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fabieng

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Frank Miller

Batman the Dark Knight, édition intégrale


Batman the Dark Knight, édition intégrale
Série : Batman, the dark knight

 Pour la présente édition :

Editeur : Delcourt

La critique du livre
Lire l'avis des internautes (18 réponses)

Batman est le personnage le plus intéressant de l’univers parallèle des super-héros en collant : homme " ordinaire " dont les seuls pouvoirs sont des gadgets improbables, une maîtrise sans faille d’arts martiaux improbables, une volonté de fer et surtout une obsession maladive de combattre le crime. Personnage fascinant pour cette obsession qui le définit comme un esprit, une volonté, une force mentale invincible proche de l’entêtement : Superman vole, Batman veut.

Deux tendances dans la série des Batman : la tendance noire, gothique, poisseuse, relativement récente ; et la tendance burlesque, voire risible (on se souvient de la vieille série télé avec ses " plop, shebaaa, top, wiizz "). Certes il y a toujours un côté ridicule, burlesque dans les personnages des comics : comment peut-on combattre le crime en slip et collant ? Tout l’art de l’auteur de comics est de rendre crédible ce postulat pour le moins bizarre. Miller ose dans Dark Knight, un Batman ultra violent, profondément noir et obsédé, mais profondément humain, il n’oublie pas pour autant le burlesque attaché à la série, et signe une satire grinçante de l’Amérique. En cela, il reste cohérent avec l’esprit de la saga initiée par Bob Kane dans les années 40, mais pour le reste Miller avec le " Dark Knight " va révolutionner la série et par là même le genre " comics ".

L’histoire :
Un vieux milliardaire, qui fut Batman, excité par la violence d’une société violente et corrompue mais surtout rongé par ses démons, décide – cède ? -, alors qu’il est proche de la retraite, de remettre le costume des années après. Mais la jeunesse, la souplesse ont disparu, il compensera par une violence accrue par l’aigreur, une audace et une volonté d’acier. Avec le retour du Justicier, les Méchants, tranquilles retraités à l’asile, retrouvent une jeunesse et une malignité restaurée : et s’il n’y avait des super-méchants que pour donner le change au super-héros ?

Frank Miller, un des très grands auteurs américains, très sulfureux (on lui doit les très ambigus " 300 " et " Sin city ") signe probablement le plus important des Batman (pourtant le personnage a fasciné les plus grands auteurs, j’ai un faible personnel pour le " Souriez " d’Alan Moore). Miller vient du comics " classique " et signe notamment une très belle saga de Daredevil l’aveugle. Avec Dark Knight, il réalise une œuvre très complexe, à la fois :
- réflexion sur le personnage du " Justicier " en milicien (Miller dans toute son œuvre étudie la " vengeance " et la question de " se faire justice soi-même ", quelque fois de façon très ambigu comme ici, quelque fois très lourdement – je n’aime pas " Sin city ", son œuvre la plus graphique – une figure du héros tellement attaché à l’Amérique, de John Wayne et Eastwood jusqu’à Schwarzenegger) ;
- réflexion sur l’univers des comics (il montre le côté éminemment politique des Comics, qu’on fait toujours semblant de ne pas voir, semblant de croire que c’est de la littérature pour enfants ; je renvoie à la vision de Miller du personnage de Superman, serviteur soumis de politiciens idiots) ;
- satire cinglante de l’Amérique belliciste, de l’Amérique nombriliste.

L’œuvre est dessinée avec violence elle-aussi, proche du croquis, le trait de Miller fuse, extrêmement vivant ; inégal, imparfait, approximatif comme quelque fois le scénario, tellement foisonnant, qu’il peut souffrir d’excès de caricature, mais l’ensemble est d’une telle force qu’il absorbe toutes ses approximations. Le fil rouge de la saga, c’est évidemment l’évolution du caractère de Bruce Wayne : ses douleurs de " vieux ", ses contradictions, ses désaccords avec la société qui l’entraîne de plus en plus de l’autre côté de la barrière : pour lui, combattre le crime, c’est désormais combattre l’ordre établi, incarné par Superman le beau gosse bien propret, et le final est étonnant.

" Dark knight " est pour moi une des 2 grandes œuvres anglo-saxonnes de la fin des années 80 (86 pour les 2) avec les " Watchmen ", 2 œuvres utilisant le langage " classique " du comics pour dynamiter le genre. Deux BDs qui s’interrogent sur la politique américaine de " guerre des étoiles ", sur la fin de la guerre froide et la politique " nucléaire " des USA : toutes 2 dénoncent une Amérique malade de l’intérieur, une Amérique qui est finalement son propre ennemi mais qui menace le monde (juste avant l’écroulement du bloc soviétique). Les " Watchmen " le faisait en une réflexion intellectuelle nostalgique, " Dark knight " flingue avec fulgurance et violence, sa portée politique en est d’autant plus grande, d'autant plus dérangeante et d’autant plus prophétique : la Bd se termine par une séquence où un avion s’effondre dans une tour et bouleverse tout. Qui dira après que la BD n’est pas de son temps, n’est pas de ce monde ? Indispensable.

(Une suite a été dessinée par le même Miller des années après, pas lue, pas d’un grand intérêt visiblement.)



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