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Sujet proposé le 03/06/2009 à 20h49 par BouquetdeNerfs |
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RE : Mot du mois de jouin : Precog
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20/06/2009 à 21h31
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Je vis tout en décalage. Tout se passe de la manière suivante : Je prépare mon café, tandis que tous mes autres sens sont déjà entrain de savourer le liquide chaud et amer dans ma tasse. Je finis ma course à pieds autour du lac, bien que je sente déjà les gouttes d’eau perler sur mon visage, et le pommeau de ma douche dans ma main. Je fais de l’autostop au bord de la nationale, mais je suis déjà rendu à me faire baver dessus par le chien du conducteur d'une fourgonnette.
Pourtant, je ne me suis jamais fait écraser par une voiture, tandis que j’étais encore physiquement à attendre que le feu passe au vert. Et, inversement, je ne me suis jamais fais physiquement écraser par une voiture, alors que j’étais déjà de l’autre coté du passage clouté. Mais, les accidents sont si vite arrivés...
Médicalement, je suppose que ma proprioception à me voir dans mon futur réel, et compensé par une lenteur de propagation des signaux électriques moteurs envoyés à mes muscles. Que les fibres du nerf optique soient excitées par des images de mon avenir,… Non, je rectifie : Que tous les signaux sensitifs reçus sont raccordés à mon futur, ça ! Je n’essaie plus de me l’expliquer…
Il y a un hiatus entre ce que je pense faire et ce que je fais. « Ce que je ressens » appartient déjà au futur, « ce que je fais » appartient au présent. Le tonnerre et la foudre n’ont pas la même vitesse de propagation à travers la matière, mon corps et mon esprit, c’est du tout pareil. J’ai remarqué que cette distance mise entre mes deux « moi » est proportionnelle à mon état de fatigue. Plus je suis inquiet, plus je suis paumé, plus je suis à coté de la plaque, plus ma perception du futur est angoissée, plus mes réactions au présent sont en mauvais raccords. Demain, je vais au chevet d’une amie dans le coma, je n’ai pas arrêté de faire des conneries, de l’eau que je verse à coté de mon verre, une marche que je loupe, une casserole qui déborde, des larmes qui ne coulent pas.
Un tel déphasage est pour le moins inutile, mais il m’a ouvert une seule perspective intéressante, celle de peut-être voir ce qui se passe après la mort. Ma curiosité me perdra. Le protocole de cette expérience est simple, je me suiciderais. Le choix de ma mort sera le plus grand casse-tête de ma vie. Il ne s’agit plus pour moi de savoir quand ma mort surviendra, mais quand la déclarer. Le dernier battement du cœur, le dernier souffle, la dernière pensée… Lors de l’arrêt total du cerveau, j’aurais 3 minutes avant que mon cerveau subisse une destruction complète et irréversible. Mais je ne sais pas si mon « moi » projeté dans ma mort cérébrale sera à même de revenir de sa mort. Je suis bon joueur.
Cette folie, c’était la réponse à ce sourire énigmatique qui flotte en permanence sur ses lèvres, à ses paupières qui s’ouvrent et se ferment sur ce regard lointain. Doucement sa tête se tourne vers moi, mais elle ne s’arrête à aucun moment, comme si elle ne me voyait pas, et ne réagissait pas à ma voix qui prononce son nom. Assis à son chevet, j’ai décidé d’explorer la mort.
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dernière édition : 20/06/2009 à 23h28
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RE : Mot du mois de jouin : Precog
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21/06/2009 à 15h07
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Tiens, je n'ai plus qu'une semaine pour trouver une bonne idée sur ce thème. C'est mal barré ^^' |
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T'es dans le caca. Ca t'apprendra à faire du bachottage...
L'inspiration vient avec un verre de pastis, mais t'es vite rendu à plusieurs. ^^
Un précog rétroactif, c'est une drôle de pathologie, je te laisse lever les ambiguités temporelles qui en découlent. :)
"...ma proprioception à me voir dans mon futur réel, et compensé..."
---> je voulais écrire : "...ma proprioception à me voir dans mon futur réel est compens ée...."
Bref.
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dernière édition : 21/06/2009 à 15h08
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25/04/2008
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RE : Mot du mois de jouin : Precog
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22/06/2009 à 01h47
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Ma modeste contribution parmi ces sympathiques textes.
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Des éclairs de jais se moiraient à la surface du lac en présentant de curieux scintillements chaloupant sur leur tapis d'encre. La nuit était tout à fait là et j'attendais dès lors la clarté vespérale et sa fidèle boule d'or chargée de décrire avec humilité un tracé étincelant sur les vaguelettes confuses.
Mais pendant ces longues heures à figer les ténèbres se mouvant en silence, il me semblait percevoir des cadavres dérivant sur l'étendue d'ébène avec la liberté obscène qui leur est propre. J'éprouvais ces masses puantes noyées dans une éternité liquide aussi distinctement qu'à travers un spectacle morbide d'après midi azuré.
Quand arrivait enfin l'aube, et comme à chacun de ses jaillissements, la fièvre des cieux levait fatalement le voile de l'angoisse : mes paupières s'ouvraient alors sur l'habituel paysage, composé de la large étendue d'eau paisible reposant sur une horizon aussi pure qu'un souffle d'enfant.
On ne m'avait jamais indiqué d'analyser ces étranges songes du sommeil, mais uniquement de les communiquer à ces personnes, qui depuis bien des aspirations et expirations de soleil, ne sont plus venues me rassurer.
Ce matin là, alors que les échos de la mort se dissipaient chaleureusement, je distinguais une silhouette humaine et courbée, claudiquant dans ma direction. Était-ce enfin un de ces esthètes des rêves? Je l'espérais. Alors qu'il arrivait à ma hauteur, il lança d'une voix haletante :
« -Par tous les diables, serais-tu encore en service ?
-Oui, monsieur. Mais j'ai bien peur qu'on ne me capte plus depuis fort longtemps. »
Il me dévisageait étrangement, et je fus très étonné de sa stature fort différente de toutes les personnes avec qui je m'étais entretenues jusqu'alors.
« -Tu es un de ces fameux appareils de prédiction à longue durée, n'est-ce pas ?
-Oui. Les esthètes m'avaient rivés à la contemplation des étoiles. Mais celles ci restant silencieuses, ils ont d'abord cru à un problème interne. Ils m'ont alors demandé de sentir avec délicatesse le paysage terrestre qui s'allonge autour de nous. Mais en êtes-vous seulement un ?
Il haussa un sourcil puis exhala un long soupir étouffé par la brise matinale.
-Tu n'es donc pas au courant ?
-Non... cela signifie-t-il que vous n'êtes pas là pour me consoler ?
-Les Hommes sont morts....
Et il ajouta, en un mince sourire dissimulé derrière une barbe broussailleuse, que je ne suis pas arrivé à décrypter :
...et tu sembles être leur prophète.
-Je ne comprends pas, monsieur. Est-ce là un rapport avec mes cauchemars pétris de cadavres au bord de l'abîme ?
-Et bien, peut être...sûrement. Mais tu es programmé pour recueillir l'avenir.
-Oui. Alors je ne comprends pas.
-Et bien, en d'autres termes, peut être que les seules étoiles accessibles à nous autres humains, ne seront à jamais que celles fixées sur nos pupilles...
Après un long silence; du fait que je n'avais rien à répondre étant donné que j'étais maintenant sûr qu'il n'était pas qualifié pour m'apaiser, il reprit :
-Souhaites tu que je te désactive ?
-Vous n'êtes pas autoriser à le faire. Et de toute manière, je crois qu'un jour quelqu'un viendra me réparer.
Il sourit et, en s'éloignant, murmura d'une voix attendrie par le vertige des vents :
-Sois patient alors, et fais de beaux rêves.»
Quand la silhouette disparut derrière une vallée lointaine, je me retourna vers l'immense flaque brasillant sous le vif joug de la lumière.
Et cette nuit là, en songeant à cette rencontre improbable, je crus distinguer une clarté céleste lovée au creux d'un des nombreux orbites à jamais éteints.
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 " Perdre sa vie à la gagner semble l'aliénation par excellence " (Caraco)
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dernière édition : 22/06/2009 à 02h30
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