|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
 |
|
 |
|
|
| Inscrit le : | |
|
|
12/10/2006
| |
|
|
|
|
277
messages | |
|
|
|
|
 |
|
 |
|
|
|
 |
|
RE : Le mot du moi de mai.
|
20/05/2008 à 16h25
|
|
|
| |
|
|
| |
|
J’avais une migraine affreuse.
Le genre de maux de tête qui vous fait penser sérieusement que la guerre des neurones est déclenchée.
J’étais allé rendre une petite visite à mon médecin généraliste, qui par ailleurs était mon meilleur ami, lequel m’avait suggéré de prendre un rendez-vous chez un dentiste-plasticien, psychanalyste le soir.
— Dentiste-plasticien ? Qu’est ce donc que cette spécialité ? avais-je demandé à mon ami.
— C’est comme l’exercice de la stomato-pédologie, mais sans licence. Tu vois ce que je veux dire ? m’avait-il rétorqué.
Non, je ne voyais pas ce qu’il voulait dire…
Mais là n’était pas la question.
L’homme était psychanalyste après l’heure du goûter, et c’était cela qui m’intéressait.
Je pris donc mon téléphone portable, celui-là même que j’avais volé à une petite vieille que j’avais prise pour mon épouse, et je composais les 7 lettres du prénom dudit psy :
I R E N E
Irène ?
Un prénom de femme…
L’homme n’en était donc pas un.
L’homme en question était une fille.
Mais personne ne répondit.
Bip bip bip… faisait l’écouteur.
Je décidais de me rendre physiquement au 5 rue des avenues glauques, sans rendez-vous.
Il était 2 heures de l’après-midi.
J’attendrais sagement que le dentiste-plasticien se change en psychanalyste…
En cinq petites minutes, j’étais devant sa porte.
Une grande porte noire en fer forgé, surmontée d’une monstrueuse tête d’ail verte qui diffusait une odeur pestilentielle… pire qu’une poubelle de poissonnier oubliée des semaines un été caniculaire…
Il n’y avait pas de sonnette.
Je sonnais tout de même avec ma clochette personnelle, attachée au pompon de mon bonnet rouge.
Un homme au visage ensanglanté vint m’ouvrir.
— Que venez-vous faire ici ? me demanda t-il d’une voix gutturale.
— C’est pour une psychanalyse avec monsieur ou madame Irène. C’est bien ici ?
— Faut d’abord qu’elle me termine ! Venez. Suivez-moi.
J’entrais.
Ma migraine redoubla dès que la porte se referma.
J’étais dans une pièce toute blanche, baignée de lumière.
Ebloui, je fermais les yeux.
L’homme me pris par le bras et me conduisis au centre de la pièce.
Il me pria de m’asseoir par terre, ce que je fis naturellement car je sentais la fatigue me submerger.
Puis, il s’en alla.
J’entendis des martèlements, des bruits de roulette, des sons stridents, des hurlements aussi, des raclements de gorges et… plus rien.
J’attendis pendant des heures.
A 18H30, une jolie jeune femme brune vint me chercher.
— Bonjour monsieur X. C’est pour une psychanalyse ? me demanda t-elle
— Oui, répondis-je. C’est mon généraliste qui m’envoie car j’ai une affreuse migraine.
— Venez mon ami, je vais vous soigner…
Ce qui se produisit ensuite, je ne m’en souviens plus.
Je me suis retrouvé là, nu, dans ce jardin potager au milieu des salades.
Des employés municipaux sont venus, m’ont ligoté, coupé la langue et enfermé dans ces toilettes publiques avec pour seule arme ce stylo avec lequel j’écris ce qui m’est arrivé.
Je jure que si je me sors de là, jamais plus je n’irais me faire psychanalyser.
C’est trop dangereux.
Au fait…
Je n’ai plus mal à la tête.
|
|
| |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
 |
|
 |
|
|  | | | |
|
| Inscrit le : | |
|
|
27/04/2004
| |
|
|
|
|
5844
messages | |
|
|
|
|
 |
|
 |
|
|
|
 |
|
RE : Le mot du moi de mai.
|
30/05/2008 à 10h00
|
|
|
| |
|
|
| |
|
La salle d'attente était sombre et humide. Autour d'une table offrant quelques vieux magazines jaunis, les patients attendaient leur tour, évitant de croiser leurs regards, de peur qu'on y lise la crainte ou la culpabilité. Le silence était pesant. Seuls l'interrompaient, ou plutôt - c'était bien pire - le soulignaient, les grincements des chaises vermoulues quand, régulièrement, quelqu'un tentait, le plus discrètement possible, de dénouer ses membres ankylosés.
Jonas, tout comme les autres, regardait tantôt le plafond craquelé, tantôt le tapis bariolé - était-ce là un motif original ou une tache de moisissure ? - tantôt les bibliothèques qui pliaient sous le poids de livres aux titres étonnants. "Le moi dans la théorie de Freud", "Psychanalyse et connexions", "Le transfert au-delà de l'intersubjectivité", "Duchamp l'anartiste" et bien d'autres.
Jonas aurait aimé les posséder, les parcourir, mais, dans le même temps, savait que cela aurait été impossible. Il reporta son regard sur le tapis, s'y noyant, tentant dans le même temps d'échapper au silence en tendant son attention au-delà des murs.
Mais rien ne perçait, rien d'autre que les réguliers tintements liquides des gouttes qui trouaient le plafond du boyau d'entrée. A moins que...
Soudain tout ne fut plus que fureur. La porte de la salle d'attente explosa littéralement. Des hommes pénétrèrent, renversant violemment fauteuils et tables, bousculant les patients. En une seconde, tous étaient alignés contre les murs, et mis en joue. Une voix calme précisa :
"Attention s'il vous plaît. Vous êtes en état d'arrestation pour complicité d'exercice illégal de la médecine et violation du droit d'exclusivité commerciale pharmaceutique."
Plus loin, la même phrase - hors la complicité - était servie à l'analyste qu'on sortait sans ménagement de son bureau. Pendant que des hommes en uniformes saisissaient les livres, les jetant dans de grands sacs poubelle, la voix poursuivit :
"Votre attention. Vous allez être transférés dans un établissement certifié en vue de passer des tests objectifs et permettant une analyse quantitative de vos troubles. Dans l'attente, et par mesure de précaution, afin d'éviter tout désagrément dû au stress, veuillez ingérer sans résistance l'anxiolytique que mon collègue vous présente. Merci".
Son tour venu, Jonas avala la gélule rose à regret.
|
|
| |
|
 C'est pas vrai, je ne suis pas misanthrope. La preuve, j'ai des amis humains.
|
|
 |
|
dernière édition : 30/05/2008 à 10h19
|
|
 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Science-fiction, fantastique, fantasy : Culture SF, toutes les littératures de l'imaginaire
© Culture SF 2003 / 2014 - Conception et réalisation : Aurélien Knockaert - Mise à jour : 08 juin 2014
nos autres sites : APIE People : rencontres surdoués - Traces d'Histoire
|
|
|
|
|