Le mot du mois d'août : Mur

Deux siècles que le mur séparait l'orient de l'occident. Personne ne savait cequi se passait de l'autre côté.
Après les premières vagues de réfugiés d'Asie, les gouvernements avait décidé d'en finir une bonne fois pour toute avec les étrangers. La récession mondiale avait d'abord touchée les USA qui avaient coupé toutes relations avec le reste du monde.
Puis, l'Europe avait suivi en construisant un mur d'enceinte à ses frontières de 100 mètres de haut sécurisé par une kyrielle de défenses automatiques.
En deux siècles le monde avait profondément changé. Les européens avaient redécouvert un style de vie dépouillé après avoir subit une période d'obscurantisme nationaliste.
Le problème qui se posait maintenant était la survie de l'éden. En effet la population survivante s'était réduite à quelques milliers d'individus et la consanguinité itérative avait appauvrit le génome.
Mais que faire, sinon apporter un sang neuf aux habitants de l'éden?
La décision fût prise d'aller explorer les terres de l'autre côté du mur.
Au pied du mur les personnes sélectionnées pour faire le voyage eurent un choc.
Comment franchir le mur? L'intelligence avait régressé et incapable de trouver une solution ils s'en retournèrent penauds vers leur destin funeste.

(cool, le mot du mois, j'aime bien et y en a pas eu en juillet...

pour illustrer : la ville de Tijuana vue du ciel (google map), la ville au sud, Mexique, les Us au nord...

Bon, une bafouille tardive pour la bonne initiative de cabalo (et de fabieng^^)

- Oh, regarde Papa, qu'est-ce que c'est ?
- ..... C'est le Mur.
- Le mur ?
...
...
- Papa ?
- Oui ?
- Pourquoi y'avait un mur là-bas ?
- Pas un mur, LE Mur.
- ... Mais pourquoi il est tout seul comme ça ?
(soupir)
- Il y a longtemps, il y avait dans certains endroits de la Terre beaucoup de problèmes. Des gens travaillaient beaucoup et beaucoup n'avait pourtant pas assez à manger. Il y en a qui volaient ou qui faisaient des choses... pas bien. Alors, on les mettaient en prison...
- En quoi ?
- Un endroit pour les enfermer... Mais il y en avait beaucoup trop. Un jour, quelqu'un a décidé de les mettre dans une ville, et on a construit un mur autour. On les laissait là pour toujours, avec des policiers, des caméras, et tout ça. Ils vivaient là, comme ils pouvaient, ils avaient même des enfants. Et comme, en plus, ils y avaient toujours de nouvelles personnes à mettre, la prison devenait plus grosse, et il fallait agrandir le Mur. Toujours, toujours le Mur grandissait, avec de plus en plus de gens dans la prison. Le Mur passait par dessus les montagnes, à travers les océans, il grandissait toujours, oui, toujours.
- Mais maintenant, il n'y a plus qu'un bout de mur, la prison a disparu, c'est fini ?
(soupir)
- Oui, si tu veux.

Si le mois d'Août est bien la saison des mûres, la SF est elle même pleine de murs (comme les oreilles arf!).

Cela m'évoque un bon vieux FNA de BR Bruss, le mur de la lumière ou alors le mur de dieu qui entoure Chu dans le Dosadi de Herbert.
Rappel de la grande muraille de Manchu en couverture DLE des Chronolithes de RC Wilson ou du mur séparant orient et occident dans le Wang de Bordage, sans oublier bien sur les royaumes du mur de Silverberg ou le mur des ténèbres de AC Clarke dans le receuil Avant l'eden.

Bref, la SF est une littérature qui a vocation à faire tomber les murs et à aller par delà les murs du monde (Tiptree)

Arf ! Le dessin de Fabieng m’émeut terriblement.

"Le mur murant Paris rend Paris murmurant."

(A propos de la construction de la Barrière des fermiers généraux)

"le mur": thème récurrent SF...?

L'inconnu qui se situe "De l'autre côté" implique la quète et les aventures et réflections de son héros leitmotiv, via la recherche d'une vérité "autre", souvent "cachée" (manoeuvre politique oblige), diabolisée (l'atome de l'holocauste nucléaire), ridéalisée quelquefois en Eden.

Des exemples, il doit y en avoir à foison. Dur, dur, ma mémoire flanche..! Et la votre..? Les propositions de Franz en appellent d'autres. Interessant sujet.

		Citation : Arf ! Le dessin de Fabieng m’émeut terriblement.

(merci c'est gentil, je croyais avoir posté dans le vide interstellaire)

Y a-t-il une malédiction avec le mot du mois ? il semble que ceux qui lancent ce sujet disparaissent les uns après les autres .... étrange affaire. je ne prendrais pas de risque.

"Seuls les philosophes s'intéressaient aux questions demeurées sans réponses. La plupart des gens ne se sentaient pas plus concernés par l'énigme du Mur que par celle de la vie elle-même.
A son retour du Pays des Ténèbres, il avait questionné Grayle. Le vieil homme l'avait considéré d'un oeil tranquille, puis :
- Selon la rumeur, une seule chose attend les hommes de l'autre côté du Mur : la folie."

In "le mur", tiré du recueil "les neufs milliards de noms de Dieu, A.C. Clarke.

		Fabieng : pour illustrer : la ville de Tijuana vue du ciel (google map), la ville au sud, Mexique, les Us au nord...

Frontière, une nouvelle, assez barbante à mon goût , issue du recueil Thanatopolis de Lucius Shepard évoque le mur de Tijuana mais dans l’histoire, le mur est devenu un "rideau d’énergie".

		Fabieng : il semble que ceux qui lancent ce sujet disparaissent les uns après les autres ...

Voui, ils sont bien volatils ces créatifs CSFistes ! En attendant qu’ils se manifestent (même si août est passé), on peut squatter ce thread et embrayer sur l’initiative de Franz d'évoquer les murs dans la SF (c’est en partie parce qu’elle parle de murs que j’aime la SF).

Le pavé de l’enfer de Damon Knight évoque un Mur qui sépare une société ultra consumériste des Autres. Il se dit des choses terrifiantes sur les Autres :
"Les Autres : ailes de chauve-souris, yeux de fou, vêtus d’habits de fer qui ne s’usent jamais ; mangeant leur progéniture ; vivant dans des cavernes creusées dans le roc avec les serres de leurs mains terribles".

Mais si les Autres étaient des … hommes ?

Il y a également dans l’immense Nous autres de Zamiatine, le Mur Vert au-delà duquel ils vivent. C’est un mur que l’on ne doit jamais franchir et D-503 trouve ça normal mais I est belle, elle trouble D 503 et il semblerait qu’elle ait déjà franchi le Mur Vert…


Dans Le grand silence , excellent roman de Robert Silverberg, des Entités E.T. ont pris le contrôle de la Terre et obligent les humains à construire d’immenses Murs autour des villes. Des Murs dont on ignore pourquoi on les construit, des Murs comme autant de symboles d’incommunicabilité. "Pourquoi ? Pourquoi ?" se demande un des personnages du roman. Une question qui ne trouvera pas de réponse.

Ces murs-là s’écrivent avec une majuscule.


Il y a bien sûr


>>>> les murs espions des dystopies, ceux qui violent l’intimité, ceux qui ont des oreilles comme le rappelle Franz mais aussi des yeux comme dans La Kallocaïne de Karin Boyle

"Au mur, il y avait l’oreille et l’œil de la police, aussi vigilants la nuit que le jour. Plus tard,[ …] je me vis forcé d’admettre que l’oreille et l’œil de la police n’étaient pas étrangers au caractère peu satisfaisant de la courbe de natalité de l’Etat Mondial "

Les murs espions n'ont pas toujours des yeux, il leur suffit par exemple d'être transparents et d'interdire de fait toute intimité comme dans le Nous autres de Zamiatine (eh oui ! encore)

"D’habitude, dans nos murs transparents et comme tissés de l’air étincelant, nous vivons toujours ouvertement, lavés de lumière, car nous n’avons rien à cacher […] "

Bien sûr, pendant les Heures Personnelles de 16h à 17h et de 21h à 22h, on peut baisser les rideaux. On peut également les baisser si on a un ticket rose correspondant à un jour sexuel… Cool, isn’t it ?


>>>> les murs qui servent à la propagande

"De tous les carrefours importants, le visage à la moustache noire vous fixait du regard. Il y en avait un sur le mur d’en face. BIG BROTHER VOUS REGARDE, répétait la légende, tandis que le regard des yeux noirs pénétrait les yeux de Winston… " 1984 – George Orwell


>>>> Les murs qui servent le consumérisme en imposant à l’intérieur (*) des logements des écrans publicitaires qu'on ne peut éteindre comme dans Globalia – J.C. Rufin (Tiens! Je cite Globalia, moi ? J'ai pas du prendre ma pilule bleue ce matin...)

(*) Pour les murs extérieurs qui servent le consumérisme, cela ne relève plus de la SF, on est bien d’accord. :/


mais il y a aussi d'autres murs intérieurs: ceux de la maladie mentale, ceux de nos préjugés, ceux de l'incompréhension, etc... et là, la liste des œuvres SF (et autres) qui les évoque est bien trop longue pour être dressée.


Pour conclure (pas trop tôt, hein ?) ;-) et tant pis si ce n’est pas de la SF, n’oublions pas "les murs de l’ennui" sur lesquels Paul Eluard écrit son nom.

C'est littératurant :) mais j'aime beaucoup.