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Maralan

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19/07/2007
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Les noms

Don Delillo


Les noms
Traduction : Marianne Véron
Titre original : The names
Première parution : 1982

 Pour la présente édition :

Editeur : Actes Sud
Collection : Babel
Date de parution : 2008

La critique du livre
Lire l'avis des internautes (4 réponses)

Afin d'éclairer Nostromo, Zomver, Franz le malchanceux (?), Cyril et la communauté cultureseufeuse, je me permets de recoller ici ma chronique parue sur un site voisin (je pratique l'auto-délation et je vous emmerde ^^), pour ceux qui ne l'auraient pas vu d'une part et d'autre part pour y communiquer votre avis.
ex : 'foiré de Maralan, j'ai claqué ma tune pour cette merde alors que j'aurai pu acheté le dernier...




DELILLO

est un écrivain mondialement connu et reconnu grâce à des romans tels que « Mao II », « Cosmopolis » et surtout l’immense « Outremonde » ; récompensé à plusieurs reprises par de prestigieux prix littéraires dont le Jérusalem Prize en 1999 pour l’ensemble de son œuvre. Voici la réédition en poche d’un autre grand roman écrit au début des années 80.

La trame du récit est constituée autour des vies de plusieurs hommes d’affaires américains et de leur entourage qui parcourent le monde. Parmi eux, le couple Kathryn-James installé sur l’île grecque Kouros avec leur fils Tab, neuf ans, qui travaille sur son roman. James est analyste de risques politiques.

Entre autres y figure Owen, un passionné de philologie. Avant, ce dernier s’intéressait surtout aux alphabets antiques (basés sur la comptabilité et le commerce). A présent, c’est plus la forme et les matériaux utilisés pour former les lettres qu’il étudie.
Owen a été intrigué par un groupe de nomades installés dans une grotte. Personne ne les avait jamais vu. Il joua au parfait touriste et discuta de sa passion pour le langage avec eux. Peu de temps après, un vieillard fut retrouvé assassiné non loin de là… et le mystérieux clan avait disparu. Tout porte à croire que c’est une secte criminelle nomade qui sévit dans diverses régions du globe avec une méticuleuse préparation des crimes. Par exemple, l’homme assassiné en Syrie porte un nom et un prénom qui commencent par la lettre M, dans le village de Madula. Sur le couteau - l’arme du crime – a été gravé un M : Owen présume que ce serait la plus ancienne lettre araméique trouvée par le groupe lors de leurs fouilles. Owen tente de saisir leur logique, leur modus operandi articulé, à première vue, autour du langage.

DELILLO

évoque par ailleurs, à travers ses personnages, la situation de l’Amérique dans le monde. La place qu’elle occupe et la manière dont elle est perçue par les pays dans lesquelles elle s’est établie. En particulier sa présence dans les zones géopolitiques clés : pétrole, crises politiques, économiques ou écologiques, bases militaires… dans la mesure où elle y trouve son intérêt.
Les autochtones voient généralement d’un mauvais œil l’acheminement, par les américains, des technologies. Ils associent ce terme à l’arrivée d’une nouvelle sorte de mort.

Il y est aussi question, comme le souligne un personnage, de la « rentabilité de la terreur » : en effet, selon lui, les terroristes agissent surtout contre les américains et prennent en otage des hommes d’affaires pour leurs demandes de rançon, notamment au Proche-Orient et en Amérique latine. Bien qu’il soit discontinu dans le temps, le terrorisme est une alternative entre la guerre et la paix. Il s’avère donc nécessaire lorsque aucun compromis n’est envisageable.

Mais

DELILLO

ne se limite pas à ça. Il traite aussi de la complexité des rapports humains, tant affectifs que professionnels. En effet Kathryn et James tentent de sauver les apparences pour leur enfant, mais la tension est quasi omniprésente. Le changement constant de domicile, en fonction des missions, tend à amener quelques personnages à se sentir désincarné. Comme si une part d’eux-mêmes était restée aux Etats-Unis, terre de leur origine.

Le récit prend par moment une tournure philosophique autour du langage. Tout comme les divers alphabets sont des systèmes de symboles, le langage est lui aussi, à sa façon, système. Il est un moyen de communication. La primauté de la parole entre les hommes, le plaisir de converser, de se rapprocher, de se sentir exister. D’être dans le monde, à travers le regard des autres.

Ce langage tourmente non seulement Owen - son obsession pour les formes des lettres - mais aussi James, sur le nom que porte cette secte criminelle. En outre, il redécouvre l’antiquité et les secrets des mots en parcourant les pages du roman de son fils Tap. Selon lui, les fautes délibérées d’orthographe commises par son enfant « revendiquaient une liberté et semblaient contenir d’étranges perceptions quant aux mots eux-mêmes, des seconds sens plus profonds, des significations originales ».


« Les noms » est un roman de choix dans la bibliographie de

DELILLO

. Sa vision est assez pessimiste entre d’une part la menace grandissante des attentats et d’autre part la perte progressive des repères de certains américains qui vivent et travaillent loin de leur patrie. Plus précisément le sentiment d’être désincarné, comme si une partie d’eux-mêmes était restée en Amérique. Mais aussi la fascination pour le pouvoir symbolique et mystique véhiculé par les lettres alphabétiques. Ne passez pas à côté de la réédition de cet ouvrage d’un auteur incontournable du XXème siècle.




Les personnages de ce roman sont des Américains, employés par des multinationales qui essaiment dans les régions les plus névralgiques du globe. Entre aéroports et cités millénaires, ils apprennent à côtoyer la menace du terrorisme des années 1970. L'un de ces nouveaux nomades, entraîné par sa fascination pour une secte criminelle et par sa passion pour la mystique du langage, se livre à une périlleuse enquête qui donne peu à peu un double spectacle : celui de l'Amérique cherchant à s'expliquer le monde, et celui du monde apparaissant, à travers pérégrinations et péripéties, comme une tentative d'explication de l'Amérique.

Avec Les Noms, publié en 1982 aux Etats-Unis, Don DeLillo imposait son impressionnante puissance visionnaire et signait un grand roman politique paranoïaque et labyrinthique.


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Cette critique est signée Cyril
6 réponses y ont été apportées. Dernier message le 17/10/2008 à 13h04 par zomver

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