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Gui

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Alex Ross (dessin), Kurt Busiek (scénario)

Marvels


Marvels
Titre original : Marvels
Première parution : janvier 1994

 Pour la présente édition :

Editeur : Panini comics
Collection : Marvel absolute
Date de parution : février 2009
Nombre de pages : 400
ISBN : 978-2-8094-0589-7

La critique du livre
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Planche intérieure
Bienvenue à New-York. Ici, des silhouettes enflammées survolent les rues, des hommes aux costumes hauts en couleurs réduisent en poussière le verre et le béton tandis que des créatures venues de l’espace menacent de dévorer notre planète.

Bienvenue dans l’Univers Marvel où l’ordinaire et l’extraordinaire se côtoient quotidiennement.

Bienvenue dans le monde des Miracles.

Assistez en témoin privilégié à l’avènement de ces êtres hors du commun. Observez les plus grands héros sous un éclairage différent, avec un soupçon de crainte voire de peur.

Pour la première fois, arpentez l’Univers Marvel à partir d’une nouvelle perspective… la vôtre. (1)


On a tout dit sur les super-héros, et surtout n’importe quoi pour la simple et bonne raison qu’il n’y a rien à en dire : comme à chaque fois qu’un auteur tente de faire cohabiter l’extraordinaire avec le présent le plus banal sur une longue période de temps, ce merveilleux se dilue, se perd dans une redite systématique qui finit tôt ou tard par friser le ridicule, voire le stupide.

À dire vrai, le thème des super-héros est en quelque sorte mort-né : par l’incapacité de ses auteurs à aller jusqu’au bout de leur credo – c’est-à-dire leur impuissance à créer des univers où les gens dotés de super pouvoirs ont effectivement une influence sur l’évolution de la société – ce genre bien particulier s’est trouvé condamné à une répétition sans fin, comme une machine de Turing devenue folle envoie une instruction en boucle sans que celle-ci parvienne à aboutir où que ce soit. J’ai, du reste, déjà eu l’occasion de m’exprimer à ce sujet.

Pour être plus prosaïque, je dirais qu’une fois qu’on a lu une histoire de super-héros, on les a toutes lues. Ou presque. Les autres itérations ne seront que des variantes du même thème, plus ou moins inspirées et plus ou moins originales selon le niveau de culture générale du lecteur – qui, dans le cas du fan moyen de comics de super-héros, je veux dire le jeune adolescent mâle, est rarement bien élevé : ceci expliquant cela.

Pourtant, les super-héros – et surtout ceux de Marvel – ont habité un nombre incalculable d’heures de mon enfance. Avec eux, j’ai voyagé au fin fond de l’espace et du temps, j’ai découvert des civilisations mystérieuses et pas toujours disparues, j’ai observé leurs affrontements contre de simples gangsters ou contre des monstruosités cosmiques, j’ai frissonné en tournant les pages de leurs aventures, j’ai pleuré la disparition de ceux qui avaient rencontré plus fort qu’eux,…

Et puis j’ai grandi, et je ne m’en porte pas plus mal.

Il fallait bien tourner la page, et comme les scénaristes trouvent toujours de quoi en rajouter j’ai choisi moi-même quelle devait être la dernière. Je n’ai jamais vraiment éprouvé le besoin d’y revenir. Mes souvenirs me suffisaient amplement : tout ce que j’aurais pu lire de plus n’aurait été qu’une copie plus ou moins carbone de ce que j’avais déjà lu dans ce registre. Et la vie est bien trop courte pour se borner sans cesse aux même horizons.

Et alors, je suis tombé sur Marvels

Je l’ai littéralement dévorée. J’étais comme happé, englouti d’une seule bouchée par les mots magiques de Kurt Busiek et les peintures magistrales d’Alex Ross qui avaient là tous deux enfin l’occasion de laisser s’exprimer leur immense talent – et celui-ci ne s’est pas démenti depuis… J’avais pris une gifle. C’est le genre de chose qui arrive. Pourtant, ce n’est pas tant que Marvels raconte quelque chose de nouveau, mais plutôt qu’il le raconte d’une manière nouvelle. Ici prime le point de vue du pékin moyen. Des gens comme vous et moi. Des gens perdus dans un monde nouveau qui s’ouvre tout entier à eux. Un monde de « Miracles » (2).

Ce que raconte Marvels n’est rien de moins que l’avènement des super-héros dans la cosmogonie Marvel, c’est-à-dire l’éclosion de cette cosmogonie. Marvels est en quelque sorte un ultime retour aux sources (3), cette fois visitées à travers le regard de quelqu’un qui n’est pas un super-héros mais qui a malgré tout suivi toutes leurs aventures, ou presque, et de plus ou moins prés. En l’occurrence, il s’agit du photographe Phil Sheldon – qui eut pour collègue de travail un certain Peter Parker, pour dire comme il connaît son affaire – depuis ses premiers clichés professionnels à la toute fin des années 30 jusqu’au début des années 70.

Avec son regard, ce sont ses questions qu’on partage, mais aussi ses doutes et ses craintes. Vite apaisées d’ailleurs, du moins jusqu’à ce qu’arrivent les mutants – les X-Men donc – et leur corollaire de menaces, même si nous autres lecteurs aguerris savons bien qu’ils n’en sont pas une – mais, souvenez-vous, l’histoire est racontée du point de vue de quelqu’un qui n’est pas un super-héros. Dès lors, l’opinion publique sur les « Miracles » sera toujours plus fluctuante, plus mitigée, et Phil se retrouvera vite seul à vouloir les défendre, leur rendre cette place de héros qui est la leur. Surtout après la venue de Galactus

À partir de là, Phil endossera lui aussi un costume de héros : celui du reporter objectif, du journaliste pour qui seuls comptent les faits, pour qui seule la vérité vaut qu’on lui consacre ses efforts. Et comme tous les chroniqueurs, il deviendra plus ou moins malgré lui un témoin de son temps, un observateur des contradictions de ses contemporains face à ces « Miracles » qui les dépassent. De ces interrogations surgiront quelques réflexions, peut-être un peu sommaires mais qui seront néanmoins l’occasion – pour le lecteur – de reconsidérer le passé avec un regard neuf – plus distancé, plus mûr,… bref, plus adulte.

C’est ce double-jeu qui fait tout l’intérêt de Marvels, cette mise en abîme qui lui donne toute sa force. Le connaisseur y trouvera un fourmillement de détails et de clins d’œil qui flatteront ses connaissances encyclopédiques du genre alors qu’elles resteront absconses pour le profane. D’abord décontenancé par la forme inédite, le spécialiste retrouvera vite ce fond qui demeure éternel mais qui était longtemps resté caché… et, avec celui-ci, la magie d’antan.

Mais Marvels a tout de même un peu l’allure d’une tricherie, ou d’une esbroufe : car toute la question consiste à savoir ce que penserait de cette courte série un lecteur qui n’a jamais lu d’histoires de super-héros – ça doit bien exister… Serait-il autant touché qu’un aficionado, autant transporté, autant ému ? Cette recette narrative est-elle universelle ?

La magie fonctionne, certes, – elle court, elle vole même – mais laisse malgré tout un goût un peu amer : en fin de compte, Marvels est-il si réussi que ça, ou bien ne nous fait-il pas plutôt pleurer les jours bénis d’une enfance à jamais perdue ?

(1) je reprend de manière éhontée la présentation de l’édition parue chez Le Téméraire en 1997 et qui est actuellement épuisée ^^.

(2) c’est la traduction littérale du mot « marvel ».

(3) et quand un éditeur en est réduit à « mythifier » de la sorte ses propres productions, c’est peut-être l’aveu qu’il n’a plus rien à en dire : les lecteurs des diverses séries Ultimate Marvel en jugeront…


Récompenses :

Marvels reçut trois Eisner Awards en 1994 : Best Finite Series, Best Publication Design et Best Painter ; cette série fut aussi nominée, la même année, dans la catégorie Best Cover Artist et Best Single Issue (pour son second numéro : Monsters).




Dans l'univers Marvel, des héros comme Spider-Man volent d'un toit à l'autre tandis que les Vengeurs sillonnent les airs dans leur quinjet. Ces personnages dotés d'incroyables pouvoirs surhumains sont toujours confrontés à de sinistres individus qui menacent la planète entière. A leurs côtés, vivent des gens ordinaires qui contemplent ces " merveilles " avec un sentiment mêlé de peur, d'incrédulité, d'envie et d'admiration. Parmi le commun des mortels, il y a le photographe reporter de New York Phil Sheldon. Il consacre tout son temps à relater les hauts faits de ces phénomènes et leurs conséquences sur l'humanité. Portrait détaillé de l'univers Marvel magnifiquement mis en peinture, Marvels nous fait revivre l'apparition de la Torche en 1939 jusqu'à l'arrivée sur Terre de Galactus, le dévoreur de mondes, en passant par la mort tragique et bouleversante de Gwen Stacy, le premier grand amour de Spider-Man. Ces évènements, bien connus de tous les fidèles lecteurs de Marvel, nous sont montrés sous un jour inédit, non plus du point de vue des héros mais à travers le regard d'un homme de la rue, le journaliste Phil Sheldon. En 1993, cette photographie réaliste que Kurt Busiek et Alex Ross tirent de l'univers Marvel remporte un des plus grands succès de la décennie. Après avoir enthousiasmé la critique, les lecteurs et les gens du métier, la série décroche en 1994 trois Eisner Awards, les récompenses les plus prestigieuses du monde de la bande dessinée. Pour cette nouvelle édition, nous vous présentons Marvels dans une superbe version cartonnée rassemblant les quatre parutions originales, le numéro 0 retraçant les origines de la première Torche et des bonus incontournables.


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