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| | Citation :
Et avant le big bang, qu'est- ce ? |
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Avant, il y avait Rien.
Je peux dire, "y avait", car c'était tellement inimaginablement rien que dire "N'y avait" n'est qu'une précision ridicule.
Donc, il y avait Rien.
Et Rien ne faisait rien.
En tout cas, un non-temps, il se contenta de ce rien - se contenta de lui-même.
Ceci pendant une non-durée indéfinie, mais relativement longue, bien qu'il n'y eut aucun étalon permettant de l'affirmer, et qu'il n'y avait alors absolument rien, soit rien de relatif.
Pourtant, un non-jour, une certaine lassitude pointant, ou, plus sûrement, parce que cela devait finir par arriver, il décida de se multiplier.
C'était une idée géniale, avouons-le - même si, nous, nous en avons fait pire qu'une habitude : un vice. Mais ce fut une idée pour rien, car Rien avait beau se multiplier, il n'y avait toujours que Rien.
Attristé par ce constat, il tenta alors de se soustraire. Dans un premier temps, il dut admettre qu'il n'y avait rien auquel se soustraire - ni responsabilité, ni situation, ni obligation... Il tenta alors de se soustraire à lui-même. (première tentative d'un genre que l'homme n'utilise lui-même qu'en dernière extrêmité). Mais là encore, ses tentatives furent vaines : de Rien, se soustrayant, il n'en restait Rien, soit idem.
La soustraction n'offrant pas de sortir de l'immuable, il voulut s'additionner. S'additionner à soi-même était une idée encore plus osée - que les humains eux-mêmes n'ont pas encore imaginée. Le concept, malgré sa puissance, n'eut d'autre résultat que nihil.
C'est alors que Rien n'alla plus.
Pris d'une folie soudaine, il se tortura, se carrésa, se cubisa, se racinecubisa... Bref, c'est au moment où il ne pouvait se décider entre
1. se nombrimaginariser
2. se polyalgébriser
..qu'il se divisa.
C'était une idée toute simple pourtant, à laquelle il aurait du penser bien avant. Mais une obscure logique l'en avait empêché.
L'espace d'un instant, Rien passa comme à travers un miroir.
Il eut alors la compréhension totale de l'évenement. Il vit pourquoi il n'avait pu penser à cette opération ex-nihilo : elle ne se résolvait que dans l'imprévisible. Partant, elle ne pouvait advenir qu'accidentellement.
Imprévisible, car son résultat n'avait rien de théorique. La division de rien par rien n'offrait qu'une seule solution possible, qu'on ne pouvait connaître que par la pratique. Diviser rien par rien ne donnait que ce qui était. Et "Ce qui était" n'était que ce qui n'était pas ce qui aurait pu être.
C'est ainsi que Rien devint ce-qui-était, que Rien devint Tout.
C'était vraiment étrange. Car, né de la division, tout était dans Tout, et chaque partie voulait reconnaissance, lors même qu'elle était constituée de sous-parties qui réclamaient également, etc... cela en abyme.
Très vite, Tout regretta le non-temps où il était Rien. S'il savait comment y revenir - par simple auto-soustraction - il comprit immédiatement qu'il faudrait lutter contre la volonté de ses propres parties qui, elles, s'accrochaient à l'existence, résistaient à l'annihilation. La lutte de Tout contre lui-même serait longue, mais, et parce qu'il ne pouvait y avoir d'autre fin, il savait qu'il retrouverait - un jour - son état initial et auquel désormais il aspirait plus que Tout.
C'est en tout cas ma théorie personnelle ;)