Bordage : le blabla du civil

j'ai corrigé comme j'ai pu... mea culpa again :)
Une brise marine dépose quelques grains de sables entre les pages de l'ouvrage sur lequel je tente de me concentrer. Si la nature elle-même veut me rappeler le best-seller herbertien, je ne veux résister. D'ailleurs, de ce que j'ai lu de "les guerriers du silence", Bordage lui-même aurait souscrit au jugement des éléments. J'avais lu Dune lorsque j'avais l'âge du héros. J'y revenais, à un âge plus avancé, avec beaucoup moins de conviction.
Du Bordage, le quart de couverture me semblait donc peu engageant, mais l'énumération des multiples récompenses honorant l'auteur me persuadait que je devais voir ce qu'il en était.
Le début me laisse froid mais je persiste, sachant qu'on ne peut toujours se fier aux premières pages d'un récit, surtout quand celui-ci fait ces 700 pages...
Au deuxième tiers, je commence à prendre mes aises, mais quelque chose me turlupine. Tout cela a un côté un peu, heu... post-moderne ? Bien sûr, le style est impeccable, mais justement, peut-être un peu trop. Car il reste infiniment classique. On dirait que l'auteur a capté la quintessence du style romanesque Sfiste, et recrache tout cela avec une perfection un peu écoeurante à la longue. Tout paraît bien lisse. Un style qui me paraît pouvoir s'adapter à tout type de récit. Dans mon souvenir peut-être biaisé, Herbert me paraissait mieux coller au genre, offrir quelque chose en plus. L'histoire, quoique agréable, ne m'offre aucune réelle surprise (j'avoue ne pas être féru de sagas intergalactiques). Mais je commence à m'y couler, et je poursuis en m'attendant à m'y fondre complètement...
Le dernier tiers fut plus pénible que je ne m'y attendais. Je peine, je me force. Je commence à sauter des passages. Certains éléments récurrents commencent à m'irriter. Je ne crois pas à ce monde, qui me semble de carton-pâte. Post-moderne, est-ce l'adjectif ? Les planètes que j'ai traversées me semblent souvent se limiter à une ville rapidement brossée, l'imaginaire surtout s'appuyer sur des éléments médiévo-antiques, plus quelques bribes de XVIIème et autres. Certes, cette sorte de mixture d'anachronismes respectifs semble avoir sa raison d'être, et peut-être offrir l'occasion d'un rebondissement inattendu par la suite, mais j'en suis peu certain.
Bon, il y a le héros qui ne devait pas en être, les perso secondaires qui meurent, les méchants souvent pervers. Il y a les sempiternelles descriptions qui font du dépaysement à bon compte : bâtiments bleu ciel, herbe fuchsia, feuillage doré, soleil vert, rouge, ocre, et j'en passe et des lapis-lazuli - petite indigestion de couleurs. Toujours décrire le costume du personnage qui entre en scène : cape pourpre, capuche orange, tissus multicolore. Bon, noir des fois pour les méchants... J'ai l'impression étrange d'être devant un condensé du genre, un " à la manière de ".
Ce ne doit pas être mon truc. Alors, messieurs dame ! Fais-je erreur ? Quelque surprise de taille m'attendrait-elle dans le deuxième tome ? Un argument me ferait-il voir les choses sous un autre angle. Manquais-je simplement de glucose, les coups de soleil finissant de me fatiguer ? Y aura-t-il le passage où le héros s'envole sur le dos de l'oiseau géant - couleur de feu, qui s'appellera fénisk ? Et celui où il est perdu sur la planète des glaces, sauvé par un Nouite qui l'emportera sur son traineau tiré par des chiens jaunes ?...mmm. trop cynique...
Faut-il que je lache Bordage, ou l'homme a-t-il donné quelque chose qui mériterait à la fois l'estime que certains lui porte, et la mienne, qui ne lui est pas nécessaire, j'entends bien...
J'espère ne pas choquer les amateurs, et suis prêt à lire toute contre argumentation...

Encore vous ??? :)
Plus sérieusement, je me suis permis de supprimer ton ancien post, Morca, afin qu'il n'y ait pas de redondances (voir ici, pour ceux qui n'ont pas suivi). C'était effectivement un problème de conversion ASCII des caractères spéciaux, comme par exemple les apostrophes.
Ceci dit, la possibilité d'éditer ses posts récents est une bonne idée : j'en prends note et la mettrait en place à la rentrée (cela prend du temps, étant donné que tout est codé "maison". Vous noterez au passage mes faibles talents de graphiste... :- ).

Pour en revenir au sujet, je n'ai pas lu ce roman, mais c'est un reproche que je suis également tenté d'adresser à l'auteur, pour avoir lu il y a quelques jours "L'Evangile du serpent" : le style est impeccable, mais c'est à l'occasion un tantinet longuet, avec parfois des éléments inutiles ou redondants, et l'on n'accroche pas toujours... Un peu "simpliste" aussi, peut-être, même si le terme est un peu fort, ou manichéen en ce qui concerne certains aspects. Bref, pour ma part, ça se lit agréablement mais cela ne va pas beaucoup plus loin. Cela dit, même si je l'ai lu il y a déjà quelques années, j'ai de meilleurs souvenirs avec "Les derniers hommes"...

Ta ta tsoin, voilà le défenseur du Bordage offensé... Enfin plus ou moins, héhéhé!

Toutes les critiques présentées ci-dessus sont sans doute vraies, et participe pleinement au style de l'auteur. En bref, c'est un conteur à l'ancienne, il essaie d'embarquer le lecteur dans son monde. Maintenant, on accroche ou on accroche pas, et c'est bien le problème, parce que quand on accroche pas, c'est très lourd!
Je conseillerais nettement plus "Wang" que "les guerriers du silence" : le monde qu'il y décrit est le nôtre 200 ans après, il n'a donc pas besoin de se perdre en longue description (qu'elles soient colorées ou non ;-)). Le style est plus vivant, il y a plus d'action...

Je ne suis pas le fan N°1 de Bordage, mais son oeuvre est trop vaste pour que l'on s'arrête à un seul de ses cycles.

et oui morca, je te tiendrai la jambe jusqu'au bout avec Bordage...
Juste un truc à rajouter : ptet-bin que son recueil de nouvelles ("nouvelle vie") parviendra à te faire changer d'avis. La plupart des défauts que tu mentionnes y disparaissent.
Et pis si ca suffit pas, ben c'est vraiment que tu l'aimes pas :-)

Mais pourquoi tant de dispute autour de Bordage ?!
Quand j'ai lu les guerriers du silence je n'avais jamais entendu parler de Bordage et je n'avais aucun a priori.
J'ai lu la trilogie d'un trait, je n'ai pas trouvé trop de blabla, j'ai trouvé l'univers intéressant, assez riche, une histoire qui tient la route, bref du bon space op.
Quand on voit toutes les merdes qu'il peut y avoir par ailleurs, je ne comprends pas un tel acharnement de ses détracteurs.

Gracie, je signale juste que j'étais dans le même cas : j'en avais jamais entendu parler...
Ma chronique sur les guerriers reprend les arguments, avec plus de détails et exemple.. il faudrait peut-être une étude de texte complète, mais bon... ce serait un peu long... :)