Il avait atteint l'âge de... km lorsqu'il mourut

Tout est dit dans le titre. Christopher Priest nous a quitté, peut-être pour rejoindre l'archipel du rêve ?
Je choisis d'extraire la nouvelle du long fil nécrologique afin de laisser à chacun le loisir d'exprimer son point de vue sur l'œuvre d'un auteur qui a beaucoup compté ici, je le sais.
Personnellement, j'ai découvert celle-ci avec "Le monde inverti", ne faisant preuve de guère d'originalité. Mais, je crois que c'est à la lecture des romans et nouvelles de "L'archipel du rêve" que j'ai basculé dans le camp de ses fans. "La Séparation", "Le prestige", "Notre île sombre" ont jalonné mon parcours de lecture sans que mon admiration pour l'auteur ne faiblisse. Certes, tout n'était pas bon chez Priest et il avait la réputation d'avoir la dent dure et la main légère avec les femmes. Mais, je me réjouis de savoir qu'il me reste des romans à découvrir parce que maintenant c'est fini.

J'avais aimé Le monde inverti lu il y a presque un demi-siècle. Et puis il a basculé dans quelque chose d'autre tout aussi intéressant à la lisière du fantastique. Je ne le lisais pas pour ses histoires - encore que Le Prestige, La Séparation ... - mais avec l'espoir, à chaque nouvelle parution, de découvrir une nouvelle façon d'écrire, une nouvelle littérature.
J'ignorais son côté obscur.
Il n'y aura plus de nouveau livre de Christopher Priest comme il n'y aura plus de nouveau livre de Ian M Banks.

Très triste nouvelle, en effet.

Je ne suis pas fan de tout non plus, loin de là.
Mais putain, La séparation, quel chef-d’œuvre !
La fontaine pétrifiante, quel autre chef-d’œuvre, et quel impressionnant jeu de miroir !
L'archipel du rêve, pour moi, c'est un peu comme Vermilion sands, un ailleurs en marge de tout genre, qui ne cesse de me hanter et de me fasciner,, dont je me souviens comme d'un voyage, lancinant comme une brûlure et persistant comme une cicatrice..

J'avais eu la chance d'assister à une dédicace suivie d'un repas au restau avec son éditeur Gilles Dumay.
Je garde le souvenir d'un homme humble et chaleureux, à l'humour pince-sans-rire.

Je n'oublie pas non plus sa rage anti-brexit.

Curieux de voir la réaction de Moorcock, avec qui il était brouillé.
Il avait dit en riant qu'il avait tenté se réconcilier avec Morrcock, et qu'il lui avait répondu en deux mots. Le second était you et le premier avait 4 lettres...

Après Ellison, Ballard, Le Guin, l'étiolement de la new wave, et un nouveau loupé du Nobel.

Bien qu'ayant lu "Le monde inverti" avant, c'est CSF qui me fit aborder différemment il y a 20 ans le reste de son œuvre, ... C'était un grand, une patte à nulle autre pareille ... un joueur dans l'art de manipuler tendrement son lecteur. RIP.
RIP

J'aimais bien l'idée (quelques fois niée, voire moquée) d'un cousinage potentiel avec P.K. Dick dans les décors truqués qu'ils créaient tous deux. Là où Dick se montrait obsessionnel et maladif Priest se dévoilait joueur en égarant son lecteur sur le fil d'une prose magique (lire illusionniste). Il possédait avec maestria l'art de glisser des savonnettes dans ses mots pour maquiller ses objectifs.

Dick me parait paranoïaque (qui manipule et pourquoi ? avec une certaine forme de transcendance voire de démiurgie du manipulateur, comme dans Le dieu venu du Centaure, La vérité avant-dernière), alors que Priest est plus schizophrène avec une bonne dose d'empirisme britannique.

		Olivier : La fontaine pétrifiante, quel autre chef-d’œuvre, et quel impressionnant jeu de miroir !

+1

Un de mes romans préférés.

		lacroute : Bien qu'ayant lu "Le monde inverti" avant, c'est CSF qui me fit aborder différemment il y a 20 ans le reste de son œuvre, ...

Itou.

Outre Le monde inverti et La fontaine pétrifiante, j'ai tenté Le don et La séparation et bien que je les trouvai remarquablement écrit, je décrochai (je crois que ça tient au rythme de la narration, un peu trop lent pour mes goûts).
J'ai lu quelques nouvelles, dont certaines devaient bien ressortir de L'archipel du rêve ; je le revisiterai sans doute un jour.

		soleilvert : Et puis il a basculé dans quelque chose d'autre tout aussi intéressant à la lisière du fantastique.

		lacroute : C'était un grand, une patte à nulle autre pareille ... un joueur dans l'art de manipuler tendrement son lecteur.

Voyez-vous des auteurs actuels qui s'inscrirait dans sa manière, dans cette littérature de l'ambigüité, des réalités poreuses, de l'entre-genres ?
(Du peu que j'ai lu, je pense à... Nina Allan.)

		Citation : Voyez-vous des auteurs actuels qui s'inscrirait dans sa manière, dans cette littérature de l'ambigüité, des réalités poreuses, de l'entre-genres ? (Du peu que j'ai lu, je pense à... Nina Allan.

Berthelot a consacré un livre à ce sujet :
https://www.noosfere.org/livres/niourf.asp?numlivre=2146559549

Voici la liste des ouvrages recommandés :
https://www.noosfere.org/articles/listeoeuvres.asp?numliste=66

		Olivier : Berthelot a consacré un livre à ce sujet (...) Voici la liste des ouvrages recommandés

Merci pour la piqûre de rappel.

Je ne sais plus où j'ai rangé ce bouquin. Je me souviens que je n'avais pas trouvé très convaincante sa démonstration de l'intérêt d'une nouvelle catégorie ("transfictions") ni la présence de certains titres dans sa liste de recommandations. Cependant, cette dernière regorge de propositions intéressantes, et m'aura bien servi.

Pour ma question, ça m'a ramené en mémoire des auteurs anglais comme Jonathan Carroll ou (pas-dans-la-liste-mais-qui-aurait-pu-y-être) Graham Joyce : plus sur le versant fantastique que SF, mais dont certains aspects des œuvres me font penser à Priest.

J'ai lu de lui uniquement Le monde inverti. J'avais beaucoup aimé.

Idem.
Je n'ai lu que "Le monde inverti". J'avais apprécié.
RIP.