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Franz

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30/05/2005
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Les menhirs de glace

Kim Stanley Robinson


Les menhirs de glace
Titre original : Icehenge
Première parution : 1984

 Pour la présente édition :

Editeur : Denoël
Collection : Présence du futur
ISBN : 2207304256

Ce livre est noté   (3/5 pour 1 évaluations)


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La critique du livre
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Kim Sanley

Robinson

est clairement un des chouchous de l’édition SF. Pourtant, d’aucuns se plaignent amèrement de la lourdeur de son style à travers sa trilogie martienne, tricolore, pachydermique et pompeuse qui finalement en a dégoûté plus d’un de poursuivre l’aventure littéraire avec l’œuvre de cet auteur pourtant qualifié d’exceptionnel par certains de ses pairs. Les menhirs de glace (Icehenge en VO) ne se positionnent pas comme une étape majeure de la carrière littéraire de KSR -vous permettez que je l’appelle KSR ? Je trouve que Kim sonne trop dictateur coréen, escort-girl à 1000 dollars la soirée ou bâtonnet de friandise glacée-, toutefois, la consommation modérée mais néanmoins volontariste de cet opuscule apporte quelques satisfactions.
Une fois n’est pas coutume, en parlant de la forme avant le fond, on a affaire à une présentation en trois parties, à croire que le principe de la trilogie colle à la plume de KSR. Cette division de l’histoire en trois témoignages distincts apporte d’un coté une bonne dynamique au récit tant l’aspect subjectif des trois narrateurs concoure à la confusion quant à la perception de la vérité historique ; d’un autre coté, ce découpage qui pourrait évoquer un éventuel fix up est quand même nettement déséquilibré par une seconde partie que l’on pourrait qualifier de longue et laborieuse, ce qui donne à l’arrivée une lecture parfois pénible quand on est au 2/3 du livre.
Mais venons en au fait : Les Menhirs de glace relatent une vision partielle de l’histoire de l’humanité du 22° siècle au 27° siècle, de la colonisation de Mars à la découverte sur Pluton d’un étrange assemblage monolithique de blocs de glace en un monument similaire à Stonehenge, Icehenge. Telle une enquête à rebours, c’est le mystère de ce monument, qui, quand, comment, pourquoi, va être le prétexte à une ballade dans le système solaire pendant les 5 siècles d’expansion humaine. Ah, une dernière précision : les progrès de la médecine ont permis à l’être humain d’avoir une espérance de vie de plusieurs siècles ; malheureusement, la mémoire ne suit pas toujours…
Puisque le chiffre trois est de mise pour parler de ce roman, j’en dégagerai 3 thèmes principaux :

La colonisation de Mars :
La trilogie martienne de KSR a déjà clairement démontré le fort penchant de cet auteur pour cette thématique. Les menhirs de glace n’y dérogent pas puisqu’on y trouve bien sur une planète rouge à tendance désertique, froide et à l’air raréfié. Rien de bien nouveau en somme, mais l’exercice descriptif est mené avec maîtrise et poésie qui ne sont pas sans évoquer le Maître chroniqueur martien Ray Bradbury, voire le Desolation Road de Ian Mac Donald. La colonisation quant à elle se passe sous le joug économique d’un comité dont les méthodes de gestion planétaires semblent brutales voire sanglantes, mais les choses ne sont pas toujours ce qu’elles semblent…

Totalitarisme et manipulation de l’histoire :
C’est avec une grande habileté que KSR fait tourner le lecteur en bourrique à travers des témoignages contradictoires sur ce qui semble être la vérité historique vue du 27° siècle. Le lecteur y verra une claire allusion à un des principes d’Orwell dans 1984 : qui contrôle le présent contrôle le passé, qui contrôle le passé contrôle le futur… Le régime totalitaire martien a-t’il connu une révolte au début de son histoire planétaire ? Dans quel but certains indices sont dissimulés pour être encore plus flamboyants lorsqu’ils seront découverts ? Il est facile de manipuler le passé, surtout quand la mémoire des vivants est vacillante et faillible…

Longévité et mémoire :
Car si les êtres humains ont vu leur durée de vie significativement allongée de plusieurs siècles, la mémoire n’a pas suivi et le livre est une lente tentative de reconstruction du passé vu du 27° siècle à travers les trois sous récits d’Emma Weil (révolutionnaire apocryphe ?), Hjalmar Nederland (historien sans mémoire), et Edmond Doya (sorte de bohémien archéologue digne d’un roman de Varley). Lente car la longévité humaine découle pour KSR sur un nouveau caractère de l’esprit humain : l’immobilisme ; pourquoi faire aujourd’hui ce qu’on aura le temps de faire demain (si on ne l’a pas oublié entre temps) ? La quasi-immortalité n’est elle pas finalement contradictoire avec l’esprit d’initiative qui semble avoir guidé les entreprises humaines depuis l’aube des temps ?

A l’arrivée ces Menhirs de glace sont là pour cristalliser quelque chose dans la psyché de l’homme solaire du 27° siècle : remettre la mémoire en question, désigner Pluton comme une borne kilométrique avant d’aller plus loin sur le chemin de l’exploration interstellaire et de manière général amener l’individu à ne pas se satisfaire de l’histoire ou des vérités officielles sans se poser un minimum de question, à moins d’être une manipulation ultime du pouvoir. Quant au qui, comment, quand, de Icehenge, je laisse le soin au lecteur de s’en faire sa propre idée.

J’ai apprécié cette lecture car c’est un livre que l’on peut qualifier de « riche », avec de nombreuses sous thématiques qui ne peuvent laisser indifférent le lecteur de SF comme le concept de spatiocenose et d’autonomie d’un vaisseau interstellaire : une longévité plus que séculaire permettrait bien sur à l’être humain d’envisager l’exploration interstellaire sans compter sur plusieurs générations de voyageurs ; néanmoins, comment assurer l’équilibre écologique sur plusieurs siècles d’un milieu fermé fatalement soumis aux déperditions entropiques ? Cela est un art, voire même une science dont la fameuse Emma Weil est une éminente spécialiste : elle est également championne de course à pied et l’image de la coureuse ne manque pas bien sur d’évoquer le joggeur spatial de 2001 l’odyssée de l’espace. Allusion et hommage à AC Clarke que l’on retrouve également dans l’aspect à la fois mythique et monolithique de Icehenge qui n’est pas bien sur sans rappeler de manière très insistante un certain monolithe noir.

Ce livre souffre néanmoins de quelques défauts, au-delà de la forme ; en effet, la société humaine décrite par KSR implique des question majeures qui restent sans réponse :
- Quel système social fonctionne dans une société quasiment sans enfant
- Quelles sont réellement les relations de dépendance économique entre la Terre et Mars qui conduisent à l’avènement d’un système totalitaire sur la planète rouge

Et puis, ultime interrogation, ou peut être ultime symbolique de Icehenge, si on pose le postulat que l’expédition Davydof vers l’Etoile de Barnard était techniquement plausible, pourquoi aucune autre expédition interstellaire n’a eu lieu en 5 siècles ?

C’est finalement un livre que je conseillerais aux gros lecteurs de SF car on y retrouve de nombreuses thématiques et une construction intéressante, bien que parfois inutilement longue. Cela dit KSR possède un réel talent pour explorer la psyché de ses personnages, le voyage initiatique de Nederland dans les canyons désolés de Mars étant digne de Ballard. Par contre cet ouvrage est très loin d’être indispensable et je dirais qu’il revêt finalement de peu d’intérêt pour un lecteur « light » consommant moins d’un livre par semaine et voulant consacrer son créneau de lecture SF à l’ingestion de vrais chefs d’œuvres du genre.




Les progrès de la médecine ont donné à l'humanité une espérance de vie moyenne de six cents ans, qui sera sans doute bientôt prolongée jusqu'à mille. Mais la mémoire n'a pas suivi : n'y subsistent que les souvenirs les plus récents, ceux qui couvrent l'étendue d'une durée de vis jadis "normale". Dans ces conditions, que devient l'histoire, lorsqu'elle est écrite par des gens qui l'ont à la fois vécue et oubliée ? C'est l'énigme que pose la découverte, sur Pluton, d'un mystérieux monument : un cercle de gigantesque blocs de glace. Scintillant dans la pâle lueur du lointain soleil, "Icehenge" défie toutes les explications. Qui en est le constructeur et pourquoi l'histoire officielle n'en montre-t-elle nulle trace ?


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Cette critique est signée Olivier
1 réponse y a été apportée. Dernier message le 21/07/2016 à 00h05 par morca

Science-fiction

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