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Voici deux chroniques que j'ai écrites la semaine dernière, avant la triste nouvelle. Ces deux histoires lui ont vallu le prix Rosny et figurent dans l'anthologie "Les navigateurs de l'impossible".
Pleine peau. Jean Pierre Hubert, 1985.
Depuis cinquante ans qu’il existe, le Mur voit défiler de petits parasites sur son épiderme noir. Des chasseurs de rêves. Prospecteurs d’émotions. Improbable équipée que la leur, mélange de Dune et du Petit Prince. Trois compères, génétiquement assortis pour se compléter efficacement, vont prospecter le Mur. Sur la fourrure de leurs bestioles artificielles, ils espèrent récupérer quelques gouttes de son sang onirique… si quelques charognards à deux pattes leurs en laissent le temps.
Non sans rappeler un certain « Trésor de la Sierra Madre », tout en finesse et en tension, le récit vous titille gentiment les tripes. Jusqu’à la fin, qui s’égrène dans la désespérance, comme les sacs d’or de ce vieux Bogart qui se vident dans le vent de sable.
Et la femme devint Paradis.
Bien mené et sympa, incontestablement de la Science-fiction, cette fois-ci. Serions-nous à un tournant dans la production francophone ? Les petits hommes verts sortiraient-ils soudain de l’hyper espace pour venir nous chatouiller les arpions ?
Là, je dis YOUPIE !
Roulette Mousse. Jean Pierre Hubert, 1988.
On ne sait jamais ce qui se passe vraiment dans une Cage Punitive.
En effet, on ne sait pas. Seuls les condamnés le savent… trop tard. Le monde subit une prohibition furieuse où l’alcool et le consommateur sont devenus des cibles. Certains se font prendre ; alors commence l’ire de la société. La punition.
Original, vous avez dit « original » ? Ne mentez pas, j’ai entendu ! Je mesure ma chance d’écrire ces quelques lignes en sirotant une Kro bien fraîche. Mais tremblez, vous qui me lisez un whisky négligemment posé sur la pile de livres de votre bureau. Un jour funeste, la dive bibine suivra le même chemin que nos joints soixante-huitards au palmarès des pisse-froid du ministère. La sainte répression frappera le bon vivant, histoire d’en faire un bon mourant. Alors vos têtes iront décorer le bureau d’un fonctionnaire particulièrement zélé. Pitoyables témoins d’une époque bénie mais moribonde. Nul doute que vous m’y retrouverez, avec certains amis que nous avons en commun ; belges émérites et autres as du coude levé !
Comment saouler un androïde de la brigade des incorruptibles.
Autre problème majeur de cette triste époque. L’auteur relève donc le défi. Avec panache. Les Six condamnés sont introduits dans la Cage punitive. Ils doivent expier par où ils ont pêché. Un androïde barman va leur servir des tournées de bière, dont chacune comptera un verre mortel. Charge à chacun de raconter les évènements qui l’ont amené à se faire prendre en flagrant délit de boisson. A l’issue de chaque récit, le compère descend son verre. S’il a de la chance, il vit. Une chance sur six ; c’est encore jouable.
Vous le tenteriez, vous ?
La chute est un véritable délice. Vraiment. Comme une gueuse bien crémeuse.
A la tienne, Etienne !
Voila.
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