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RE : LE MOT DU MOIS DE JANVIER : la bassine
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02/01/2007 à 21h29
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LA BASSINE DE MEME BRITO
Et mémé Brito, qu’est ce tu fais là ? C’est pas le jour de la grande lessive !
La petite frimousse observe la vieille Dans ce visage si blanc qu’il en est presque transparent, les yeux immenses brillent d’une lumière bizarre, d’un feu qui consume sans réchauffer.
La vieille examine la bassine sans répondre. Elle porte un grand tablier rapiécé sur une longue jupe noire, un bout de ficelle en guise de ceinture où pend la clé qui a servi à ouvrir l’appentis d’où elle a extirpé à grands renforts de bruits et de grognements la bassine comme pour éveiller la curiosité de sa petite voisine qui sommeillait dans le jardin.
Et mémé Brito elle est laide ta bassine toute cabossée toute noire. Faudrait la changer !
La vieille claque sa langue et fait un signe du doigt : tu sais garder un secret p’tite ?
ça dépend si c’est important, je crois qu’oui répond avec sérieux la petite bouche bordée de lèvres exangues
Bien bien ! parce que ce soir c’est pas comme tous les soirs : ce soir c’est la lessive spéciale
La vieille hoche la tête et soupire Seulement voilà, je suis lasse, j’ai mal aux os il faudrait une jeunette, une costaud qui craint rien : coup d’œil de haut en bas puis de bas en haut vers la pitchounette comme pour estimer sa taille
Oh mémé Brito j’ suis pas grande j’ suis pas forte mais si c’est pour aider, à deux on y arrivera bien à faire ta lessive
Très bien alors il se fait tard tu peux sortir ? la nuit va tomber
La petite regarde la maison, pour une fois personne pour la surveiller, l’entourer. Elle sait que c’est par amour mais tout de même dès fois, cela l’étouffe.
Oui, dit- elle allons y ! vite !
Mais mémé Brito tu vas la faire où ta lessive ? c’est encore loin ? et qu’est ce que tu vas laver ?
La vieille marche sur le sentier. Ses sabots grossiers garnis de paille claquent sur les cailloux alors que les pieds légers de l’enfant s’entendent à peine. Tandis que la bassine tangue entre leurs deux mains, la vieille marmonne et fait des gestes avec sa main libre puis chantonne doucement :
A la rivière nous allons ce soir
Chercher l’eau de la lessive
Car la lune rousse voudrait se voir
Claire dans l’eau de la bassine
Rire de la petite Qu’ elle est drôle ta chanson : comment peut-on baigner la lune !
Mais la rivière n’est pas loin La nuit est là calme habités par les odeurs de l’été : thym écrasée, lavande parfumée exhalaisons chaudes de la terre qui respire, bruissement de la forêt qui s’endort ou qui s’éveille qu’importe le temps s’est arrêté :
la petite ne s’est pas sentie si bien depuis longtemps Elle n’est même pas essoufflée elle qui d’habitude ne peut même plus courir ni même parfois marcher
Mémé Brito rit Elle n’a plus de dents et sa bouche est un grand trou noir mais le rire est chaud chaud si chaud que l’enfant se sent toute retournée.
Voilà ouf fait la vieille, la bassine est lourde mais pleine On attend le vent pour qu’il chasse ce petit nuage et ensuite regarde bien la lune viendra se baigner pour se faire toute propre dans ma bassine cabossée !
La petite regarde la bassine noire l’eau noire, dormante. Elle n’y voit pas son reflet même en se penchant tout près mais peut être est-ce normal ?
Regarde bien chuchote la vieille regarde encore car la lune est toujours pressée. Et soudain vrai, la lune est là brillante, rutilante, boule parfaite dans la bassine comme une bulle belle et fragile
La petite rit elle tend les mains; dit mémé Brito, j' peux m' laver moi aussi ?
C’est l’heure ma belle dit la vieille l’heure du bain de la lune et on verra bien si le crabe qui te pince est toujours aussi fort après …
La petite plonge son visage sans hésiter dans l’eau que la lune habite : les gouttes coulent sur son petit crâne blanc : elle ne frissonne pas elle n’a pas froid elle est heureuse
Regarde maintenant dit Mémé Brito regarde bien
Dans l’eau noire de la bassine cabossée, il y a une jolie jeune fille à la chevelure rousse qui sourit
Oh fait la petite : une fée
Non répond la vieille c’est toi bientôt quand le crabe t’aura quittée
Mais je n’ai jamais eu des cheveux rouges dit la petite surprise
Ah ça dit la vieille, c’est un cadeau de la lune rousse il faut du feu pour faire peur au crabe la lune noire elle t’aurait peut être rendu ta couleur mais elle est mauvaise elle en profite toujours pour mettre de la saleté sur le cœur …
Et la rouquine qu’est ce que tu fais ? faut tout brûler elle était folle la vieille y a rien à récupérer. Et du bric et du brac en veux tu en voilà
Mais la rouquine s’obstine Elle ne l’aura pas jeté tout de même ?
A la fin c’est trop que cherches tu ?
elle avait une bassine pour faire la lessive Mémé Brito, noire d’avoir chauffé sur le feu, cabossée d’avoir échappé de ses mains fatiguées mais j’aurais aimé la retrouver cette bassine pour le petit Nico qu’est si gentil
Nico de toute façon il est à l’hôpital pour ses rayons alors ta vieille bassine ma belle il s’en fout
Oui mais bientôt c’est la lune rousse et le crabe il m’a bien lâchée moi, alors si je pouvais trouver la bassine…
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dernière édition : 02/01/2007 à 22h47
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RE : LE MOT DU MOIS DE JANVIER : la bassine
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03/01/2007 à 09h04
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Ce texte, délivré par un archiveur qu’il m’a gracieusement été permis de consulter dans le futur (merci aux chaussettes de lacroute) est tiré des « Mémoires d’un pénitent », œuvre écrite durant une période fort sombre de l’humanité.
« Cela va bientôt faire 3 ans, le 17 août, que j’ai sauvagement tué ma compagne.
On appelle cela un coup de folie, le genre de truc qui ne devrait pas arriver et qui pourtant s’est bel et bien produit.
J’ai été condamné à la bassine expiatoire pour une durée ferme de 20 ans. »
_ Je vous demande pardon ? Vous avez été condamné à quoi ?
_ C’est vrai, j’oubliais, vous revenez de cryogénie, vous ne connaissez pas la bassine expiatoire…
Il s’agit d’une punition, d’une terrible punition spécialement conçue pour les crimes passionnels ou les fautes en général commises suite à une déraison passagère. Vous voyez ce que je veux dire n’est-ce pas ?
On ne peut pas nous envoyer en prison comme dans l’Ancien Temps des humains « démocrates ». Nous ne sommes pas des criminels froids et calculateurs, juste de pauvres esprits chauffés à blanc un instant de trop.
La bassine expiatoire est LA solution, la seule efficace à 100%. Ceux qui y sont soumis sont plus durement réprimés que s’ils avaient passé le double de temps en réclusion criminelle dans les nouvelles prisons de la fosse atlantique. Les zones mémorielles sont si durement sollicitées que… que… que l’on ne peut que pleurer toutes les larmes de son corps, tous les jours, jusqu’à la mort… et regretter, regretter encore cet acte, regretter toujours.
C’est terrible, atrocement horrible… Comprenez-vous ?
_ Difficilement Monsieur, j’ai tout de même été absent durant 150 ans. Qu’est-ce donc exactement que cet instrument de torture que vous nommez « bassine expiatoire » ?
_ Oui, bien sûr, vous ne pouvez imaginer… Je dois être plus clair :
La bassine expiatoire, visuellement, c’est une bassine. Une bassine toute bête, circulaire, rectangulaire ou carré, avec des poignées de part et d’autres pour s’en saisir. Elle est conçue d’un matériau particulier qui la fait se réduire platement en forme de ticket pour tenir dans le creux de la main lorsqu’elle est en veille, et se colle toute seule, au bas du dos de la victime expiatoire, juste au-dessus de la fesse droite.
_ Un mode veille ?
_ Oui, mais là n’est pas le plus important. Car le mode veille de la bassine est un moment de paix que vous voudriez voir durer… Mais le mode veille ne dure pas.
Lorsque la bassine expiatoire s’active, elle vous fout littéralement un coup de pied au cul !
Vous la sentez soudain grossir sous vos vêtements et là, pas le temps de se poser trop de questions : vous avez 10 secondes pour vous défroquer et la décoller de vos fesses.
_ C’est une plaisanterie ?
_ Je vous assure que non ! Et la suite n’est pas du tout risible voyez-vous !
Car le ticket prend rapidement sa forme de bassine et se positionne devant vous, où que vous soyez ! Et là Monsieur, plus personne ne rit. Et le pénitent, même sous oxygène pur, cesse de se fendre.
La bassine vous attire irrésistiblement vers elle, les poignées s’agrippent soudain à vos oreilles et là, c’est comme si la mort venait.
_ Que me dîtes-vous là ? C’est impossible ! C’est de…
_ Taisez-vous donc et laissez-moi terminer !
Je disais donc que lorsque la bassine vous tient de ses deux poignées par les oreilles, elle se colle à votre visage et le noir se fait devant vos yeux. Des picotements se font sentir au niveau des tempes… les aiguilles sensorielles… elles… elles s’enfoncent dans votre crâne et filent directement vers ces coins reculés où vous ne songez jamais, vers ces tiroirs de mémoire que vous auriez voulu oublier, ce futur imaginé que vous avez saccagé. Vous revivez vos erreurs, je revois ma compagne à qui je fracasse la tête de mes mains nues, mes enfants assistant à cette scène atroce, les cris, les larmes, l’horreur d’un présent qui revient encore, encore et encore. Puis… le silence. Et, doucement, vous revoyez des images d’un futur doucereux, j’envisage notre vie tendrement, des soirs merveilleux à conter des histoires au bord du lit, des câlins au matin, des réveils en rire, des week-end pétillants, des bonheurs simples… des bonheurs simples… un futur saccagé, ma vie… nos vies détruites… à tous.
Et puis vous vous mettez à hurler de douleur, hurler jusqu’à la suffocation. Car la bassine vous étouffe, toujours agrippée à votre face comme un alien vous instillant tour à tour l’horreur et le bonheur, le passé réalisé effaçant un futur, dévalisé… un futur sans avenir… un avenir ? Mieux vaudrait en finir !
_ Allons, allons, ne dîtes point de choses comme celle là Monsieur !
_ Mais qui donc êtes-vous pour juger mes paroles et mon souhait de mourir? N’avez-vous donc rien à vous reprocher ? Piochez dans votre passé ! Peut-être méritez-vous plus que moi le supplice de la bassine mais vous avez au moins cette chance d’être né depuis plus de 200 ans, il y a prescription !
_ Pourquoi cette agressivité, je voulais juste vous… vous soutenir.
_ Je n’ai besoin de personne ! J’ai ma bassine ! J’expie ma faute ! Je suis simplement là pour vous conter la vie d’aujourd’hui afin que vous repreniez pied dans le présent. Je n’ai cure de vos sentiments !
_ Soit ! En avez-vous terminé ?
_ Non.
Après avoir fait son œuvre de dérangement, la bassine peu à peu vous libère et vous laisse un filet d’air à respirer, vous suggère l’espoir que la séance est terminée… mais elle reste fixée, parfois des heures durant.
Et vous demeurez dans l’attente que les aiguilles sensorielles plongent à nouveau dans votre cerveau.
Oui ? Non ? Ce sera suffisant pour aujourd’hui… La bassine se détache, se réduit platement et va tranquillement se re-lover au creux de vos reins, vous laissant las, dévoré par le remord.
Voilà. J’en ai terminé maintenant. Demain, quelqu’un d’autre viendra vous conter une tranche de vie de votre désormais présent.
Au revoir Monsieur.
_ Attendez, attendez ! Ne partez pas ! Pourriez-vous me montrer votre bassine s’il vous plaît ?
_ Vous… vous avez donc réellement tout oublié… ?
Allez au Diable et maudit soit votre passé! C’est vous l’inventeur de cet instrument de torture !
Je vous souhaite une prompte mort Monsieur l’Expiateur !
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RE : LE MOT DU MOIS DE JANVIER : la bassine
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04/01/2007 à 19h11
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A la Communale, le Maître traçait sur le tableau noir les lentes courbes de l’abécédaire. Je ne voyais que les craies…
A la maison, les premiers hivers, l’eau du lavoir était si froide pour toi maman.. ! A chaque lessive, tu en payais le prix. Du bout des doigts…
La craie raclait l’ardoise. Chaque lettre sa couleur. Les bâtonnets s’alignaient dans la gouttière au pied du tableau. Entiers, cassés, en poudre fine multicolore.. L’éponge mouillée effaçait l’œuvre du Maître, se barbouillait de couleurs emmêlées. La craie ne supportait pas l’eau. De chaque chose tirer une leçon.. !
En hiver, chaque mercredi, tes doigts étaient toujours blancs et froids. Gelés, privés de sang, gourds et maladroits..! Peu à peu ils se transformaient.. ! J’y voyais de fins sarments de vigne torturés, dépigmentés, blanchis, presque transparents. Dix stalactites de glace, dix allumettes calcinées. Deux bouquets de doigts en fagots de brindilles torturées.. !
Des craies, l’instituteur en tenait en réserve. Dans l’armoire, derrière la porte vitrée.. ! Bien entendu fermée à clef.. ! Des boites entières classées par couleurs.. ! Des bocaux de confiture ne m’auraient pas plus tenté.. !
De gros noeuds d'os boursouflés et de cartilage ventru apparaissaient en saillies aux jointures. Déformaient la paume des mains, chamboulaient les lignes de vie et d’amour . Tes mains comme deux bouquets de salsifis congelés et blanchis, pétris de douleurs incessantes. Dix bâtons de craie blanche.. !
En classe, mon esprit travaillait.. ! Des craies à la rhubarbe, à l’orange ou à la Golden.. ! Je ne voulais pas les manger, mais les greffer.. !
Le lavoir était au fond du garage. Un endroit sombre et froid. Deux grands et profonds bacs de ciment. Une simple ampoule de quelques watts pendue au plafond. La lessive se faisait là, été comme hiver, à la force du poignet, à grands coups de reins.
Le savon était blanc. L’eau était noire.
Maman si j’osais, je les prendrai, je les volerai.. ! Pour t’offrir ne serait-ce que leur friabilité. Des doigts en couleurs. Des doigts de vie. Des qui bougent et qui n’ont plus mal. Des qui me prennent la main sans souffrir.
La lourde bassine traînée au pied de l’étendage. Le drap blanc essoré en lentes torsades serrées. L’eau s’égouttant à chaque vrille. Le linge pèse son poids. Mais tu as l’habitude, n’est ce pas.. ! Le charger sur les avant-bras, le monter à hauteur d’épaules, le poser sur la corde, le dérouler, coincer les épingles. Et de ton haleine souffler un semblant de chaleur sur tes doigts gourds.
Voler les craies, t’offrir des doigts qui ne supportent pas l’eau, s’effritent et réclament une machine à laver.. !
A l’étage la chaleur du poêle ravivait la circulation, mais irradiait ta chair de douleurs fulgurantes.. La peau peu à peu redevenait rose, mais les traits du visage grimaçaient.
Plus tard j’allais mettre un nom sur le syndrome : polyarthrite rhumatoïde.. ! Celle qui éclate les doigts comme des bananes écrasées, celle qui souhaite évacuer la pulpe par les crevasses béantes, qui grippe les articulations, enraidis les gestes dans une gangue de ferraille rouillée.
Tu vois, tout petit, j’aurai voulu t’offrir des craies.. !
Je ne sais pas où tu es maintenant, ma maman.. ! Mais à chaque arc-en-ciel d’après orage, tes doigts semblent dessiner au-dessus de la terre un gentil coucou que j’ai la faiblesse de croire à moi seul destiné.. !
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dernière édition : 04/01/2007 à 20h32
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RE : LE MOT DU MOIS DE JANVIER : la bassine
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05/01/2007 à 01h52
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Tu nous gâtes mon cher Lacroute en ce moment !
Que ce soit le magnifique hymne à la rêverie qu'est Le Souffleur ou cette belle mais douloureuse bassine de pierre...
Merci ! ^_^
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RE : LE MOT DU MOIS DE JANVIER : la bassine
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05/01/2007 à 15h02
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J’ai pris des résolutions pour 2007.
Une notamment vous concernant vous, amis de CSF.
Voilà maintenant deux ans que je fréquente ce forum.
Deux ans que je me paie des cuites au Bistrot, deux ans que je rencontre des gens sympathiques et que je lie des amitiés.
J’ai décidé qu’il était temps de vous dire la vérité.
J’ai déjà tenté de le faire à plusieurs reprises au cours des mois précédents en semant quelques indices par-ci, par-là mais ce que j’ai à vous révéler va vous paraître si extraordinaire que vous aurez du mal à me croire. En tout cas, mes indices n’ont pas eu l’air de vous intriguer outre mesure…
Et bien, voici mon secret : je possède une bassine volante.
Vous voyez, je vous l’avez bien dit, vous ne me croyez pas. Et pourtant, j’ai des preuves ! Je possède cette bassine depuis mon plus jeune âge. Je me souviens que je ne voulais jamais m’en séparer, ma mère était même obligée de m’y donner le bain dedans…
Vous voulez d’autres preuves ?
Rappelez-vous…
"Le vaisseau qu’ils contemplaient était à vrai dire tout petit mais extraordinaire néanmoins : un vrai jouet pour gosse de riche. {…}. Mais en fait, l’appareil disposait surtout d’un piège à chaleur. Le piège à chaleur, d’une masse d’environ deux mille milliards de tonnes, était entièrement contenu dans un trou noir, lui-même maintenu par un champ électromagnétique à mi-fuselage du vaisseau, et c’est lui qui permettait à l’appareil d’évoluer jusqu’à quelques kilomètres d’une étoile jaune, pour venir ainsi chevaucher la crête des protubérances solaires jaillissant à sa surface. Glisser sur la crête des protubérances, voilà l’un des sports les plus exotiques et les plus fascinants qui puissent exister et tous ceux qui ont le culot (et les moyens) de le pratiquer font partie des idoles de la Galaxie. C’est aussi, bien entendu, un sport extraordinairement dangereux et ceux qui n’ont pas disparu dans les protubérances finissent immanquablement un jour ou l’autre par succomber d’épuisement sexuel lors d’une des soirées post-protub’ du Club Dédale."
Pourquoi croyez vous que je connaisse si bien le Soleil ? Et bien tout simplement parce que je pratique le surf solaire moi aussi. Et ce n’est pas à bord d’un vaisseau pour gosse de riche comme le dit cet ignare de Douglas Adams, mais bien à bord de ma bassine ! Et oui ! ça vous en bouche un coin n’est-ce pas ? je peux comprendre…
J’ai d’autres preuves vous savez… Les canyons de Mars, c’était à bord de ma bassine. D’ailleurs, c’est Lacroute qui me cite : "Quand j'y pense ! Mars... Mars la rouge. Une petite boule de terre, de sable et de désert, aux reliefs démesurés, aux canyons abyssaux et au plus crâne des volcans. Le mont Olympe, le repère des Dieux. Je suis sûre que perché tout en haut du volcan, on doit se prendre pour un Dieu soi-même face à l'horizon courbe de cette planète que l'on croit dominer l'espace d'un instant."
Et le vol des étourneaux… Vous croyez quoi ? que j’allais rester plantée là à les regarder s’amuser sans rien faire ? Hop, j’ai sauté dans ma bassine et je les ai rejoint. Je me cite : j'ai volé avec eux, déployant mes ailes, sentant l'air fouetter mon corps dans une accélération fabuleuse et étourdissante.... On s’est drôlement bien amusés.
Vous ne me croyez toujours pas ? pff … un peu d’imagination voyons !
Pour les plus sceptiques, je peux vous donner des détails techniques si vous voulez.
Ma bassine fonctionne sur 5 modes de vols. Ca ne s’invente pas ça !
Un mode pour le voyage planétaire, un interplanétaire, un interstellaire, un intergalactique et un interunivers. Le fonctionnement en est simple. Pour tous les modes, il suffit de se mettre dans la bassine (en enlevant ses chaussures sinon ça la salit) et de penser à sa destination pour s’y retrouver instantanément. ça surprend les premières fois, mais on fini par s’y habituer.
Je n’utilise pas trop le mode planétaire parce que les quelques fois que je l’ai fait, j’ai déclenché des émeutes. La dernière fois, c’est quand j’ai voulu aller à la FNAC sans prendre la voiture. Ca a tellement surpris les gens de me voir ainsi surgir dans ma bassine au milieu des rayons de bouquins qu’une dame a fait un malaise. Y’a franchement pas de quoi pourtant !
En mode interplanétaire, je vais souvent faire un tour sur Mars, survoler les anneaux de Saturne et rentre visite à Pluton qui se sent particulièrement seul ces temps-ci. Et bien sûr, c’est avec ce mode que je rejoints le Soleil pour mes parties de surf sur les protubérances. Quand je veux rendre visite à mes potes Centauriens, c’est en mode interstellaire que je programme ma bassine.
Vous l’aurez compris, quand il s’agit d’aller aux réunions de mon club de poterie dans la galaxie d’Andromède (réputée pour ses techniques uniques de poterie) j’opte pour le mode intergalactique.
Enfin, le cinquième et dernier mode me permet de passer d’un Univers à un autre. Je ne l’utilise pas trop car j’ai un peu peur de m’égarer…
Il y a tellement d’Univers !!
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Un grand merci au photographe © Lacroute qui a fait un travail d'archive remarquable et qui a pris tous les risques pour prendre certains clichés
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RE : LE MOT DU MOIS DE JANVIER : la bassine
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16/01/2007 à 21h46
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Je poste sans retard ma participation bassinatoire !
Ce n'est ni poignant, ni émouvant...
ça ne prend pas aux tripes, c’est juste un trip...
Ce ne sont pas mes souvenirs, simplement un délire !
"Ainsi, il existerait encore des endroits dans la Galaxie où l'on ignorerait pourquoi les prêtres du peuple indigène de Vanoise sont des Terriens ?
Non, non, jeune homme, cela ne m’ennuie pas du tout de vous narrer les aventures de mes ancêtres. Cela vous fera un excellent article pour votre journal. Quel est-il, déjà ? Bah, peu importe. Asseyez-vous, je vous en prie. Aucune cérémonie ne se déroule au temple aujourd'hui, nous ne serons pas dérangés.
Mes ancêtres sont venus sur Vanoise à bord de l'Envol de l'Espoir, le premier vaisseau qui transplanta des colons sur cette planète. Milel et Dréa Daumelle avaient obtenu le droit d'emporter une bassine à frites dans leur part de bagage. Pourquoi une bassine à frites ? Oh, tout simplement parce qu'ils s'étaient dit, à juste raison, que l'industrie de Vanoise ne pourrait pas fournir ce genre d'ustensile avant plusieurs décennies.
Le vaisseau atterrit sans encombre, et les colons s’installèrent. Comme vous pouvez vous en douter, ils eurent énormément de travail dans les premières semaines suivant leur arrivée. Ils ne furent pas importunés pas les indigènes, qui de temps à autre s'approchaient du camp et les observaient avec curiosité. Les expéditions précédentes les avaient décrits comme un peuple doux et pacifique, tirant leur subsistance de la forêt. Bien que plusieurs agglomérations importantes eussent été repérées, ils n'avaient manifesté aucune hostilité à l'égard des humains. Personne n'avait pris le temps de les étudier avant de prendre la décision d'occuper leur planète. Du moment qu'ils n'étaient pas belliqueux, n'est-ce pas ! La situation sur Terre était autrement plus préoccupante que les droits élémentaires des Vanoisiens.
Ce vin est à base de baies de sersea. Remarquable, n'est-ce pas ? Figurez-vous que si on le verse dans un autre récipient que ces coupes de bois-doré, il exhale un puissant fumet d'urine de gôr en rut.
Le premier jour de repos qui leur fut accordé, Milel et Dréa sortirent leur bassine à frites pour fêter l’événement. Les indigènes n'étaient jamais bien loin du campement, et quelques uns s'approchèrent de la bicoque des Daumelle bien plus près qu'ils ne l'avaient fait auparavant. Ils furent rejoints par d'autres, et bientôt ils faisaient cercle autour de la cabane, leurs corps cuivrés et satinés luisant doucement aux derniers rayons des soleils, leurs yeux limpides fixés sur le couple. Par jeu, Milel se mit à leur lancer des frites...
Si l'on avait financé une mission scientifique au lieu de chercher à tout prix un asile au petit milliard d'humains qui survivaient tant bien que mal sur Terre, on aurait probablement appris l'existence de la prophétie du peuple de Vanoise, qui parlait de l'arrivée d'êtres célestes possédant un chaudron magique d'où jaillissait à profusion une nourriture merveilleuse, dorée comme le deuxième soleil... C'est un mythe récurrent à beaucoup de civilisations dans toute la Galaxie.
Les Vanoisiens décidèrent que la prophétie s'était accomplie. Ils se précipitèrent tous ensemble, se saisirent de Milel, de Dréa, de la bassine à frites, et disparurent dans la forêt.
L'enlèvement s'était déroulé si vite que pas un colon n'avait eu le temps de s'interposer. L'équipe de recherche mit plusieurs jours à découvrir le village dans ces montagnes couvertes de jungle. Oui, ils avaient été emmenés ici, à Vangal, vos renseignements sont exacts. Dès que les indigènes repérèrent les colons, Milel et Dréa s'avancèrent seuls à leur rencontre afin d'éviter un massacre. Quelles perspectives s'offraient à eux ? Travailler comme des forçats au campement, avec la certitude que le fruit de leur labeur ne serait visible qu'au bout de la troisième génération, si tout se passait bien ; ou être traités en dignitaires par les indigènes. Ils avaient vite choisi. Ils réussirent à persuader leurs compagnons de l'intérêt qu'il y avait pour toute la communauté à ce qu'ils demeurent à Vangal : ils se faisaient fort de parvenir à un échange de bon procédés. Les Terriens tiendraient éloignées certaines bêtes féroces sous la menace de leurs armes, ainsi les Vanoisiens pourraient explorer des secteurs de la forêt qui leur étaient jusque-là interdits. Les indigènes indiqueraient aux humains les plantes comestibles, et leur expliqueraient la meilleure manière de les cultiver. Mais il était nécessaire que mes aïeux acceptent de devenir les messies de la nouvelle religion de Vanoise.
C'est ainsi que s’amorcèrent les relations entre les deux peuples. La civilisation indigène de Vanoise aurait sans doute fini par disparaître, peu à peu repoussée dans la jungle par l'indifférence des humains, si les Daumelle ne s’étaient encombrés de cette bassine ... Oui, c'est bien elle, rutilante comme au premier jour, exposée dans cette châsse de bois de cambre, le plus rare et le plus précieux de Vanoise.
Depuis, des humains président aux offices religieux du peuple vanoisien alors qu’il n’en sont pas issus. C'est un cas unique dans l'Univers. Mais Vanoise possède une autre particularité. Sur cette planète, les frites sont une nourriture sacrée. On ne les consomme qu'en certaines occasions, et encore faut-il qu'elles soient préparées selon un cérémonial précis. Et voilà, jeune homme, où je veux en venir. Vanoise est la seule planète de la Galaxie où on ne trouve pas un seul Mac Do !"
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dernière édition : 16/01/2007 à 21h52
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Science-fiction, fantastique, fantasy : Culture SF, toutes les littératures de l'imaginaire
© Culture SF 2003 / 2014 - Conception et réalisation : Aurélien Knockaert - Mise à jour : 08 juin 2014
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