour moi, Le Tunnel sous l'univers est un chef-d'œuvre. Je me souviens d'avoir pris une claque magistrale à sa lecture.

Tunnel que l'on peut prendre ici.

Pour ce qui est des productions quadrumaniaques du sieur Pohl au dela de Cyril Kornbluth (auteur quand même de certaines bouzes mémorables genre le fusilier Cade), je trouve que ses collaborations avec Williamson méritent aussi d'être citées, j'avais bien apprécié Les récifs de l'espace et l'étoile sauvage.

En solo, si je trouve sa production très inégale, à l'exemple du cycle de la grande porte dont le premier opus est somptueux et les suivants daubesques, il m' a quand même laissé pas mal de bons souvenirs de lectures (certes lointaines) comme Les animaux de guerre chez MaraboutSF, L'ère du satisfacteur au Masque SF, ou Jem chez PPSF.

Par contre, je ne comprends que Homme Plus, au style lourdaud et à la fin hyperprévisible ait pu être primé...

A l'arrivée, c'est un auteur plutôt sympa, à l'oeuvre inégale, mais parfois capable de tutoyer les grands maîtres de la SF US que sont pour moi Silverberg, Haldeman ou Spinrad.

Maintenant, que le monsieur ait commis quelques écrits alimentaires afin de faire bouillir la marmite, et bien ma foi il ne serait ni le premier, ni le dernier (comme dirait Stapledon...).
Et c'est plutôt sympa de consacrer un thread à cet auteur dont tout lecteur de SF a forcément lu au moins un ouvrage :)

A vous entendre (lire), on dirait qu'il y a quelques GDC dans l'œuvre de Pohl...

		Citation : A vous entendre (lire), on dirait qu'il y a quelques GDC dans l'œuvre de Pohl...

j'ai dû mal m'exprimer alors. A mon avis, même s'il y a des oeuvres mineures ou alimentaires (cf. les derniers Heechee évoqués par Franz) et des oeuvres reconnues que je n'ai pas trop aimées (Jem, The cool war), je n'ai pas de souvenir de GDC chez lui.

Pour un bon récapitulatif de sa carrière, on peut se procurer le receuil (parmi les dizaines qui existent) Platinum Pohl.



(Orb, 2007, couverture photographique)

(une seule image, je me suis retenue)