La mort..? Et après..?

Dans l'œuvre pléthorique de Robert Silverberg, il est souvent question de vaincre la Mort.


Dans les romans Résurrections, Revivre encore, Gilgamesh, Roi d'Ourouk et sa suite Jusqu'aux portes de la vie, Le Livre des Crânes, Shadrak dans la fournaise...


Mais je pense surtout à la sublime novella Nés avec les morts,
où les ressucités mènent leur propre vie à l'écart des vivants :
n'y a-t-il vraiment pas moyen de renouer le contact ? de faire revivre l'amour ?

		Citation : Mais je pense surtout à la sublime novella Nés avec les morts

Très bon souvenir. Dont la lecture m'avait été recommandée ici même, peut-être par toi Jim... J'étais dans une phase silverbergophile après avoir lu Sailing to Byzantium ou l'oreille interne... Mais après une longue phase silverbergophobe avec des (essais de) lectures genre La tour de verre ou les monades urbaines...

Dans Isolation de Greg Egan que je suis en train de relire pour la troisième fois (c'est inépuisable), le héros fait "revivre" sa femme tuée dans un attentat, grâce au mod Karen, un dispositif nanotechnologique qui modifie le cerveau. Dans ce roman, tout le monde est gorgé de ces mods qui permettent d'augmenter les capacités humaines, se repérer dans une ville inconnue (Déjà Vu), empêcher certaines pensées (Boss) ou maîtriser la calligraphie chinoise. "Karen n'est pas contrainte de se conformer de manière rigide à une personnalité ; elle agit parfois comme dans mes souvenirs, d'autres fois comme dans mes fantasmes, et d'autres fois encore de façon aussi énigmatique que la trame d'un rêve..." Dans l'édition Lunes d'Encre, ils se sont un peu mélangé les graisses typographiques entre Karen, le mod, écrit en caractère gras et Karen, la femme défunte, dont le héros évoque le souvenir, qui devrait être en maigre (comme elle l'est dans la VO)...

On en parlait ce week-end même.
De Jaworsky, "Janua Vera" et "Gagner la guerre".
Je me souviens d'une nouvelle, peut-être la dernière du recueil qui tournait autour de la Mort, de la terre et de la mort, d'un truc qui m'avait pris aux tripes. Oui, mais voilà, mes souvenirs ne me font pas remonter plus loin.

Et si de génération en génération, nous les vivants, portions dans la caisse de résonance de nos crânes fermés, les pensées sans cesse tourbillonnantes de celles et ceux qui nous ont génétiquement précédé, de parents en enfants; jusqu'à nous les rejetons, ultimes vivants de si longues lignées.

Quelles cacophonies étourdissantes dans l'arène d'os de nos boites crâniennes..?, Echos surmultipliés et superposés des voix tonitruantes de ceux qui cherchent à s'imposer. Pas de filtre sociétal sur les haines accumulées d'un individu mort à l'autre. Et si les conversations superposées réagissaient immédiatement à ce que nous voyions, nous les vivants, ultimes possesseurs du regard sur l'instant...?

Quelque chose comme "Several Species of Small Furry Animals... " de Pink Floyd sur Ummagumma.

https://www.youtube.com/watch?v=T1tfUaBezFo

C'est devenu très flou dans ma mémoire, car maintenant très lointain, mais il y avait bien quelque chose de ce genre dans la tête de Paul Atreides, après que la tête bleuie par l'Epice, il se cherche un destin parmi les fils possibles qui s'entrecroisent devant lui..?

Et dans Soleil Vert que reste t'il des morts après, qu'entre autres, certains vivants aient accepté l'euthanasie volontaire sur fond de musique anesthésiante et de montages photos lénifiants..?

Et les zombis ? Thème à la mode de nos jours. Les anciennes versions les présentaient plutôt comme des êtres revenus de l'au-delà, sans intelligence, l'étincelle de vie remplacé par une faim inextinguible qui les pousse à pourchasser les vivants. Plus récemment j'ai l'impression qu'une nouvelle version a fait son apparition. Pour reprendre la terminologie Jeu de rôle, le zombi est passé de Pnj (personnage non joueur) à Pj (personnage joueur). Il ne revient pas de l'au-delà mais n'arrive pas y accéder quel que soient les blessures qu'il subit. Il a aussi garder son intelligence ( impact plus intéressant dans un roman qu'un mort décérébré en déambulation erratique ? ). Par contre la faim est toujours là. Dans tous les cas il semblerait que le zombi ait besoin de la chair des vivants pour conserver une certaine cohérence corporelle.Un peu comme les vampires avec le sang humain Je qualifierais cette nouvelle version "d'Highlander qui perd ses morceaux" !?

La Grenouille à pilules:

		Citation : "Highlander qui perd ses morceaux"

Et en sens inverse:

"Après les chars de la seconde guerre mondiale, Blueberry en 48 volumes et les automobiles des années 60; voici venir une nouvelle exclusivité Altaya: le zombie en kit remontable. Chaque semaine chez votre marchand de journaux. Le premier numéro en vente en kiosque dès le lundi 29 fevrier. Avec en cadeau: le nez, le mouchoir et ses premiers asticots*"

*coucou Jim

Dans Les Planètes meurent aussi, de John Bayley, la mort n'est pas une fin. Mais comme c'est le sujet même du livre, impossible de spoiler !

Le 4ème de couverture pour teaser un peu :

"La vie. La Tache dévorait la vie. Dévorait les âmes. Dans son sillage, rien que des planètes mortes, peuplées de cadavres. Des cadavres par millions. Quelle arme pour un souverain absolu, un despote totalitaire dont l'empire s'étendait sur des milliers d'années-lumière ! Et quelle arme, aussi, pour le prince prétendant, chassé du trône de ses pères et qui ne rêvait depuis un demi-siècle que de le reconquérir ! A condition de pouvoir contrôler ce cancer galactique... Mais pourquoi le monstre, pourquoi la Tache avait-elle recraché Kastor Krakhno, le chef du mouvement anarchiste « Mort à la Vie » ? Qui ne s'en remettait pas..."

Tous les romans/nouvelles où le temps se déroule à l'envers pour un individu, une poignée, voir l'humanité toute entière... de la mort vers la naissance.