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Sujet proposé le 02/03/2009 à 15h10 par morca |
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RE : Mot(s) de mars : greffes et prothèses
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07/03/2009 à 00h59
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BBBAAAAIIILLLLE !!!
Et bin, tant pis pour les fautes qui restent, je vais dormir...
Chiant, ça, de choisir le mot du mois, ça fait bizarre... :s
"Tout d'abord se fut Marguerite ; Marguerite et ses deux énormes mamelles.
Comment avait-on pu trouver la place de greffer ces deux glandes sur cet être pourtant chétif, je ne me l'étais jamais expliqué. Mais une chose était sûre, une chose que je comprenais très bien, c'est que cela faisait son effet en société.
Marguerite était vite devenue une figure incontournable du tout-Paris. Et elle en profitait. Moi aussi d'ailleurs.
Sollicités dans les dîners mondains, attendus dans tous les vernissages, invités à toutes les sauteries, nous menions une vie éreintante mais trépidante.
Puis, il faut bien le dire, nous n'en retirions pas bénéfice que dans la sphère publique. Les protubérances bovines de Marguerite étaient fort sensibles et j'éprouvais une joie enfantine à suçoter, tirer, mordiller les multiples pis dressés comme autant de priapes couleur lait-fraise.
Hélas, cela ne dura que quelques années.
D'abord ce furent les problèmes de dos - provoqués, bien sûr, par le poids de ces organes démesurés - auxquels la médecine, toute acharnée qu'elle fût, ne venait pas à bout. De cela, Marguerite semblait s'accommoder, d'une manière qui, pourtant, n'allait guère me convenir.
Elle, jadis si vive, si alerte, se traînait désormais lamentablement, passant ses journées allongée sur le sofa du salon, et nos soirées l'arrière-train vissé sur une chaise ou un fauteuil, à s'empiffrer de tout et n'importe quoi. C'était là sans doute une façon de pallier à une forme d'ennui provoqué par son inertie nouvelle.
Cela je pouvais le comprendre.
Inévitablement, ce régime sédentaire engendra une prise de poids rapide et conséquente. Les quelques rondeurs, d'abord discrètes, se dilatèrent peu à peu, puis débordèrent de toutes parts, rivalisant en disproportions, montant puis retombant les unes sur les autres, se disputant à chaque instant un espace trop restreint.
Cela, encore, j'aurais pu l'admettre, car, dois-je le préciser ?, j'aimais Marguerite.
Non, ce n'était pas physique, disons plutôt... mimétique. Ce côtoiement perpétuel de la mollesse, ce spectacle quotidien de la flaccidité. Marguerite s'avachissait – littéralement, voilà tout. Parfois même, je croyais bien apercevoir, lorsqu'elle restait seule assise au milieu de l'agitation des convives, comme une larme couler, un je-ne-sais-quoi qui lui humidifiait l'oeil – le triste regard du bovidé.
Ca je n'aurais pas pu le supporter longtemps.
Je n'en eus, de toute façon, pas l'occasion. Malgré moi, je devais bien prêter l'oreille aux rumeurs qui courraient, proprement hallucinantes, que je rejetais avec de plus en plus de difficulté. J'en eus hélas la pénible confirmation, un jour, en rentrant, chez moi – plus tôt, comme il se doit - pour découvrir Marguerite, toute malléable et lymphatique, auscultée par une équipe vétérinaire.
Elle avait les pis, j'avais les cornes.
Je demandais le divorce la mort dans l'âme.
Plus tard dans ma vie, vînt Inpout, une belle égyptienne, artiste de son état, que j'avais rencontré dans diverses réceptions. Cette histoire ne dura pas bien longtemps. La mode des xénogreffes prenait et elle se mit en tête de se faire ajouter un appendice caudal canin. D'abord, je n'y vis pas d'inconvénient. Certes, il avait fallu refaire toute la garde robe de Mademoiselle - enfin, le bas – puisqu'un orifice postérieur était maintenant nécessaire. Qu'importe, quand on n'aime on ne compte pas.
C'était même amusant, les premiers jours, de voir cette queue de lévrier - c'était le modèle qu'Inpout avait choisi - se courber, se dresser, s'agiter en fonction de son humeur - et ce de façon totalement incontrôlée. Je l'appelais "ma petite levrette".
C'est d'ailleurs là que se posa le problème. Chose insoupçonnée, le prolongement gênait fort la dame quand elle s'allongeait sur le dos. Moi, pourtant, je ne pouvais supporter cette chose poilue qui remuait en tout sens, battait l'air, tambourinait sur mon ventre. Je ne pensais plus qu'à ça, j'étais sans cesse distrait, je perdais mes moyens. Ce devint vite une obsession. Même dans la journée je ne pouvais m'empêcher de pester contre la queue d'Inpout, avec, sur la fin, de très nets désirs de cisaillement.
Nous convînmes d'un commun accord que la rupture était préférable.
Cela tombait en fait plutôt bien, car, depuis un certain temps, je dois l'avouer, mais je plaide les circonstances, je trouvais moins de charme à Inpout qu'à sa plus jeune soeur.
Ce penchant fut plus que réciproque.
La mode transformiste battait alors son plein - au point que je me demandais si je n'étais pas le dernier produit d'origine naturelle contrôlée. Il était - c'était il y a dix ans - impossible d'aller contre, sous peine de se faire rabrouer, traiter de réactionnaire, passéiste, fasciste presque ! Dix ans déjà...
De Bastet j'acceptais pourtant tout et tout me plaisait. Les pupilles en fente étroite, les oreilles pointues, la truffe rose, les griffes rétractiles - j'en porte pourtant encore les cicatrices - la fourrure angora, chaude et douce - mais quelle plaie pour le nettoyage ! Même la longue queue - longue mais souple, gracieuse, loin de ces battements canins vulgaires et stupides - oui, même sa queue ne me dérangeait pas - un effet, aussi, et parmi d'autres, d'une lordose prononcée.
Non, tout cela m'allait très bien.
J'ai pourtant, encore une fois, rencontré l'indépassable, l'insupportable, l'inadmissible : l'addition chirurgicale d'une langue des plus râpeuse.
Pratique pour la toilette, je l'admets – et quel beau tableau ! - mais terrible sous d'autres aspects. C'est ainsi que j'ai perdu l'amour de ma vie, je n'ai pas peur de le dire si clairement ici, par l'horreur de baisers rugueux, par la crainte de laisser, sur cette langue raboteuse, un morceau de peau, ou pire...
Voilà quelles furent mes déceptions.
C'est pourquoi, aujourd'hui que cette folie s'est apaisée, Chérie, je t'en conjure, je t'en supplie : la queue, soit, les oreilles, pourquoi pas, mais abandonne cette idée folle de te faire greffer une trompe.
Chérie, pas la trompe !"
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 C'est pas vrai, je ne suis pas misanthrope. La preuve, j'ai des amis humains.
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dernière édition : 07/03/2009 à 01h17
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RE : Mot(s) de mars : greffes et prothèses
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07/03/2009 à 09h08
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Mouahaha, très bon cauchemar, Morca.
Pour l'oeil, on va dire que c'était un singulier pluriel, comme dans "il avança, l'oeil furieux".
Donc, Juliette est devenue aveugle, mais pas sourde, et les bruits de succion qu'elle entend dégouliner vers elle lui glacent les sangs (un pluriel singulier). C'est alors qu'apparaît Roméo le thésard (voir Saison 1), brandissant son méta-pied-de-biche à antimatière estampillé Freeman, qui se lance dans une mêlée épique avec les créatures zideuses venues des tréfonds des Marécages Nébuliques. Mais la troupe est trop nombreuse, et Roméo disparaît bientôt sous un déluge de griffes et de crocs, tandis que Juliette se sent soulevée par une jungle de tentacules moites et vibrants. Un seul recours, l'exosquelette protoplasmique qu'elle s'est fait explanter récemment. A suivre...
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RE : Mot(s) de mars : greffes et prothèses
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07/03/2009 à 14h04
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Je m'inspire de l'univers de Morca, enfin, je voulais réaliser cette idée depuis le début, il m'en a donné l'occasion.^^
Donc première partie, la suite au prochain numéro :
"Quand l'attrait envers la faune, si considérable était-il, commença à décroitre, faute à l'inspiration humaine ayant écumé la quasi-totalité du monde animal, je crus bien un moment -certes assez naïvement quand j'y repense- constater l'achèvement de ce phénomène insane.
C'était sans compter sur l'inépuisable ferveur des commerciaux en la capacité humaine à gober avec avidité une masse d'absurdités tendant vers l'infini et au delà.
La nouvelle tendance ciblait particulièrement les rangs des étudiants bobo-écolos, parmi lesquels elle fit un véritable carton lors des annonces des premiers greffons disponibles.
Finalement, je pourrais feindre une indifférence polie si elle n'avait pas atteinte par la suite mon propre foyer. En vérité, tous ces jeunes qui substituaient leurs appendices grotesques issus de bestiaux de tous poils à des emprunts végétaux ne finissaient pas d'attiser ma curiosité.
Je rencontrai alors fréquemment de délicates transformations : Une tulipe s'épanouissant éternellement le haut d'une épaule gracile; des fougères miniatures remplaçant habilement de fins sourcils, donnant lieu à de formidables œillades forestières; de tortueuses lianes sauvages s'éparpillant avec parcimonie à travers d'épaisses crinières échevelées ; tout cela n'était pas sans exhaler un certain charme.
Bref, cette nouvelle incartade des greffes d'embellissements me sembla, sur le coup, bien moins sujette à réprobations que la précédente.
Je crois avoir été envahi d'un pressentiment, irrationnel -comme toute prémonition qui se respecte-, quand Amande me fit part, au creux de l'oreiller, de sa dernière lubie, qui disait elle, « la tourmentait comme jamais auparavant ». Soit. Je la savais irascible telle une femme sur ces choses là, gardées jalousement dans leurs griffes acérées, leurs chasses gardées inexpugnables; alors je n'insistai pas, ne voulant atterrir de la torpeur procurée par le dernier orgasme qu'elle m'avait adroitement apporté."
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 " Perdre sa vie à la gagner semble l'aliénation par excellence " (Caraco)
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dernière édition : 07/03/2009 à 14h06
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