Deuxièmes chances

Si le parcours d'un lecteur est jalonné de rencontres : avec des auteurs qui seront amenés à devenir des compagnons d'un temps ou des amis pour la vie, avec des livres particulièrement marquants, leurs premiers contacts ne tiennent pas toujours du coup de foudre; et il faut parfois se croiser plus d'une fois pour aboutir à une entente cordiale ou une passion déclarée.

Quels sont ces faux-départs qui ornent d'une couleur singulière vos souvenirs d'une relation à un auteur/une oeuvre ?


Comme premier exemple, je vais faire une infidélité à la sf pour parler d'Albert Camus et de son classique L'étranger.
Cet ouvrage était dans ma liste de lectures conseillées pour le Bac; m'avisant promptement qu'il s'agissait du roman le plus court du lot, j'y mis le grappin dessus. Après deux-trois chapitres et combien plus de baîllements, je le fourrai au fond d'un tiroir... Quelques années plus tard, je le dévorai d'une traite, et éprouvai le besoin de le faire suivre par ce petit quart d'heure de silence qui dénote que l'on a été sous le choc...

Perso, ce genre de "redécouverte" d'un auteur ou d'une oeuvre, je l'ai vécu avec Hemingway et son Le vieil homme et la mer qui ne m'avait guère enchanté en première lecture et, relu des années plus tard m'a fait cet effet de choc d'une grande oeuvre.

L'autre grand exemple qui me vient à l'esprit n'est pas un livre mais bien de SF cette fois-ci. C'est La jetée de Chris Marker. Court métrage à l'origine de mes deux films préférés, L'armée des douze singes et Avalon, je l'ai visionné pour cette raison (Enfin, pour les douze singes car Avalon n'existait pas encore) : énorme déception, j'avais trouvé ça rasoir. Je l'ai revu récemment alors que quelques années me sépare du premier visionnage, et là, boum ! Nouvel état de choc similaire à une révélation : ce court métrage est fabuleux et exceptionnel.

Sinon, y a Terry Bisson que j'ai eu le malheur de découvrir à travers la pitoyable novellisation du 5e élément, je vous laisse deviner l'image catastrophique que j'ai eu de cet auteur... jusqu'à ce que je lise quelques unes de ses nouvelles. Ca n'a pas fait de moi un inconditionnel, mais au moins ça a effacé l'image détestable que j'en avais.

La première fois que j'ai vue Brazil j'ai trouvé ça "pas mal" mais un peu long.
Dés la deuxième vision c'est devenue mon film préféré.

Vous m'avez tous l'air d'être de grand lecteur et cela depuis longtemps. Ce n'est pas mon cas. J'ai commencé à lire vers les années 2000 (suis né en 1967). Avant je devais lire un livre par an. Donc, c'est même pas que j'abandonnais un livre pour y revenir plus tard, c'est que je ne lisais pas.

		Citation : star6 a commencé à lire en 2000

star6, c'est vrai que tu dois être un cas rare sur ce forum.
Ca m'interesserais de savoir ce qui a déclenché ta carrière de lecteur.
Tous ceux que je connais qui lisent ont commencé enfant, et chez tous ceux que je connais qui ne lisent pas, personne ne s'y est mis (désolé pour le style lourdingue de la phrase)
J'en avais tiré une superbe loi universelle, dommage pour mes certitudes...

		Citation : Vous m'avez tous l'air d'être de grand lecteur et cela depuis longtemps

Non, pas moi.
Ma carrière de lectrice a été en dent de scie, avec des périodes de néant parfois assez longues : perte de l'envie, pas le temps, trop de soucis, autres priorités, la vie n'est pas un long fleuve tranquille etc.
Et de toutes façons, je lis très lentement.

Quant au sujet : jusqu'à présent je n'ai pas d'exemple de deuxième chance. En général, quand je n'ai pas aimé, j'ai du mal à y revenir et mon opinion est assez définitive.
Par contre le contraire arrive assez souvent : la déception à la relecture.

Comme Gracie, je lis très lentement, ce qui limite le volume absorbé.

J'ai lu (un peu) jusqu'à environ 10-12 ans. Puis plus rien jusqu'à 20 ans , ou alors un livre ou deux par an comme star6.
J'ai commencé la SF il y a deux ou trois ans à peine. Pourquoi ? Aucune idée, personne ne lit de SF dans mon entourage. J'ai commencé par lire un livre de temps en temps, et ce n'est que depuis un an environ que je lis "en continu", en ayant toujours un livre en cours.

Du coup je ne relis pratiquement jamais rien.

Je me rappelle avoir abandonné Les seigneurs de l'instrumentalité de Cordwainer Smith que j'avais trouvé terriblement démodé au premier abord. La beauté et la poêsie de ces textes ne me sont apparues que quelques années plus tard. La planéte Shayol notamment est une pure merveille.
Faux départ également pour Schismatrice de Bruce Sterling et son univers des Mécas et des Morphos difficile d'accés, avant de m'apercevoir combien ce livre était essentiel et fondateur. Cent fois imité, jamais égalé.

Tleilaxu dit : "Ca m'interesserais de savoir ce qui a déclenché ta carrière de lecteur."

J'ai repris des études de... lettres ! Donc, je me suis tapé pendant 4 ans les "classiques". Pour la SF, ça m'a pris y'a environ un an avec Asimov, je ne sais pas pourquoi, c'était comme un truc qui avait toujours été là, en attente de son heure... oui, oui, allongé vous...

Tous à Zanzibar, commencé à 12 ans et refermé au bout de dix pages, terminé à vingt, sur le cul.