Forum SF
  Critiques
  Critiques BD
  A propos du site
  L'Atelier
  Remue-méninges
    Le bistrot
    Annonces (une dédicace ? vous venez de publier un livre ?)
Pseudo :
Passe :
  Pas encore enregistré ?
  Mot de passe oublié ?
7 visiteurs actuellement
  Les forums de Culture SF
soleilvert

Inscrit le :
28/02/2005
1231 messages
 

Le Prisonnier

12/03/2005 à 22h38 
Pour répondre à Solaris, un petit mot sur ce feuilleton.
Il s'agit, avec Chapeau melon et bottes de cuir, de mon feuilleton TV préféré

Ah les feuilletons TV des années 60 et 70...

Le Prisonnier, fut tourné en 17 épisodes sous la houlette de Patrick McGoohan et George Markstein et diffusé à partir de 1967 (68 en France).
Mc Goohan (que l'on retrouve entre autres dans Destination Danger et quelques épisodes de Colombo) fut à la fois producteur, réalisateur dans les deux derniers épisodes et bien entendu tint le role principal de la série.

Au début un agent secret des services de renseignements britanniques donne sa démission.Il décide de prendre quelques vacances bien méritées mais après un petit jet de chloroforme se réveille dans un charmant village ou on va tenter de lui soutirer des renseignements vitaux.Il n' a plus de nom mais est désigné comme tous les habitants du Village par un numéro (le 6).Le patron est le numéro 1 (c'est bête à dire mais c'est la vérité) mais c'est surtout une succession de no 2 qui va tenter de lui arracher les vers du nez...tout en subtilité (pas de pousses de bambou sous les ongles mais des pièges tortueux)
Donc deux objectifs pour le no 6
1- ne pas dire la vérité
2- tenter de s'évader

Ce feuilleton peut se lire à plusieurs niveaux

- une série d'espionnage, bien à la mode dans ces temps de guerre froide
- une métaphore de nos sociétés occidentales (le village de Mac Luhan ?)
En effet le village (Portmerion dans le Pays de Galle) est doté de tout le confort moderne... mais on y est prisonnier, un peu comme dans nos société occidentales modernes ou certes on peut s'exprimer, mais ou il n'est pas possible de se promener sans papier et ou la liberté est remplacée par le couple "droit-obligation"



Signature de soleilvert blog : La sortie est au fond du web
   Consulter le profil de soleilvert  Envoyer un message privé à soleilvert  Visiter le site de soleilvert  
  Ajouter ce sujet à mes favoris Culture SF
   Répondre   |   page 1 / 1   |  
kgb203

Inscrit le :
14/05/2003
825 messages
RE : Le Prisonnier 12/03/2005 à 23h59  
Je n'ai pas encore eu la chance de voir la série, mais j'ai pu lire il y a une poignée de semaines le roman éponyme de Thomas Disch dont celle-ci est tirée (du moins je crois ?). Plutôt intéressant...

J'avoue que j'ai longtemps essayé de dégager le sens réel de la parabole.

J'ai pour ma part eu l'impression d'y retrouver l'illusion de liberté dont nous jouissons au sein de notre société (par illusion de liberté, je force un peu le trait naturellement), pas nécessairement en ce qui concerne la liberté de circulation, mais plutôt au niveau de nos possibilités réelles de choix de vie.
Sortir du cadre standard (vie sédentaire, emploi stable, société de consommation, ...), des "schémas de pensée" habituels, outre relever de l'exploit et nécessiter à coup sûr beaucoup de courage, aurait ainsi plutôt tendance, j'ai l'impression, à conduire dans de brefs délais à une dure marginalisation.
Etant donné que j'ai un peu de mal à formuler correctement ma pensée, je vais prendre un exemple auquel je songe souvent : imaginons que je veuille demain matin tout plaquer et m'enfuir en Lozère retaper avec les moyens du bord une vieille bâtisse à l'abandon, vivre de mon potager et de ce que j'aurais pu bricoler à droite et gauche, et prendre le soir la vie comme elle vient à l'ombre de mon vieux châtaigner, les yeux perdus dans les mouvants jeux de lumière du feuillage, sans plus penser à rien d'autre... Serait-ce réellement possible ? Si je souhaitais, demain, jouer au Robinson Crusoé, tirer un trait définitif tant sur mon passé que sur la vaine agitation du quotidien et m'exiler loin de tout sur une île du Pacifique (exemple extrême). Serait-ce seulement concevable ?

Bref, le cadre de nos sociétés globalement libres n'est-il pas en définitive d'une effrayante rigidité ? Finalement, cela rejoint ce que tu disais, soleilvert...

Voilà un peu l'idée que j'ai cru retrouver dans Le Prisonnier, d'autant que ces gardiens sphériques bien étranges tranchent étonnamment avec le réalisme des autres éléments de l'univers proposé, à la manière d'une menace trop diffuse pour être réellement circonscrite (la peur de la mise à l'index ? de ne pouvoir assumer ? de s'apercevoir que ce qui semblait possible et permis ne l'est pas tout à fait ?). C'est sans doute un peu capillotracté, mais...
Qu'en penses-tu ? Qu'en pensez-vous ?
   Consulter le profil de kgb203  Envoyer un message privé à kgb203  
soleilvert

Inscrit le :
28/02/2005
1231 messages
RE : Le Prisonnier 13/03/2005 à 00h47  
Tout à fait.
Nous sommes pris dans la toile d'araignée du "contrat social" tissé entre nous et la société.
La contrepartie du progrès, ce sont des obligations : plus question de tout abandonner ou de changer de vie.Nous devons rendre des comptes sans arret.
Je me demande si Millenium people de Ballard et son thème de révolte des classes moyennes (l'esclavage salarié) ne va pas dans le même sens, sans le coté espionnage du Prisonnier
Signature de soleilvert blog : La sortie est au fond du web
   Consulter le profil de soleilvert  Envoyer un message privé à soleilvert  Visiter le site de soleilvert  
morca

Inscrit le :
27/04/2004
5844 messages
RE : Le Prisonnier 13/03/2005 à 09h59  
J'ai adoré le prisonnier, la série... c'est sans doute ma série préférée...
Mc Goohan est vraiment mon type de héros...
Pris dans un piège absurde, il tente de déchirer les illusions. Et surtout, c'est un éternel résistant. Il ne lachera pas le morceau, c'est clair...
J'ai, perso, un rapport ambigu à la liberté. D'un côté, je n'adhère pas si facilement au concept de libre-arbitre, d'un autre côté, je suis très susceptible sur tout ce qui risque de diminuer ce qu'on pourrait nommer les libertés individuelles (mots qui ne font pas partie de mon vocabulaire)
Il y avait dans un livre pour enfant une phrase que je trouve hautement philosophique ;) : "la liberté est à l'horizon"...
cours, cours, Mac Goohan, c'est la seule chose à faire...
Signature de morca C'est pas vrai, je ne suis pas misanthrope. La preuve, j'ai des amis humains.
   Consulter le profil de morca  Envoyer un message privé à morca  Visiter le site de morca  
Sylvain

Inscrit le :
02/03/2005
216 messages
RE : Le Prisonnier 13/03/2005 à 10h03  
"imaginons que je veuille demain matin tout plaquer et m'enfuir en Lozère retaper avec les moyens du bord une vieille bâtisse à l'abandon, vivre de mon potager et de ce que j'aurais pu bricoler à droite et gauche, et prendre le soir la vie comme elle vient à l'ombre de mon vieux châtaigner, les yeux perdus dans les mouvants jeux de lumière du feuillage, sans plus penser à rien d'autre... Serait-ce réellement possible ? "

La question est : qu'est-ce qui t'en empêche ?
     
Sylvain

Inscrit le :
02/03/2005
216 messages
RE : Le Prisonnier 13/03/2005 à 10h09  
"La contrepartie du progrès, ce sont des obligations : plus question de tout abandonner ou de changer de vie.Nous devons rendre des comptes sans arret."

Je ne crois pas que l'esclave romain ou le serf du Moyen Age avaient moins d'obligations que nous alors qu'ils ne bénéficiaient pas des avantages du progrès moderne. Quant à tout abandonner ou à changer de vie, la question n'était même pas concevable.
Je ne nie pas le malaise que l'on peut éprouver aujourd'hui mais nous ne serons peut-être pas d'accord sur ses causes et ses remèdes possibles.
     
soleilvert

Inscrit le :
28/02/2005
1231 messages
RE : Le Prisonnier 15/03/2005 à 01h00  
"Je ne crois pas que l'esclave romain ou le serf du Moyen Age avaient moins d'obligations que nous alors qu'ils ne bénéficiaient pas des avantages du progrès moderne"

Par obligation j'entends loi,règlementation, décret.
Le serf subissait quelques contraintes iniques sans contrepartie, nous subissons une reglementation croissante (l'Europe en rajoute une couche) assortie certes de contreparties sous formes de droits.

C'est normal car vouloir vivre dans une société de droit impose de réglementer (il faut fixer les règles du jeu).Je pense que ce poids accru de réglementation associé au souci d'éfficacité des société modernes va paradoxalement à l'encontre de la liberté.
Des exemples :
1- FT opérateur de téléphonie devait jadis demander l'autorisation à son ministre de tutelle d'augmenter ses tarifs.(ça se décidait en conseil des ministres)
Aujourd'hui FT est privatisée et dans le juste souci de ne pas pénaliser la concurrence pour augmenter ses tarifs, elle doit demander l'autorisation

- au ministre de l'industrie
- à l'ART
- à (trou de mémoire) l'autorité européenne compétente

2- Le souci d'efficacité

Pour arreter plus rapidement un criminel, on peut être tenté de fabriquer des fichiers informatiques sur une population donnée

3- Les artisans au Moyen Age il me semble se déplaçaient facilement d'une ville à l'autre pour exercer leurs métiers

4- Si je veux vivre en Lozère il va me falloir changer de médeçin de proximité, avertir les banques et tous les créanciers, le centre des impots...
Signature de soleilvert blog : La sortie est au fond du web
   Consulter le profil de soleilvert  Envoyer un message privé à soleilvert  Visiter le site de soleilvert  
solaris

Inscrit le :
31/05/2004
466 messages
RE : Le Prisonnier 15/03/2005 à 13h44  
Le malaise vient surtout des propos que l'on nous tient et de l'hypocrisie ambiante. Bien sûr, nous sommes plus libres que le serf du moyen age, mais on ne lui faisait pas croire non plus qu'il l'était.
le symptôme du Prisonnier, c'est surtout que le village est gentil! Qu'il tient un discours démocratique (il y a même un épisode avec des élections ) et que rien de tout cela n'est vrai si on creuse un peu. On peut comparer avec beaucoup de " démocraties", ou beaucoup d'entreprises paternalistes, entre autres.
Sommes nous aliénés par la société de consommation? C'est une des questions récurrentes du pop art des années 60's ( toujours d'actualité, il me semble ). "Je ne suis pas un numéro" est une phrase que je me dis souvent devant ma feuille de sécu, d'impôt, de salaire, d'assurance, de service après vente, de...
Chapeau melon et bottes de cuir ( on a les mêmes goûts ) est moins pensé mais beaucoup plus drôle.
   Consulter le profil de solaris  Envoyer un message privé à solaris  
Olivier

Inscrit le :
02/09/2004
9231 messages
RE : Le Prisonnier 15/03/2005 à 14h29  
Le progrès a aussi ses contre-parties, assez lourdes d'ailleurs.
Signalons aussi que nous parlons d'une minorité de l'humanité, et que le progrès économique ne va pas de pair avec le progrès politique : voir l'Arabie Saoudite, et les monarchies pétrolières de la péninsule arabique, qui ont un niveau de vie très confortable.

En même temps, quand on voit qu'au nom de la modernisation, Thatcher a privatisé les chemins de fer, et que l'on est pas sûr d'arriver vivant à destination, tout en étant certain de ne pas y arriver à l'heure, ou qu'au nom du mieux disant culturel, on a privatisé TF1 (ça, j'en ris encore 20 ans après).
Signature de Olivier "Un monde nouveau va naître, un monde dans lequel il n'aura pas sa place. Il est trop clairvoyant pour lutter contre lui ; mais il ne feindra pas de l'aimer." George Orwell
   Consulter le profil de Olivier  Envoyer un message privé à Olivier  Visiter le site de Olivier  
Gracie

Inscrit le :
05/10/2004
1857 messages
RE : Le Prisonnier 23/03/2005 à 15h29  

Citation :

imaginons que je veuille demain matin tout plaquer … sans plus penser à rien d'autre... Serait-ce réellement possible ? "... La question est : qu'est-ce qui t'en empêche ?


Tout : La loi, et la société : seras-tu propriétaire ou locataire de ton logement ou de ton lopin de terre ? Si tu veux avoir des enfants : il faut les déclarer à l’état civil, et tu as obligation de les socialiser. Tu as obligation de te soumettre aux lois, avoir des papiers d’identité, ne pas chasser en dehors des périodes autorisées, avec des moyens autorisés etc. etc.


Citation :

J'ai pour ma part eu l'impression d'y retrouver l'illusion de liberté dont nous jouissons au sein de notre société (par illusion de liberté, je force un peu le trait naturellement), pas nécessairement en ce qui concerne la liberté de circulation, mais plutôt au niveau de nos possibilités réelles de choix de vie.


Je n’ai pas lu le bouquin, mais dans la série au contraire il n’y a pas illusion de liberté mais bien aliénation et perte d’identité en échange du confort e de la tranquillité. Si je me souviens bien le deal qui est proposé à numéro 6 est : acceptez la collaboration et l’intégration dans le système, en échange on s’occupe de tous vos besoins.
   Consulter le profil de Gracie  Envoyer un message privé à Gracie  Visiter le site de Gracie  
   Répondre  |   page 1 / 1   |  

Science-fiction

, fantastique, fantasy : Culture SF, toutes les littératures de l'imaginaire

© Culture SF 2003 / 2014 - Conception et réalisation : Aurélien Knockaert - Mise à jour : 08 juin 2014

nos autres sites : APIE People : rencontres surdoués - Traces d'Histoire